La collaboration entre urban.brussels et l’ULB (Laboratoire AllCe) a permis de créer un double numérique du Palais Stoclet visible au musée Art et Histoire.
Un article de Jean-Marie Wynants paru dans le journal Le Soir.
La reconstitution permet de visiter les espaces du rez-de-chaussée dont la salle à manger avec la frise de Gustav Klimt. © urban.brussels/ ulb la cambre horta / alice.
Vous n’avez jamais eu l’occasion d’entrer dans les espaces somptueux du Palais Stoclet ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls. Inscrit depuis 2009 au patrimoine de l’Unesco, ce chef-d’œuvre de l’architecte Josef Hoffmann fait l’objet depuis de longues années de discussions interminables avec la famille propriétaire des lieux dont les différents membres ne peuvent s’accorder sur la destination d’un bâtiment inoccupé depuis... 2002.
Plantée en haut de l’avenue de Tervuren, à quelques encablures du Square Montgomery et du Parc du Cinquantenaire, cette demeure totalement atypique dans son environnement immédiat se distingue par ses lignes pures et élancées attirant tous les regards. Des touristes du monde entier viennent en photographier l’extérieur, espérant toujours pouvoir jeter un œil à l’intérieur. Peine perdue. La demeure est bouclée à double tour et les propriétaires n’entendent nullement en autoriser l’accès au tout-venant, même dans le cadre d’événements comme les Journées du Patrimoine.
Pire encore, ils ont récemment tenté de faire interdire la diffusion d’une reconstitution scientifique en 3D réalisée par urban.brussels et l’ULB alors que celle-ci a été réalisée exclusivement à partir des plans, permis de bâtir originaux, documents divers et photographies d’une époque où les lieux étaient accessibles. Motif avancé pour justifier cette interdiction : atteinte au droit de propriété et à la vie privée. Ce qui, pour un bâtiment inoccupé depuis plus de 20 ans est un peu fort de café.
La Secrétaire d’État bruxelloise au Patrimoine Ans Persoons et la famille ont toutefois fini par trouver un accord permettant de diffuser ce petit film dans le cadre d’une exposition complétant celle consacrée à l’ensemble de l’œuvre de Hoffmann réalisée à l’occasion de l’année Art Nouveau Brussels 2023.
Baptisé " Stoclet 1911 Restitution ", ce petit parcours commence par une exposition de documents et photographies présentés dans une forêt de colonnes imaginées par l’artiste Johnny Leya en écho à l’architecture du Palais. Un grand écran invite ensuite à découvrir la majesté des lieux. Concoctée par les équipes de l’ULB (Laboratoire AllCe) et urban.brussels, cette restitution numérique se base sur les plans d’origine montrant le Palais Stoclet tel qu’il devait être en 1911. Avec un avertissement : cette reconstitution étant le fruit de recherches en cours, elle est susceptible d’évoluer par la suite.
En attendant, les portes s’ouvrent devant nous, laissant apparaître des salles aux lignes épurées où sont disséminés quelques gros fauteuils. Une fontaine intérieure, des plafonniers et lustres à foison, des colonnes à l’infini, un salon de musique particulièrement cosy et la fameuse salle à manger avec la frise de Gustav Klimt sont enfin visibles autrement que sur photographie.
Une visite qui devrait être complétée à l’avenir par les espaces de service et les étages du Palais. En espérant que, d’ici là, un accord soit enfin trouvé pour permettre, quelques jours par an, un accès aux visiteurs désireux de découvrir « en vrai », ce chef-d’œuvre architectural.
« Stoclet 1911 Restitution » au Musée Art et Histoire, jusqu’au 4 avril 2024.
Merci à Philippe Murari pour la communication de cet article paru dans le quotidien Le Soir