L'avenue de l'Hippodrome à Lambersart

 


Circuit avenue de l’Hippodrome à Lambersart

Association des Amis de la Villa Cavrois le samedi 25 mai 2024


Clichés de Jean-Pierre Cappoen, Jacques Desbarbieux et Valérie Pinchon © Amis de la Villa Cavrois

 

L’avenue de l’Hippodrome

 

Dans la banlieue ouest de Lille, s’étend la remarquable avenue de l’Hippodrome. Des prouesses architecturales de tous les âges s’enchaînent à l’ombre des platanes, plantés pour certains par Alfred Mongy en 1890 : néo-renaissance flamande, art déco, néo-gothiques, modernistes et contemporaines.

 

Pas de doute, remonter l’avenue de l’Hippodrome s’apparente à une balade dans l’histoire de l’architecture. Aux confins de Lille se dressent des demeures plus somptueuses les unes que les autres, le long de cette double voie. 



Des maisons aux allures de châteaux, une pagode chinoise, un « paquebot » art déco. Un réel plaisir des yeux, que l’on soit architecte dans l’âme ou non. Car il est extrêmement rare de trouver en une même avenue autant de diversité. Une particularité qui s’explique par l’histoire des lieux.

Remontons à 1884. Un hippodrome est installé à la sortie de Lille et à l’entrée de Lambersart, à l’endroit exact où aujourd’hui on trouve une salle d’exposition et de spectacles, le Colysée – l’hippodrome est rasé en 1950.



Sur ce plan de 1888, on remarque la proximité de l'Hippodrome à côté de la Citadelle sur le glacis de cette fortification. Dans cette zone non ædificandi une première laiterie existe dans un bâtiment en bois. L'avenue de l'Hippodrome n'est encore qu'un projet, la famille Groulois-Ory achètera des terrains pour les adjoindre aux leurs et permettre une véritable opération financière avec l'idée d'un concours architectural.

Un Concours architectural

 

À quelques encablures de là, une riche famille, celle des Groulois-Ory, détient un château – aujourd’hui occupé par le groupe scolaire Sainte-Odile. L’avocat Edmond Ory achète quelques autres parcelles aux alentours, de simples prairies dans cette campagne très verte, où les riches Lillois viennent passer leurs week-ends comme ils vont désormais sur la Côte d’Opale. Pour meubler ses prairies, le Lambersartois décide de lancer un concours d’architecture étalé sur 15 ans. Il aura lieu de 1886 à 1901. 

 

Prolongée jusqu'au Bourg, l’avenue de l'Hippodrome est terminée en 1890. Le premier Hôtel de ville de Lambersart est construit au centre de l'avenue en 1896.

 

L'éclectisme, mouvement architectural adopté par les Beaux-Arts de la fin du XIXe siècle, s'exprime ici à travers la patte de grands architectes du Nord pour des compositions associant harmonieusement les styles du passé. En sortiront de nombreuses maisons aux allures de conte de fée. Des villas théâtrales, ostentatoires, de style néo-renaissance flamande. Celle qui a remporté le concours est la Villa Saint-Charles, au numéro 193.

 

Extraits du Siècle de l’éclectisme : Avenue de l’Hippodrome à Lambersart



La couverture de cet ouvrage, dont la première édition date de 1979, reproduit la Villa Saint Georges de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart.

Seules à cette époque les grosses fortunes pouvaient se faire édifier ces somptueuses campagnes. Mais si les ouvriers pourrissaient toujours dans leurs caves (les rares interventions des industriels et de l'État ne toucheront qu'un pourcentage négligeable de la population ouvrière), il se profilait alors toute une bourgeoisie montante : ce seront les protagonistes des nouvelles spéculations foncières dans les faubourgs. 

 

Un des exemples les plus frappants en est l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart (1885-1900), aujourd'hui à peine entamée par le processus de rénovation.

 

Il est permis d'insister sur l'origine de cet ensemble qui est issu d'un « développement » spéculatif destiné à exploiter cette nouvelle allée, rampe d'accès au spectacle où mondanité et fièvre du jeu (Bourse et Théâtre !) se donnent la main dans les courses de chevaux.

 

Ces villas surprenantes - décor pour « le rendez-vous de ce que l'on appelle le high-life de Lille » - n'ont pas été commanditées par des clients, mais elles jalonnent l'avenue comme des marchandises cherchant acquéreur. « Ce qui est indubitable, c'est que les entrepreneurs, les hardis et intelligents opportunistes de l'époque, ont parfaitement compris le parti que l'on peut tirer de l'engouement général ».

 

La première villa construite en 1886 (illustrations Villa Saint Charles n° 205 à 208, pages 264 à 267) sera habitée par l'un des responsables de l'opération immobilière, le frère de l'architecte Charles Mollet. (NB le frère se prénomme Charles comme la villa et l'architecte Victor).



Illustration n° 205 page 264. Villa Saint-Charles, 193 avenue de l'Hippodrome, Lambersart (État primitif). Victor Mollet, architecte, 1891.

En 1886 la famille Ory-Grouslois décida de lotir ses terrains du « Colysée », le long des promenades de la Deûle et de l'Hippodrome. Un cahier des charges très précis interdisait « d'établir des cités ouvrières et des établissements incommodes ou gênants »... pour la bourgeoisie à qui l'on garantissait « une situation pittoresque et une salubrité incontestable ».

La Villa Saint-Charles gagna le premier prix d'un concours de façade lancé par le promoteur. Ce concours permit de stimuler l'invention architecturale et d'imprimer son caractère spécifique au nouveau quartier par la recherche d'un pittoresque radical.

Cette villa fut habitée par l'entrepreneur Charles Mollet (oncle de l'architecte) intéressé au lotissement.



Villa Saint-Charles (État actuel, NB : ouvrage publié en 1979). Illustration n° 206 page 264.

Les boiseries étaient à l'origine de teinte vert olive avec ça et là des filets vermillons ; la mode de les peindre en blanc pour créer un fort contraste avec la brique n'est intervenue qu'entre les deux guerres.



La Villa Saint Charles. Détail des consoles des toitures. Illustration n° 207 page 266.


La Villa Saint Charles. Détail des consoles des toitures. Illustration n° 208 page 267.

Celui-ci a souligné, en décrivant la première réalisation, que tout avait été mis en œuvre pour donner l'impression de luxe, mais sans jamais perdre de vue les réalités économiques et le prix de revient des différents matériaux. La surenchère ornementale se marie ainsi à de solides considérations économiques. C'est le triomphe de la brique polychrome, du bois tourné et celui du simili. Il n'est pas surprenant de retrouver dans la liste des collaborateurs de l'architecte Baert une firme d'accessoires pour le théâtre (« Michel R., Roubaix, tout ce qui concerne le théâtre, la scène »).

 

Comme l'écrit Hautecœur, « l'influence du théâtre, les progrès de l'industrie expliquent l'usage de tous les matériaux de remplacement, de tous les faux semblants ; les sculptures sont exécutées en carton pierre [...]. Le faux luxe paraissait aux boutiquiers le luxe à bon marché et fut encouragé sous le Second Empire par les Expositions universelles ».

 

Il n'est pas inintéressant de voir quel groupe social accordait une valeur particulière à cette sorte de maison-étalage : posséder une maison voyante sur la route de l'hippodrome était avant la Grande Guerre très prisé par le « monde ».

 

O surprise ! Le joyau de cette allée triomphale, la Villa Saint-Georges (illustrations n° 209-210, pages 268 et 269), bâtie par l'architecte Baert, est habitée par son confrère Boidin ! Baert qui fut associé à Boidin durant plusieurs années, semble avoir été le partenaire le plus faible sur le plan financier. Il se bâtira une résidence, hélas disparue, dans une rue avoisinante moins prestigieuse, l'avenue Pottier. Les deux associés construisirent notamment l'imposant immeuble à l'angle de la rue Inkermann et de la place de la République (1899), l'un des rares édifices ornés de cariatides à Lille. 




Cette surprise se renouvelle lorsqu'on recherche le nom des habitants d'autres maisons extraordinaires de Lille, Roubaix et Tourcoing. L'architecte Thibeault habita un somptueux hôtel dans le style de la Renaissance française, 13 boulevard du Maréchal Leclerc à Roubaix (1899). L'architecte Maillard se construit un grand hôtel renaissance dont les deux grandes baies aux vitrages polychromes surmontés de bustes en médaillon tamisent la lumière crue du jour avant de l'admettre dans l'intimité de la grande salle à manger.

 

Sur les toits, les bois apparents des lucarnes apportent une touche fantaisiste à un ensemble qui se veut noble et un peu sévère avec ses fenêtres à meneaux. Juste à côté, son agence s'inspire du pittoresque normand dont il fut le spécialiste incontesté de la région (illustration n° 236). Émile Dervaux érige au 16 boulevard du Maréchal Leclerc en 1904 le seul hôtel de maître Art Nouveau employant le « grand appareil » en pierre (illustration n° 282). Jules Batigny rehausse sa façade d'une symphonie de céramiques polychromes ; vers la fin de sa vie Baert se construira un délicieux hôtel renaissance en granit rose dans la rue de Valmy à Lille ; Coilliot se fait bâtir par Guimard en 1900 une maison-affiche (illustration pages 319 et 320) : c'est un céramiste, métier étroitement lié à l'architecture.

 

L'art de bâtir du XIXe siècle se révèle ici, plus que beaucoup d'historiens ne sont disposés à l'admettre, une architecture des architectes qui ne furent pas les pauvres martyrs, malgré eux, d'un siècle pompeux et pompier et d'une clientèle férue de kitsch.

 

L'avenue de l'Hippodrome (illustrations pages 205 et suivantes) est un moment essentiel dans l'histoire de l'architecture lilloise où se déploie avec fougue un langage destiné à devenir très populaire. La clientèle ne sera pas tant celle des grandes familles que celle de la moyenne bourgeoisie.

 

Même avant le régionalisme, l'éclectisme avait permis aux architectes lillois de se rapprocher du génie local : il suffit de penser à certaines œuvres de Vandenbergh telles que le Progrès du Nord ou l'entrée du Crédit du Nord, ou encore à la surprenante inversion des matériaux dans l'hôtel Castiaux : les colonnes qu'on croirait en fer sont en bois et les feuillages qui devraient être en pierre sont en fer (illustration page 147). 

 

C'est dans l'avenue de l'Hippodrome que l'éclectisme atteindra son stade flamboyant. Historiquement, les formes flamboyantes ont toujours connu une forte approbation populaire qui se manifeste dans le Gothique aussi bien que dans le Rococo ; approbation recélant une admiration pour la virtuosité technique qui sera bientôt considérée comme le point culminant du langage artistique. Cette adhésion se porte aussi, d'une façon plus large, sur tous les produits de l'art et de l'artisanat où se confondent beauté et recherche, inspiration et patience, goût et complication.

 

L'influence du pittoresque de l'avenue de l'Hippodrome apparaîtra clairement dans l'architecture populaire quelques années plus tard, notamment dans les maisons faubouriennes de la petite bourgeoisie.


Le parcours découverte

 

La Laiterie 

au numéro 138


Dans cette zone, autour des fortifications construites par Vauban, la première citadelle dite " La Reine des Citadelles ", se situe un périmètre non aedificandi qui correspond au glacis. Sur cette surface se développe des pâturages et une première construction en bois, qui sont les seules autorisées car démontables rapidement en cas de nécessité de dégager le terrain face à l’arrivée de l’ennemi. 


Ces laiteries correspondent à une mode campagnarde, il en existe d’autres dans la région comme celle du Parc Barbieux.



Sur ce plan de 1888, on remarque la proximité de la Citadelle de Vauban à Lille et de l'Hippodrome de Lambersart. Le bâtiment de la Laiterie situé avenue de l'Hippodrome est au milieu des champs et des prairies. © Bibliothèque de Lille.


La première laiterie est un bâtiment en bois qui sera remplacé par une structure en dur construite par Albert Baert.

En 1888, l’architecte Albert Baert la transformera en construction en dur. Détruite le 1er juin 1940 elle sera reconstruite dans sa forme actuelle.


Elle deviendra une brasserie du temps de la famille Brame, puis une guingette et finalement un restaurant célèbre. S’y succéderont plusieurs chefs : Ludovic Vantours (1984-2002), Steven Ramon et Benoît Bernard (2002-2013) qui accrocheront une étoile Michelin, Nicolas Gautier (2013-2017), Corentin Leduc (2017-2019) et Edouard Chouteau.


Ce dernier chef renoue avec la tradition en mettant au menu des plats issus de cette tradition laitière avec même du lait de bufflone de la métropole !


A titre anecdotique ce restaurant sera un temps avec la famille Baratte, et son célèbre joueur Jean Baratte, le siège du Losc qui y accueillera les repas d’avant et après match.



Sur la trentaine de personnes inscrites, 24 avaient répondues présentes. Certains avaient même testés le restaurant La Laiterie, lieu de départ du circuit !


Jacques Desbarbieux, votre guide du jour, très heureux de faire découvrir les richesses de cette avenue en commençant par deux constructions de l'architecte Gabriel Pagnerre, qu'il apprécie particulièrement.

Les Maisons de Gabriel Pagnerre 

aux numéros 132 et 148


La construction du n° 132


Située au fond de la contre allée, la maison du 132 possède la dernière et troisième plaque de l’architecte qui correspond à ses constructions d’après la première guerre mondiale. Elle date des années 30.



A deux pas du restaurant La laiterie à Lambersart, cette maison, due à l'architecte Gabriel Pagnerre, se situe dans la contre allée en impasse de l'avenue de l'Hippodrome qui recèle des trésors architecturaux.





La construction du n° 148 " Les Roses "

 

Cette réalisation, due à l'architecte Gabriel Pagnerre, au numéro 148 de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart, tranche avec la précédente, une belle démonstration de l'éclectisme de cet architecte et de l'ensemble des réalisations de l'avenue de l'Hippodrome. Datée de 1913, comme en atteste le cartouche visible au sommet de la façade, c'est une étonnante survivante face aux constructions mitoyennes qui ont toutes disparues.


Celle du numéro 148, dite Les Roses (à ne pas confondre avec la Villa Les Roses au n° 220 qui est décorée d'anémones du Japon), est dans un style totalement différent de sa précédente au n° 132. Elle a été identifiée par Gilbert Houviez, un ancien architecte des bâtiment de France, à la suite d’une étude parcellaire de Lambersart. Elle date de 1913, comme on peut le remarquer sur l'inscription en façade. Elle a miraculeusement survécue au milieu des constructions adjacentes plus tardives qui ont remplacées les réalisations d'époque.



Cette réalisation qui se situe à la jonction des styles néo-classiques et art nouveau, est un témoignage intéressant de l'éclectisme de Gabriel Pagnerre. A cette époque il vient de déménager pour son deuxième cabinet d'architecture le Vert Cottage à Mons-en-Barœul d'une facture totalement différente.


Sur le pignon de la façade figure l'inscription de l'année 1913


Des motifs floraux pour les mosaïques au sommet de la façade pour cette maison de la période art nouveau.


Sur ce cartouche on remarque une coquille Saint Jacques et deux cornes d'abondance.

Gabriel Pagnerre n’a pas pu participer au concours d’architecture, celui-ci s'étant terminé en 1901.


Voir un complément sur l'architecte Gabriel Pagnerre


La Villa Saint-Charles 

au numéro 193



Inscrite aux Monuments Historiques en 2000, la Villa Saint Charles est de 1894. L'architecte Victor Mollet l'a construite pour son frère Charles, entrepreneur. Elle est lauréate du concours d'architecture en 1901.





Phylactère et cartouche en terre cuite vernissée indiquant le nom de la villa qui reprend le prénom du propriétaire, avec l’équerre, le fil à plomb et le marteau, justifiant la profession du maître des lieux.



La Villa Saint Charles, côté jardin.


Devant la Villa Saint Charles, la lecture du panneau informatif.





La tour, véritable beffroi symbole de l'Éclectisme, rassemble un lanternon Renaissance et un bulbe baroque sur un couvrement gothique. Restaurée, elle est le fleuron de la zone de protection du patrimoine de Lambersart créée en 2003.




La Villa Victoria

aux numéros 207-211



La Villa Victoria aux n° 207-211 de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Illustration n° 216 page 272 de l'ouvrage " Le siècle de l'éclectisme ".



La Villa Victoria a été érigée vers 1892 pour Albert Lees, un franco-anglais dirigeant d'un fabrique de tulles. Actuellement cette demeure est divisée en 4 propriétés.



La Villa Victoria aux n° 207-211 de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Illustration n° 217 page 273 de l'ouvrage " Le siècle de l'éclectisme ".

 

La Villa l’Etoile 

au numéro 216




La tour de la Villa l'Etoile au 216 de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Illustration n° 222 page 275 de l'ouvrage " Le siècle de l'éclectisme ".



La Villa Saint Georges 

au numéro 218


La Villa Saint Georges est l'œuvre de l'architecte Albert Baert en 1892, pour son confrère associé Georges Boidin. La tour porche est mise en avant et se distingue par la mosaïque de la Maison Coilliot représentant Saint Georges terrassant le dragon. Les décorations sont inspirées de l'architecte Viollet-le-Duc. Elle est inscrite aux Monuments Historiques en 2001.




Comme pour la Villa saint Charles, le nom de la Villa Saint Georges provient du prénom de son propriétaire.



Lucarne de la Villa Saint Georges au n° 218 de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Illustration n° 214 page 271 de l'ouvrage " Le siècle de l'éclectisme ".



Fenêtres de la Villa Saint Georges au n° 218 de l'avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Illustration n° 212 page 271 de l'ouvrage " Le siècle de l'éclectisme ".



La signature de Coilliot au bas de la mosaïque

La Villa Saint Georges possède une superbe réalisation de Louis Coilliot, dont la maison située au 14 rue de Fleurus à Lille, conçue par Hector Guimard entre 1898 et 1900 et classée aux Monuments Historiques. Juste avant, Coilliot a signé cette mosaïque de la Villa St-Georges inscrite aux Monuments Historiques. Le chevalier médiéval y affronte un dragon, peut-être chinois.


La Villa Les Clématites

au numéro 219




Mitoyenne de la Villa Les Clématites une construction très épurée, plus récente, avec un bas relief illustrant une course de chevaux. Elle fut occupée par la famille du Docteur Razemon. A côté de celle-ci se situait l'ancienne clinique chirurgicale de l'Hippodrome où eut lieu la première greffe rénale à Lille. Transformée depuis en Résidence Services pour personnes âgées.



La Villa des Roses 

au numéro 220


Rien que la façade, gigantesque, majestueuse, laisse pantois. On discerne rapidement trois fleurs blanches sur fond bleu, au-dessus d’une fenêtre au premier étage. « Il s’agit d’anémones du Japon, c’est l’emblème de la villa », on ne sait pas pourquoi elle s’appelle Villa des Roses. Sans doute construite par Albert Baert.





Les anémones du Japon sur la façade de la Villa Les Roses



L'appellation Villa des Roses est celle de l'origine


La Villa des Roses au 220 avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Illustration n° 219 page 274 de l'ouvrage " Le siècle de l'éclectisme ".



La Villa des Roses au 220 avenue de l'Hippodrome à Lambersart. Illustration n° 220 page 274 de l'ouvrage " Le siècle de l'éclectisme ".


Bernard Claeys, un réalisateur pour la télévision, passionné du patrimoine de la région, et des Flandres, y a passé 40 ans de sa vie. Une villa pour laquelle il a eu un vrai coup de cœur en 1979, avec son épouse. Le couple avait décidé, dès les années 1980, de la léguer à la mairie à la mort du dernier des deux. Au décès de celui-ci en 2019, sans héritier, la demeure devint donc propriété de la ville. 


La Villa des Roses à Lambersart, construite en 1897, est une demeure digne d'un conte de fée. Des vitraux, un cachet fou et une situation imprenable sur l'avenue de l'Hippodrome. Et aussi toute une histoire puisque la maison était celle du couple Claeys, des collectionneurs d'art qui, sans descendance, avaient décidé de léguer leur maison à la ville, c'était du temps de l'ancienne municipalité, celle de Marc-Philippe Daubresse. La ville avait alors trois ans pour étudier la faisabilité d'y créer un équipement public. C'est sans doute ce qu'auraient souhaité les propriétaires.


Mais après trois ans d'études, la mairie avait conclu, a rappelé Emmanuel Magdelaine, adjoint à la communication « à l'impossibilité matérielle d'en faire un lieu public ». D'après les élus, le coût aurait été exorbitant (1 million d'euros de travaux, au moins) pour un lieu peu adapté, ne serait-ce qu'en termes d'accessibilité. D'où l'idée de vendre le lieu avec une mise à prix à 730 000 €, c'était l'estimation des Domaines.


Le point final d'une histoire qui a fait couler beaucoup d'encre.


C'est une vente aux enchères à l'aveugle qui a été organisée au début du mois, chacun remettant une offre sans connaître celles des autres, le plus offrant l'emportant. Combien y a-t-il eu d'offres ?


La mairie ne l'a pas communiqué mais a indiqué qu'une cinquantaine de personnes ont visité la maison cet hiver, et une vingtaine sont reparties avec un dossier technique. Et l'offre la plus élevée de 890 000 € provenait justement d'une famille de la commune. La demeure de l'avenue de l'Hippodrome va retrouver sa fonction première : celle d'héberger une famille, a déclaré Nicolas Bouche, le maire de Lambersart.

 

« Nous nous réjouissons qu'une famille lambersartoise puisse bientôt habiter cette belle maison », a réagi

Emmanuel Magdelaine. Le compromis devrait bientôt être signé, avant une nouvelle délibération du conseil municipal en juin 2024 pour acter la vente.


La Villa Wargny

au numéro 260





Porte d'entrée de la « Villa Wargny » de style art nouveau 1906 de l'architecte Léonce Hainez à Lambersart.

La Villa Sdez 

au numéro 309



La vue côté avenue Foch


La façade côté avenue de l'Hippodrome


Nous sommes agréablement attendus par Guillaume Lekieffre et son épouse à l'entrée de la Villa Sdez. Jean-Pierre Cappoen remets en cadeau au nom de l'association l'ouvrage " Un Château moderne " écrit par notre président Paul Hervé Parsy.


Nous étions 24 à avoir répondu présent pour cette découverte exceptionnelle.




Bien entendu, à la demande des propriétaires, nous ne publions aucune des photographies réalisées à l'intérieur de cette demeure privée.

Située au 309 avenue de l’Hippodrome à Lambersart, cette maison d'angle en béton recouverte de briquettes jaunes s'inscrit dans le courant du mouvement moderne. Lors de la visite les propriétaires actuels ont pu nous préciser que la construction a débuté en 1933, quelques  mois après l'inauguration de la Villa Cavrois en juillet 1932.


Construite pour Paul Sdez, le patron d’une blanchisserie, par l'architecte lillois Marcel Boudin, dans le style paquebot. De style « streamline », elle est inspirée de la Villa Cavrois, avec des éléments de l’architecture navale des paquebots en vogue, comme la tour vigie, les hublots et la terrasse sur toit.



Le jeu des volumes est intéressant : travée en rotonde sur deux niveaux, décrochement des volumes cubiques, galerie reliant la maison et la dépendance dans le jardin. Les menuiseries ont été remplacées par du PVC. Elles seront prochainement modifiées, comme Guillaume Lekieffre a pu nous le préciser en nous montrant les plans et devis.


L'intérieur ne présente pas de décor particulier. La pièce en rotonde dégage un volume de sept mètres sous plafond éclairé au niveau du premier étage par des hublots dont les vitraux ont été conservés. L'escalier dessert une coursive menant au bureau ouvert sur ce vaste espace.


Elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis le 26 février 2001.


Marcel Boudin a réalisé dans le même esprit l'Observatoire de Lille, en 1932, puis la Villa Broly, au n° 345 de l'avenue de l'Hippodrome, en 1934-1936. On y retrouve le même parement de briquettes jaunes, dont le jointoiement horizontal marqué doit être conservé. Un des précédents propriétaires de la Villa Sdez avait cru bon de combler soigneusement les joints des briques, il y a quelques années, et a eu l'obligation de rendre à la façade son état originel. Elle est la signature de l'architecte, ainsi que l'alternance des angles droits et des courbes, la tour-vigie à demi encastrée, les balustrades rectilignes des terrasses et les hublots, qui évoquent ceux d'un paquebot.



Une jolie galerie ouverte sur piliers longe le mur du jardin, et mène au garage. Unique, comme ses élégantes voisines du haut de l'avenue, les Villas Saint-Charles et Saint-Georges, inscrites également à l'ISMH, la Villa Sdez est un témoin du passé historique et architectural local, précieux et protégé.





Les vitraux du maître-verrier Largillier sont prismatiques et opaques.



La tour-vigie en demi-cylindre abrite des étages-passerelles. Les briquettes jaune flammé assurent un revêtement uniforme des volumes. 


Sur le flanc avenue Foch, une galerie agrémentée de moulages d’antiques mène au garage.


La Villa Méauxsoone

au numéro 330


Entourée de sa grille d'origine, la villa d'angle de 1947 des Méauxsoone, fondateurs des cafés Méo, alterne briquettes et ciment avec des bow-windows superposés en béton. Le porche d'entrée est superbement traité. Avenue Foch, leur atelier-vente de 1938 se distingue par son pignon à redents et ses ferronneries.




Porte de la « Villa Méo » des frères belges Jules et Émile Méauxsoone, fondateurs de la marque de café “ Méo ”. La maison est recouverte de briques de parement, mais les demi-hexagones qui servent de bow-window sont en béton. Un portique assurait la liaison avec leur atelier-épicerie (construit en 1938) côté avenue Foch.

La Villa Broly 

au numéro 345


Elle a été construite, en 1936, quelques années après la Villa Sdez également par Marcel Boudin. Ici l’architecte a fait le choix de l’épure au point que la maison se suffisse presque à elle-même, elle s’efface sur le jardin de 3 000 m², qui à l’origine comprenait un cours de tennis dans le fond, preuve que le sport à l’air libre était important dans la bonne société des années 30.



Rien n’est simple dans cette maison a confié Madame Thibault, une ancienne propriétaire qui l’a occupée pendant 26 ans. Au début c’était complètement impossible de chauffer. Dès qu’on le prenait un bain, les murs dégoulinaient de condensation, on a dû changer toutes les fenêtres à l’arrière. Avec le recul, je me dis qu’il fallait être fou pour y habiter. Finalement la Villa Broly n’aura connu que quatre propriétaires avant les Thibault, André Leblanc l’a habité et a ajouté une aile, des travaux que l’on devine seulement à quelques différences de couleurs de briques. Avant lui, il n’y a eu que monsieur Broly. Cette faible rotation commune à toutes les villas de l’avenue prouve que l’on s’attache facilement, malgré les charges, à assumer les difficultés font sans doute partie de leur charme. 



Gilles Maury et Richard Klein qui ont ouvert cette villa à la visite lors de l’exposition « Villa mon rêve » au Colysée en septembre 2006, estiment qu’il n’y a pas de proximité entre Marcel Boudin et Robert Mallet Stevens, l’architecte de la Villa Cavrois. La confusion viendrait du fait que les deux architectes à Croix et à Lambersart, étaient tous deux très ancrés dans leur époque. Ils ont choisi des menuiseries métalliques peintes en noir, tranchant grandement avec les briques jaunes, mais ils se différencient par des approches quasi opposées. Le travail de maçonnerie est totalement différent. Tout est fait pour masquer les briques et créer des lignes jaunes uniformes uniquement horizontales pour la Villa Broly. Au contraire, l’architecte a voulu mettre en avant les briques montées afin de créer des reliefs géométriques et réguliers de même pour la porte d’entrée, il a créé une orientation souligné l’embrasure, un effet que refuse Robert Mallet-Stevens. La perspective du jardin d’où l’on peut voir l’avenue de l’Hippodrome et vice versa. Conçue pour que l’on puisse voir à travers, la demeure se doit de rester transparente. Les propriétaires ont respecté cette volonté en ne surchargeant pas leur intérieur de meubles, et surtout en ne posant pas de rideau au risque, l’on puisse voir ce qui se passe dans le salon depuis la rue.


Les Villas Broly et Sdez s’intègrent tout à fait dans l’esprit d’une avenue où l’on ne construit surtout pas pour se cacher. Il faut être vu et observer ce qui s’y passe, ce n’est pas pour rien que chaque maison possède son belvédère.


La pagode chinoise

au numéro 336


La pagode, dont l’architecture reproduit les codes asiatiques, date de 1923. Son propriétaire actuel l’a acquise en 1995. Un coup de cœur pour l’énergie qui y règne.



Au fond du jardin, très grand, arboré, zen, agrémenté de talus installés dans une ancienne fontaine, d’un petit espace aquatique dans un écrin de pierre, les cris d’enfants. Le collège Sainte-Anne est là, de l’autre côté de la clôture. Pas de quoi rompre le calme olympien qui envahit le visiteur charmé. Il règne dans cette maison une énergie positive qui a conquis le propriétaire de cette mystérieuse pagode, située au 336 de l’avenue de l’Hippodrome.

 

« Lorsque nous avons visité cette maison, nous n’étions pas sûrs du tout de vouloir l’acheter. Vivre avenue de l’Hippodrome ne nous attirait pas spécialement, et cette bâtisse, j’en avais entendu parler, mais je n’y avais jamais vraiment prêté attention », dit-il aujourd’hui. Mais à la fin de la visite express, le couple s’assoit par terre, dans la pièce donnant sur le jardin. « On s’est senti tellement bien… » Sans doute une histoire d’énergie. Peut-être bien que les différents codes de l’architecture asiatique, censés repousser les mauvais esprits, fonctionnent à merveille finalement.

 

Un mystère bien gardé et une légende séduisante

 

De fait, la pagode présente des chéneaux légèrement relevés sur les coins, un chat en pierre qui fait le dos rond sur la toiture intermédiaire de la façade avant, une tourelle qui abrite une loupiote à l’entrée… Des signaux destinés à éloigner le mauvais œil, dans la culture asiatique.




Cette maison pour le moins surprenante, posée au milieu de l’avenue de l’Hippodrome comme un ovni dans un champ, date de 1923. Construite sur les plans de l’architecte lillois René Bonte. 



La plaque de l'Architecte René Bonte sur la façade de la pagode.

Elle abritera à ses origines un café « atypique ». Mais pourquoi ce style asiatique ? Nous sommes en pleine période coloniale, l’Indochine est française depuis 1887… Alors est-ce un officier de l’armée française, revenu de la colonie d’Indochine, qui a construit cette pagode pour les beaux yeux de sa belle, rencontrée là-bas ? C’est ce qu’on dit. « Mais ce n’est peut-être qu’une légende… », souffle l’heureux propriétaire des lieux. Il n’a pas trouvé de plans ou de photos d’origine. N’a pas vraiment d’explications sur les origines asiatiques de sa pagode. Celle-ci préserve ses mystères.

 

Pour les cent ans de la demeure, la pagode aura droit à un ravalement de façade. La couleur ocre changera peut-être. Les propriétaires doivent encore se décider. Ils ne peuvent pas tout faire : leur secteur est préservé depuis le classement aux Bâtiments de France de la maison Sdez, située quasiment en face. Mais la pagode elle-même n’est pas classée, alors il leur reste une marge de liberté. Une chose est sûre : ils feront tout pour préserver la sérénité des lieux.



Le jardin, qui comme il se doit est orné d'un superbe Ginko Biloba en son centre, planté en 1990, possédait une fontaine, aujourd'hui disparue.

La Villa Waché

au numéro 379



Au 379 avenue de l’Hippodrome se dresse la Villa Waché. Son style simple, assez peu décoré, et son toit haut indiquent une construction des années 1930. Elle a été construite en 1936.


 La Maison hantée


D’après certaines rumeurs, une maison située sur l’avenue de l’Hippodrome à Lambersart serait maudite. En effet, cette maison de briques, en retrait de la route n’aurait pas envie d’être habitée et chercherait à se débarrasser de ses habitants. Tous, sans exception, après avoir occupés les lieux moins d’un an, durent les quitter dans des circonstances tragiques : maladies, accidents, décès. 


Les plus touchés d’entre eux furent les membres de la famille M., Marine et Sébastien et leur petite fille de 11 mois, victimes d’étranges phénomènes pouvant s’apparenter à un poltergeist : abat-jours qui se penchent tout seul, assiettes qui se jettent d'elles-mêmes sur le sol. Ils finirent par découvrir le secret de toutes ces manifestations paranormales : un squelette gisant dans un coffre-fort découvert entre deux cloisons intérieures. Depuis, la maison est désespérément vide. Qui sera le prochain à oser s'y aventurer ?