Une infiltration artistique


Conçu par Jean Sylvain Bieth, le projet d’infiltration artistique visible dès l’ouverture de la villa pour une durée de six mois cherche à ajouter un supplément d’âme dans une maison qui aura connu grandeur et décadence. Sa renaissance ne peut faire oublier qu’elle fut habitée par des rires d’enfants, des parfums, des voix. Elle connut plusieurs vies, des lueurs et des heures sombres. Elle vécut des joies et des peines. Ce projet est une évocation de certains de ces moments, témoignage qu’elle fut un lieu vivant avant que d’être un monument national. L’infiltration prendra la forme d’objets, de livres, de magazines ou de parfums.



Cette infiltration sera intitulée « La Maison du péril », en référence au roman d’Agatha Christie, publié en 1934.

Qui est Jean Sylvain Bieth ?

Cet artiste plasticien, né le 2 juin 1976 à Cambrai, professeur à l'école des Beaux-Arts de Nantes, vit et travaille dans le Nord à Mons-en-Barœul, (donc à proximité de la Villa Cavrois) là où demeure aussi le webmaster des sites de la Villa Cavrois et des Amis de la Villa Cavrois.

Depuis 1980, Jean-Sylvain Bieth développe une réflexion sur la responsabilité de l’homme, tant dans le champ de l’art, que dans le champ politique et éthique. Ses œuvres utilisent de nombreux matériaux — poussière d’argile, plomb, verre pilé, poudre d’ébène, etc. — qui sont mis en forme de façon à provoquer chez le spectateur un réel « choc » physique. Si les premières œuvres — Die Langeweile, Förster, par exemple — sont fortement teintées de la philosophie de Friedrich Nietzsche et d’Arthur Schopenhauer, depuis quelques années, cette influence a laissé la place à une réflexion plus large, non dénuée d’un pessimisme fondamental, qui exhorte le spectateur à une expérience individuelle de l’œuvre dans le contexte d’une conscience historique.

Le matériau utilisé est crucial dans l’œuvre de Jean-Sylvain Bieth et est mis en forme de façon à provoquer une expérience qui prend en compte tous les sens. C’est la raison pour laquelle Jean-Sylvain Bieth utilise toujours les matériaux réels — essence, lessive, amiante, ether, alcool, chocolat, argent, etc., de manière à introduire une réalité plus prégnante dans les installations qu’il met en place. De la même manière, lorsqu’il utilise des composantes plus « classiques », telles la peinture, la mine de plomb ou l’aquarelle il les envisage comme matériaux. Les livres utilisés pour les grandes installations que sont Phœnix, My Kingdom For A Horse ou encore La Parole Donnée entrent dans la même catégorie.

Ses dernières œuvres englobées sous le titre générique GedankenExperiment —expérience de la pensée— ne font que confirmer la ligne de conduite que s’est imposée Jean-Sylvain Bieth depuis plus de vingt ans.

Un ouvrage commun avec Paul-Hervé Parsy


Beauty Free est un ouvrage qui recense dix ans de pratique ; les maquettes et les travaux préparatoires, ainsi que les projets divers en cours d’élaboration, s’ajoutent au corpus des œuvres réalisées depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Un essai critique de Paul-Hervé Parsy et un entretien de l’artiste avec Xavier Vert proposent d’appréhender le travail de Jean-Sylvain Bieth sous un angle où le rétinien fait corps avec une pensée résolument humaniste.


Ce livre était paru à l’occasion de l’exposition de Jean-Sylvain Bieth, Beauty Free, au Centre d’arts plastiques et visuels de Lille, du 6 novembre au 18 décembre 2011. Coédition Centre d’arts plastiques et visuels (Lille), école nationale supérieure d’art de Nancy/Les éditions du Parc.

Paul-Hervé Parsy avait déjà croisé l'itinéraire de Jean Sylvain Bieth aux ateliers des Arques, une résidence d'artistes, ainsi que lors de l'exposition " Les ruines du futur ", en 2010, au château d'Oiron.