Le Palais Stoclet


En marge du récent voyage à Bruxelles de l'association, retrouvez ici des compléments au sujet du Palais Stoclet, une œuvre importante pour comprendre la Villa Cavrois et le parcours de Robert Mallet-Stevens. 

Un lieu qui reste inaccessible en raison des difficultés avec les héritiers (voir l'arrêté de 2011). Ces documents sont exclusivement réservés aux adhérents en attendant 2026 et l'anniversaire des 70 ans du décès de son architecte Josef Hoffmann.




Robert Mallet-Stevens qui est né le 24 mars 1886, dans une famille de collectionneurs, est le neveu de Suzanne Stevens, l'épouse du financier belge Adolphe Stoclet qui fit construire à Bruxelles le célèbre palais qui porte son nom. L'homogénéité avant-gardiste de ce bâtiment a probablement exercé une forte influence sur les choix esthétiques ultérieurs de Robert Mallet-Stevens. L'ensemble est conçu par l'un des chefs de file du mouvement artistique de la Sécession viennoise, l'architecte Josef Hoffmann. Ce dernier a pu travailler sans limite financière ou esthétique.


Cet hôtel particulier du financier belge Adolphe Stoclet, conçu par Josef Hoffmann, est représentatif du concept d'œuvre d'art totale (Gesamtkunstwerk) développé au début du XXe siècle, indissociable de sa décoration extérieure et intérieure, de son mobilier et objets usuels et de ses jardins. La décoration intérieure a été réalisée notamment par Gustav Klimt et Fernand Khnopff. Cet édifice aux lignes géométriques, révolutionnaire à l'époque des méandres de l'Art nouveau, ouvre l'ère Art déco. 


Un programme tout en liberté

Il s’agissait de réaliser une demeure familiale bourgeoise, en phase avec son temps sur le plan esthétique et moral, comme sur celui de la modernité et de la fonctionnalité. Le cahier des charges est uniquement fonctionnel et a quatre objectifs majeurs : outre loger la famille, la demeure doit abriter une importante collection d’art ; elle doit permettre de recevoir des musiciens, des artistes et d’y donner des concerts privés ; elle doit en outre offrir les meilleures conditions d’accueil possibles à des invités de marque et à des amis. Hoffmann et les artistes de la Sécession sont libres aussi de contraintes  financières.



Une composition géométrique
Des principes d’horizontalité et d’équilibre

Le bâtiment rompt avec le parcellaire bruxellois traditionnel étroit et profond, auquel Horta est resté  fidèle, en proposant sur un considérable terrain un plan tout en longueur et une élévation basse. Les masses sont groupées de façon asymétrique. Le vocabulaire utilisé par Hoffmann à partir de 1900 s’articule autour de l’utilisation de parallélépipèdes, de carrés, symboles de l’équilibre, de volumes orthogonaux, de lignes parallèles, de volumes bien définis aux arrêtes tranchées, traduisant une recherche de pureté. Hoffmann qui dessine fréquemment ses projets sur du papier quadrillé, utilise le module du carré dans son plan.



La salle de petit déjeuner




La salle à manger



La salle à manger ornée de la frise de Gustav Klimt constitue le chef-d’œuvre du Palais Stoclet. L’articulation entre l’architecture de Josef Hoffmann, la frise de Klimt et le mobilier de la Wiener Werkstätte y est exemplaire. II en résulte une dramaturgie qui retient l’attention du visiteur. 




En entrant dans la salle de quatorze mètres de long, c’est tout d’abord l’immense arbre de vie de Klimt, doré, occupant presque toute la frise, qui retient son attention. Puis son regard glisse pour s’arrêter plus loin sur la mosaïque de la danseuse (L’attente). 


Passant devant les fenêtres étroites de la salle qui constituent la seule source de lumière naturelle, son regard atteint ensuite la mosaïque de la frise du mur opposé, une représentation d’un couple amoureux (L’accomplissement). Les mosaïques de la frise sont incrustées dans le marbre blanc. Une bande de marbre jaune clair fortement veiné souligne la frise et l’intègre ainsi dans l’ensemble de l’architecture.


L'attente (à gauche) et l'accomplissement (à droite) de Gustav Klimt

Le long des deux murs de côté se trouve un buffet en bois sombre de Macassar et en marbre noir de Portovenere ; il parcourt toute la longueur de la salle, tel un long socle sous la frise de Klimt. La douce lumière naturelle de la salle à manger nécessite de faibles éclairages artificiels. Dans cette lumière, la frise, qui constitue l’environnement de la longue table et de ses vingt-quatre chaises, semble prendre vie : les mosaïques dorées incrustées dans le marbre ainsi que les émaux, les pierres précieuses, la nacre, les céramiques et les perles scintillent de façon merveilleuse. 


L'arbre de vie


Le chevalier

Les objets de table créés par la Wiener Werkstätte, bougeoirs en argent, réchauds et terrines, posés sur le buffet, se reflètent par deux fois : dans le mur de marbre poli et dans le bois luisant du buffet. 





Chaise de Koloman Moser



On retrouve cet effet d’effacement des frontières entre illusion et réalité dans d’autres endroits encore du Palais, comme par exemple, dans le coin de repos à côté de la cheminée (fumoir). Celui-ci est situé dans une niche sous l’escalier qui relie le grand hall au premier étage. Au-dessus de la cheminée se trouve une immense plaque d’onyx éclairée à contre-jour. Les flammes et la fumée du feu se prolongent dans les motifs fantastiques de l’onyx.


L'entrée 


Le vestiaire

Dessin de Josef Hoffmann

Le hall - salon de réception











Le salon de musique








Dessin préparatoire de Josef Hoffmann pour le salon de musique

Le fumoir



La fontaine




La salle de bains




La cuisine


La cuisine du Palais Stoclet conçue par Josef Hoffmann (1905-1911) à comparer avec les réalisations plus tardives de Robert Mallet-Stevens, comme la Villa Cavrois (1929-1932).



Projet pour la cuisine, dessin de Josef Hoffmann



La nurserie - Chambre des enfants


Le jardin

Si côté rue, le palais présente un aspect urbain quelque peu austère, il s'ouvre de l'autre côté vers le jardin, également conçu par Hoffmann, avec deux avancées symétriques surmontées de terrasses qui assurent la liaison de l'ensemble palais-jardin indissociable. Le jardin reprend les lignes géométriques du bâtiment. La succession des éléments architecturaux et végétaux procure une impression continue, une promenade relie pièce d'eau, cabinets de verdure, pergolas, charmilles et ifs taillés, vasques et bacs à plantes qui ont été préservés jusqu'à aujourd'hui.











Le jardin en création

La loggia


La loggia avec ses meubles de jardin donne sur le jardin, protégée par un auvent de forme concave.

Luminaires




Un chef d'œuvre classé mais inaccessible

Ce lieu qui est classé ne peut malheureusement être visité, en raison d'un problème de succession entre les héritiers. Toutefois l'extérieur de l'édifice est visible au 279 - 281 avenue de Tervueren, entièrement revêtu de marbre blanc encadré d'une moulure dorée ce bâtiment constitue en son genre un ensemble unique à Bruxelles. 

Ce chef d’œuvre situé sur le territoire de Woluwe-Saint-Pierre, est inoccupé depuis le décès de la baronne Anny Stoclet. C'était en juin 2002. Jusqu'à aujourd'hui, selon toutes vraisemblances, les lieux sont vides. Tout au plus y séjournerait un concierge.




Le bien est classé depuis 1976, son mobilier depuis 2006. Depuis 2009, le palais Stoclet fait partie du patrimoine mondial de l'Unesco. 

Lors de la 33e session du Comité du Patrimoine mondial qui s’est déroulée à Séville du 22 au 30 juin 2009, le Palais Stoclet, œuvre majeure de l’architecte autrichien Joseph Hoffmann a été inscrit sur la très convoitée liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il rejoint ainsi deux autres biens bruxellois déjà inscrits : la Grand Place de Bruxelles et les habitations majeures de Victor Horta (Musée Horta, Hôtel Solvay, Hôtel Tassel et Hôtel Van Eetvelde).

Voir l'arrêt du 2 février 2011 ici



Le palais Stoclet fait depuis 2008, l’objet d’une vaste campagne de travaux qui vise pour l’essentiel la restauration de ses façades, de ses murs de clôture et accès, de ses terrasses et couvrements.


Les extérieurs




Il y a un contraste entre le blanc et le noir, les tons vifs et sombres, la nudité de l’édifice avec l’ornementation de la tour marquée à la base par une balustrade de ferronnerie et au sommet par quatre athlètes au torse puissant dus au sculpteur Franz Metzner.












Les plans






Une maquette




Une œuvre d'art total

Grâce à ses moyens Adolphe Stoclet put dépenser sans regarder, il souhaitait comme son architecte créer avec cette maison une œuvre d'art total et ne recourir pour cela qu'aux meilleurs et aux plus précieux des matériaux, aux plus habiles des artisans et aux plus féconds des créateurs.

A part Gustav Klimt, Fernand Khnopff, Frantz Metzner et Koloman Moser déjà cités, ont également participé à sa décoration et son ameublement Richard Luksch, Michael Powolny, Carl Otto Czeschka, Ludwig Heinrich Jungnickel, Bertold Loffler, Léopold Forsiner, Urgan Janke, Edouard Wimmer, Emilie Simandl-Schleiss et Elena Luksch-Makowsky.

Toujours soucieux d'encourager les « jeunes talents », Josef Hoffmann présenta à son client des créations d'Oskar Kokoschka et d'Egon Schiele à Stoclet. Le refus de Stoclet n'empêcha pas les deux artistes de poursuivre leur collaboration étroite avec la Wiener Werkstätte dans les années qui suivirent.


Diana - Modèle en bois pour relief en marbre au Palais Stoclet de Carl Otto Czeschka



Frise pour la chambre d'enfant de Ludwig Heinrich Jungnickel


Le chimpanzé malicieux. Fusain et lavis signé en bas à droite. Il s'agit vraisemblablement d'un dessin préparatoire pour la frise d'une chambre d'enfants du Palais Stoclet de Ludwig Heinrich Jungnickel. 36,5 cm  x 45,5 cm


Sculptures de Richard Luksch pour le Palais Stoclet


Buste de Fernand Khnopff

© Amis de la Villa Cavrois