La Cité Radieuse de Le Corbusier à Briey

Voir les notes de Paul-Hervé Parsy


L'Unité d'habitation de Briey, appelée aussi Cité radieuse de Briey-en-Forêt, est une unité d'habitation construite entre 1959 et 1960 à Briey (Meurthe-et-Moselle) par l'architecte franco-suisse Le Corbusier selon le modèle qu'il a établi pour Marseille. Ce bâtiment, construit pour l'Office départemental HLM, est progressivement abandonné par le bailleur social et menacé de destruction dans les années 1980. Elle est depuis progressivement réhabilitée.


 

Le projet d'unité d'habitation s'inscrit dans un projet plus large de nouveau quartier d'habitation en pleine forêt, dans cette ville du bassin minier de Lorraine. C'est Georges-Henri Pingusson qui est l'architecte en chef de ce projet de quartier et qui réalise d'ailleurs deux ensembles de 100 logements et une école à proximité de l'unité. L'objectif est de loger la population alors en pleine augmentation en lien avec l'expansion des mines de fer et de l'industrie sidérurgique.



Le Corbusier au centre sur ce cliché

En 1955, Le Corbusier entre en contact officiellement avec la mairie de Briey, il est nommé architecte en chef du projet et André Wogenscky architecte d'opération. C'est l'office HLM qui en est le maître d'ouvrage. 



La Cité Radieuse, aussi connue sous le nom d'Unité d'Habitation, a été construite en pleine nature dans le domaine de Briey-en-Forêt

 

Le bâtiment proposé fait 110 mètres de long et 56 mètres de haut (70 mètres à son point culminant) et 19 mètres de large, soit approximativement les mêmes dimensions que le siège des Nations unies, en trois fois moins haut. Il comprend 339 logements en duplex répartis sur 17 étages avec six rues intérieures. Le modèle est celui de la Cité radieuse de Rezé repris quasiment à l'identique avec quelques nuances : les logements sont plus petits (contraintes des HLM obligent), il n'y a aucun équipement sur le toit, ni rue commerciale.

 

La construction commence seulement le 3 mars 1959 et s'achève deux ans après.



Des vues prises lors de la construction exposées sur place

 

Les premiers locataires arrivent en 1961. Mais l'unité va connaître rapidement des contre-coups. Les années 1960 voient la fermeture des mines de Briey et la récession économique s'étendre dans la région. Des malfaçons sont mises au jour dans le bâtiment et celui-ci est mal entretenu avec des locataires connaissant de grosses difficultés financières. En 1983, les derniers locataires sont évacués de l'unité, restée très isolée du reste de la commune.

 

À partir de 1984, alors qu'un projet de destruction est proposé, le nouveau maire de Briey, Guy Vattier, s'y oppose et un comité de défense est mis en place. L'hôpital devient propriétaire d'une partie du bâtiment et y installe une école d'infirmières2. Une association est créée en 1989, la Première rue, qui organise des manifestations culturelles sur le thème des arts plastiques et de l'architecture au sein de l'unité. Les appartements restants sont vendus à des propriétaires privés en 1991. Un festival du livre d'architecture - « Impressions d'architecture » - y est organisé depuis 1994.

 

Les façades, toitures et portique, le hall avec son comptoir et la première rue, ainsi que les appartements 101, 116, 128, 131, 132, 133 et 134 font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 26 novembre 1993. Les façades et les toitures de l'ancienne chaufferie ainsi que son portique constitué de trois piliers et d'une poutre font également l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en date du 16 juillet 20073. L'ensemble porte donc le label « Patrimoine du xxe siècle ».



Le bâtiment est classé monument historique, pourtant son salut est paradoxal. Il devait être détruit, et c'est un questionnement sur le déblaiement des gravats qui a stoppé le processus alors que les démolisseurs étaient sur place !



Le Modulor sur la façade principale

 

En 2010, après trois ans de travaux sous la direction des architectes Medrea et Ferauge, les façades ont été restaurées et l'unité d'habitation a retrouvé sa polychromie d'origine.






Au rez-de-chaussée un espace très coloré atténue la rudesse du béton, avec un comptoir d'accueil en lignes courbes









L'aspect brut du béton avec les traces des coffrages

La première rue


A nouveau très coloré cet immense couloir est borgne d'un côté depuis la création de l'école d'infirmières









Outre l'appartement - bureau de notre guide (ci-dessus) plusieurs espaces nous sont ouverts permettant d'appréhender la construction sur plusieurs niveaux

Un premier appartement meublé










L'appartement n° 129 meublé dans le style des années 60



Une trappe d'accès permet d'y déposer des courses, des colis ou des paquets.


Vue traversante sur cette trappe d'accès


La trappe d'accès vue depuis le côté logement



Dans l'entrée une concession au modernisme avec un compteur électrique Linky


Un meuble à panneaux coulissants sépare la kitchenette du salon, salle à manger







Plusieurs appartements sont remeublés dans le style des années 60









On pourrait croire à un effet miroir, il s'agit en fait de deux chambres juxtaposées.


La chambre de droite (ci-dessus et ci-dessous)



La chambre de gauche (ci-dessus et ci-dessous)




L'appartement se développe sur deux niveaux


La dernière marche

Les escaliers


Les étages sont desservis par 3 ascenseurs et 2 escaliers


La 5ème rue



Cette rue est ouverte à ses deux extrémités, comme dans la conception à l'origine, avant la construction de l'école d'infirmières




Plusieurs appartements nous ont été ouverts avec un aménagement et une décoration plus actuelle







Cet appartement occupé par une designer architecte d'origine allemande est superbement rénové en tenant compte des concessions historiques du bâtiment