La Villa Majorelle à Nancy

 

L'appellation du nom des villas historiques est quelquefois celle du commanditaire, comme pour la Villa Cavrois qui ne porte pas le nom de son architecte Robert Mallet-Stevens, où à l'inverse celui de son architecte comme la Villa Neutra à Croix qui ne porte pas le nom de Delcourt qui est celui de son propriétaire. Ici c'est différent car si Louis Majorelle est à la fois le propriétaire, il a également participé à la réalisation de certaines parties de la propriété, comme le mobilier, les boiseries et les ferronneries. Cette villa est aussi connue sous l'appellation Villa Jika ou JK qui sont les initiales de l’épouse de Louis Majorelle, Jeanne Kretz.

Clichés de Jacques Desbarbieux, Anita Leurent et Amis de la Villa Cavrois ©

Les extérieurs

C’est en 1898 que Louis Majorelle confie à l’architecte Henri Sauvage, secondé par Lucien Weissenburger, l’élaboration des plans de sa maison personnelle à Nancy. Cette villa construite en 1901-1902 est la première réalisation Art nouveau de la ville de Nancy. 



La double porte d'entrée de la Villa Majorelle


La villa résulte d’une collaboration entre artistes parisiens et nancéiens, comme le céramiste Alexandre Bigot, le peintre-verrier Jacques Gruber, et les peintres Francis Jourdain, et plus tardivement Henri Royer.



La double porte et le portail d'entrée de la Villa Majorelle

Classée monument historique en 1996, la villa  est réouverte au public depuis le week-end des 15 et 16 février 2020. Une poursuite de sa rénovation est prévue avec la remise en état de la salle de bains, de la penderie attenante à la chambre à coucher et de l'atelier de Louis Majorelle.


A droite à l'étage l'atelier de Louis Majorelle


Le porche et la porte de l'entrée avec les ferronneries qui reprennent le thème végétal de la monnaie du pape




Ce feuillage se retrouve également sur les grilles




Même considérablement réduit par rapport à sa surface primitive le jardin apporte sa végétation en écho


Sur les gouttières d'autres motifs végétaux


Le vestibule

Le vestibule est entièrement décoré sur le thème de la monnaie du pape, motif cher aux artistes de l'École de Nancy. Il est présent sur la porte d'entrée en fer forgé, sur les murs du vestibule ainsi que sur le meuble porte-manteau et parapluie. 





Le meuble du vestibule à la quadruple fonction de porte-manteaux, porte-parapluies, miroir et système d'éclairage. Les globes lumineux des verres de Daum complète la décoration florale


Les décors de monnaie du pape réalisés au pochoir, symbole de prospérité et de bonheur. Un motif très apprécié des artistes de l'Ecole de Nancy.



Un astucieux fauteuil dans cette entrée qui n'est pas sans rappeler un cathèdre, comme le siège présent dans le vestibule de la maison atelier de Victor Horta à Bruxelles, un emplacement réservé au visiteur pour lui permettre de patienter.


Au sol, une mosaïque représentant d'autre motifs végétaux qui résonnent avec la passion horticole d'Emile Gallé, le fondateur de l'école de Nancy





Un vitrail d'imposte de Jacques Gruber complète la décoration de cet espace.


La cage d'escalier


La cage d'escalier forme un ensemble homogène marqué par le mouvement dynamique de la rampe aux montants torsadés, qui se poursuit sur les trois niveaux. 



La rampe d'escalier dessinée par Henri Sauvage et exécutée par Louis Majorelle exprime par son amorce la force et la croissance du lierre dont le feuillage diminue au fur et à mesure que l'on s'élève.




L'escalier monumental, orné à sa base de feuilles de lierre sculptées, est éclairé par une grande verrière de Jacques Gruber reprenant le décor de monnaie du pape. 



Un luminaire proche de celui d'origine y a été suspendu, c'est une œuvre de Louis Majorelle avec la collaboration de Jacques Gruber et de la manufacture Daum.


La cage d'escalier avec le luninaire proche de l'original et le vitrail de Jacques Gruber


Le lustre dit les algues


Le vitrail de Jacques Gruber avec des décors de monnaie du pape


Le sujet végétal est également présent dans une série de petits vitraux situés dans la deuxième volée de l'escalier et dans la peinture au pochoir ornant le rampant du toit. 




Le couloir


A gauche, l'entrée dans la salle à manger, de face l'accès au salon et sur la droite la porte cintrée donnant vers la terrasse. A l'extrême droite le départ de l'escalier.


Vue du salon et de son vitrail orientaliste depuis le couloir


Le système d'aération et de chauffage


Un miroir au dessus d'une console renvoie l'image de l'escalier principal

La salle à manger

La salle à manger présente une grande unité marquée par les lignes courbes des boiseries, des encadrements des portes et des fenêtres. Les peintures décoratives de Francis Jourdain, en partie haute des murs, représentent les animaux de la ferme ainsi que des arbres fruitiers et des légumes.








Les coloquintes rampent parmi les 4 vitraux de Jacques Gruber situés dans la partie fumoir de la salle à manger.






Les scènes champêtres de Francis Jourdain sont illustrée d'animaux de la ferme



Un paon et des oies


Des cochons



Le mobilier de la salle à manger conçu par Louis Majorelle est reproduit dans les catalogues de vente de la Maison Majorelle après 1905, sous le titre " Les blés, modèle riche ". Composés d'un buffet à deux corps, de deux dessertes, d'une table et de six fauteuils, ces meubles sont réalisés en chêne avec un placage de bois de serpent, essence exotique originaire d'Amérique du Sud.


Salle à manger " Les blés, modèle riche " de Louis Majorelle. Catalogue de vente de la maison Majorelle en 1905.



Le buffet est décoré de motifs végétaux comme des épis de blés pour les poignets des tiroirs




Il y a aussi des petits animaux



De chaque côté de la porte d'accès à la salle à manger on découvre deux petites dessertes disposées symétriquement




La grande cheminée en grès flammé d'Alexandre Bigot, inspirée de l'épi de blé, partage la pièce en deux parties : salle à manger et fumoir. Ce dernier est éclairé par quatre fenêtres ornées de vitraux sur le thème des coloquintes réalisés par Jacques Gruber.



La cheminée d'Alexandre Bigot qui sépare l'espace salle à manger du fumoir




Quelques feuillages dans les grès de la cheminée



La mosaïque à la base de l'âtre représente des flammes



Le salon



Détail des ferronneries des plaques de propreté des portes à décor d'ombelles


Jacques Gruber a remplacé par un vitrail à décor orientaliste celui détruit en 1916 qui comportait des motifs de pommes de pins, comme dans l'ensemble de la pièce.


Le salon de la Villa Majorelle avec son vitrail d'origine détruit pendant la première guerre mondiale.












Un ensemble mobilier de Louis Majorelle, au centre la table à thé " Les Butomées " avec les sièges " Pommes de pin "



Table porte-plante " Fougères " de Louis Majorelle


La lampe " Libellules "


La selette " Ombelles "


La terrasse



La terrasse était à l'origine ouverte sur le jardin, mais en raison du faible ensoleillement, une baie menuisée a été aménagée vers 1907. Les travaux de rénovation intérieure ont été l'occasion de restituer cet état. Les clichés de l'album de Jacques Majorelle témoignent d'un usage fréquent de cet endroit, employé comme lieu de repos ou pour y prendre des repas.



Le céramiste Alexandre Bigot auteur de la rampe en grès est également celui du panneau décoratif sur le thème de la lentille d'eau dans de délicats tons bleutés présent sur le mur intérieur de la véranda.


Les céramiques " Lentilles d'eau " d'Alexandre Bigot



Le panneau en céramique est surmonté d'une peinture décorative d'Henri Royer, peintre proche de Louis et Jacques Majorelle. Installée vers 1905, cette toile, d'inspiration symboliste, évoque un paysage idyllique où se mêlent hommes, femmes, enfants et quelques paons, de l'aube au crépuscule.


La peinture d'Henri Royer





La chambre à coucher


A l'étage, la première pièce qui s’ouvre sur le palier (fermée au public), constituait une sorte d’antichambre. Elle accueillait le bureau et la penderie de Jika et donnait accès à la salle de bain dont la restitution est programmée. 



Les deux portes centrales sont agrémentées de vitraux à décor de monnaie-du-pape restitués d’après les photos anciennes par l’atelier Bénédicte Lachéré.


La chambre à coucher renferme un mobilier d’exception, composé d’un lit, d’une armoire, de deux commodes et d’une table de chevet. Exécuté en frêne, avec un placage de la même essence et des incrustations de nacre et de laiton, le mobilier est réalisé dans un bois clair, assez rare dans la production de l’ébéniste.



Les murs sont tendus d’un tissu gaufré dans les tons verts évoquant l’atmosphère chaleureuse de la pièce, renforcée par la présence d’une moquette. 



L'armoire penderie comporte des inclusions de marqueterie (ci-dessous)





Les portes et les menuiseries présentent un décor de faux bois imitant le pitchpin, une essence d’Amérique du nord


La table de chevet


La cheminée de la chambre à coucher



Les inclusions de marqueterie à la tête (ci-dessus) et au pied (ci-dessous) du lit de Louis Majorelle


Les extérieurs, le jardin


L'habitation est construite sur un terrain de presque un hectare situe à proximité des nouveaux ateliers Majorelle édifiés en 1897 par Lucien Weissenburger.


Le parc initial évoque l'atmosphère des jardins du début du siècle par la liberté de son dessin, le choix de ses essences et la présence d’un bassin. 


Morcelé après la vente du site en 1931, le jardin est aujourd'hui considérablement réduit à la faveur de l’aménagement du quartier.




La façade principale se compose de trois ensembles asymétriques. Au centre, l'élévation forme un avant-corps abritant le grand escalier. La partie droite de la villa se développe entièrement en retrait et accueille les pièces de loisirs et de réception.



La section à gauche en retrait plus marqué est réservée à l’entrée principale et à l’escalier de service sur sa façade est. 




L'architecture extérieure est animée par de nombreux éléments décoratifs : carreaux en céramique, ferronneries et par des ouvertures de formes variées.









L'atelier de Louis Majorelle




La rampe en grès a été exécutée par Alexandre Bigot, d'après un dessin d'Henri Sauvage. Leurs signatures sont visibles près des deux jardinières situées aux extrémités.









La cloche du portail d'entrée ainsi que celui-ci ont été déplacés. Antérieurement l'accès se faisait par la rue perpendiculaire.



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