La ballade découverte Art nouveau à Nancy

Autour de 1900, Nancy acquiert, avec l’Art nouveau et des artistes exceptionnels une notoriété mondiale. C’est sous le nom de l’Ecole de Nancy que cette extraordinaire aventure artistique fait son entrée dans le monde moderne en scellant l’alliance entre art et industrie. 

Sous l’impulsion d’Emile Gallé, toute une génération d’artistes puise son inspiration dans l’univers végétal et le monde des sciences pour réinventer le décor de la ville et de la vie quotidienne. Verrerie et céramique, mobilier, ferronnerie, reliure, vitrail, sculpture, architecture – maisons particulières, banques, magasins – portent témoignage de l’immense talent des artistes nancéiens.

La rue des Dominicains

La façade d'un magasin au n° 4 rue des Domicains due à Eugène Vallin

En 2 groupes, avec comme guides Nadia Hardy et Christine Wetz, nous parcourons le quartier des affaires à la découverte de quelques superbes sites d'Art nouveau. Les réalisations de cette période ne dépasse pas 5 % de l'ensemble des constructions de la ville de Nancy.

Ce circuit effectué le jeudi 9 juin après-midi débute au débouché de la place Stanislas avec un premier arrêt devant une devanture réalisée par Eugène Vallin.

Juste à côté cette belle grille avec des décors de feuilles de Ginko Biloba, celle d'une pharmacie au même nom, au n° 38 de la rue des Dominicains. Cet arbre qui a résisté à Hiroshima est aussi connu comme étant celui aux 1 000 ou 40 écus selon les versions. L'analogie avec les pièces de monnaie venant de la couleur doré du feuillage en automne.

La rue Saint Georges

Juste en face de cet immeuble ce situe celui du Crédit Lyonnais

Nous pénétrons dans l'immeuble du Crédit Lyonnais pour découvrir l'immense verrière réalisée par Jacques Gruber pour cet établissement bancaire. 


La façade du Crédit Lyonnais aux n° 7 bis et 9 rue Saint Georges

L'immeuble de Crédit lyonnais de Nancy a été construit entre 1901 et 1902 par l’architecte d'origine belge Félicien César.

 

Madame veuve Gardeil de Nancy louera l'édifice pour vingt quatre ans à la société du Crédit Lyonnais.

 

Le hall, la verrière et la structure attenante avec sa couverture font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 28 novembre 19961. L'immeuble avait déjà été protégé en 1976 et en 19941.



Les initiales CL de la banque sont présentes au centre comme depuis l'origine, la vocation de ce lieu étant restée identique.

 

Le Crédit Lyonnais de Nancy conserve la plus vaste verrière de vitraux de style École de Nancy, créée en 1901 par le maître-verrier Jacques Gruber et réalisée par le peintre-verrier Charles Gauville. 



La verrière s’étend sur environ 250 m2 et est composée de 523 panneaux. Elle est composée de verres transparents, on peut distinguer des dégradés de verres colorés pour la rendre plus lumineuse et animée. Les couleurs dominantes sont le parme clair, le jaune, le rose, le violet, et le turquoise. Le décor est le résultat d’une gravure à l’acide, il se compose de motifs géométriques et végétaux représentant des clématites dont les tiges s’entrelacent autour d’une armature, en formant des berceaux. 



Soutenue par une charpente en acier, la verrière est protégée par une trame métallique qui laisse passer la lumière provenant des combles vitrés. La structure métallique des combles rappelle la spécialité initiale de construction d’usines métalliques de Félicien César, l'architecte. La charpente métallique porte l’ensemble composé de deux parties, la partie centrale rectangulaire, bordée par des adoucissements latéraux concaves. Une étroite coursive de bois borde la partie basse des adoucissements dans les combles, elle permet l’entretien de l’ensemble. Elle permet également d’amortir les effets de la dilatation de l’ensemble de l’armature en métal. On imagine cette coursive en observant la verrière depuis le hall, on observe alors le retour bordé de corbeaux à clés pendantes, entourant le vitrail


 

Le gros œuvre a été réalisé par l’entreprise France-Lanord et Bichaton. Le Crédit Lyonnais montre tout le savoir-faire de Félicien César, qui réalise ici l’une de ses plus grandes commandes, tout comme pour Gruber. Un escalier monumental menait à la salle des coffres, dont le plafond était pavé de verre pour rendre cette pièce plus lumineuse. La façade sur rue est de style classique, composée de deux travées principales. Le bâtiment est occupé principalement par un hall. 



Gros plan sur une clématite, d'un détail du vitrail

L’œuvre de Gruber et Gauvillé a été restaurée en 1920, par Gruber lui-même. La date a été modifiée lors de ces travaux, avant, sous la signature du maître-verrier, on pouvait lire 1901.

Cette verrière n'est pas s'en rappeler une autre œuvre magistrale de Jacques Gruber qui est celle des Galeries Lafayette à Paris.

Le deuxième groupe guidé par nous rejoint

A l'angle des rues Saint Georges et Saint Dizier, la pharmacie du Point Central, avec des décors en mosaïque de la période Art déco.

La rue Saint Dizier


Un autre immeuble bancaire celui de la Société Générale aux n° 42 et 44 de la rue Saint Dizier.

Cet immeuble, situé aux n° 42-44 de la rue Saint-Dizier dans le quartier Charles III du centre-ville de Nancy, a été construit en 1903 pour Henri Aimé, médecin à Nancy, par Georges Biet architecte à Nancy et par Eugène Vallin fabricant de meubles et architecte à Nancy. 


Le plan du rez-de-chaussée daté du 20 mai 1902 et l'élévation principale datée du 27 juin 1903 sont signés Georges Biet. L'élévation projetée n'est pas exécutée à l'identique, on admet qu'Eugène Vallin est l'auteur des modifications qui portent sur la modénature des baies et la décoration.


En 1904, la Société Générale s'installe au sous-sol et au rez-de-chaussée, son directeur occupe le troisième étage. Henri Aimé, le commanditaire, occupe le premier étage en 1907 et le quitte en 1911 au moment où l'immeuble est acheté par une société immobilière. À partir de 1914 la Société Générale entreprend des travaux qui aboutissent à une restructuration totale des locaux et à la disparition de la verrière couvrant la salle des guichets, à cette occasion la structure métallique de l'immeuble visible dans le hall est définitivement masquée. 


Après la Seconde Guerre mondiale, la façade du rez-de-chaussée est totalement dénaturée. En 1984 l'entreprise Chanzy-Pardoux entreprend son rétablissement partiel.


La façade, le hall et sa toiture sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 4 mai 1994.


La rue de Raugraff


En 1886, François Vaxelaire ouvre les portes de son magasin, qui s’étendra de la rue Saint-Dizier à la rue Saint-Jean. Il ne reste plus que 2 travées, vestiges d’un des grands magasins de Nancy. 



Cette devanture en bois d’acajou, au n° 13 de la rue de Raugraff, est le chef-d’œuvre d’Eugène Vallin, associé à Émile André pour le motif plume de paon en grès émaillé.



C’est entre 1927 et 1930 que la structure du magasin sera complètement transformée. Seule cette devanture, longue de deux travées, rue Raugraff, restera.

 


Émile André a réalisé le motif plume de paon en grès émaillé.


La rue Saint Jean


La graineterie Génin au 52 rue Saint Jean a été construite en 1902 par l’ingénieur Henri Gutton, cette maison Art nouveau abritait l’activité de la graineterie Génin.

 

Sa particularité, est l'existence pour la première fois d'une structure métallique apparente. C’est d'ailleurs la seule de ce type à Nancy, ce qui déplut profondément et explique qu'il s'agisse d'une unique tentative.


 

On y découvre des verreries signées Gruber, des ferronneries, de la pierre de taille, ainsi que des moulures en bois. L’ornementation représente la fleur de pavot ! La Lorraine est alors l’un des premiers producteurs.



L'oriel de la graineterie Génin orné de pavots

 

On peut se demander pourquoi les ferronneries sont positionnées entre le rez-de-chaussée et le premier étage ? La raison est simple, ces dernières coulisses afin de créer une grille de protection, quelle belle manière de protéger ses vitrines !


La BNP, ancienne banque Renauld, au 58 rue St Jean



Situé à l’angle de la rue Chanzy (au n° 9) et de la rue Saint Jean (au n° 58), cet immeuble fut construit en 1910 par Emile André et Paul Charbonnier.

 

Il s’agissait de la banque de Charles Renauld (apparenté à Antonin Daum), alors deuxième banque de la région, qui fit faillite au lendemain du krach boursier de 1929.



La décoration intérieure fait appel à l’École de Nancy. Cependant, on remarque une moins forte présence des courbes, un foisonnement plus maîtrisé.

 

C’est la fin de l’Art nouveau et le début de son successeur, aux lignes plus droites, l’Art déco.

 

Le thème qui préside à toute l’ornementation est la monnaie du pape. Le motif est bien choisi, évocateur de richesse et prospérité.

 

On retrouve ce motif sculpté dans l’acajou du comptoir, cristallisé dans les vitraux du premier étage, moulé dans le plâtre des frises et surtout présent à travers la ferronnerie d’art !


La rue Stanislas


Nous terminons ce parcours par la Chambre de Commerce de Nancy, classée Monument Historique, située au n° 53 rue Stanislas.



Construite en 1908, sa façade extérieure en impose, témoignant de l’importance économique de Nancy. D’architecture néoclassique, on s’aperçoit que le style Art nouveau est moins présent, plus sobre.

 

Émile Toussaint et Louis Marchal, les deux architectes à l’œuvre, furent assistés par l’École de Nancy. Ainsi, Antonin Daum, Louis Majorelle et Jacques Gruber marquent du sceau de l’Art nouveau la décoration extérieure, mais également intérieure.

 

L’intérieur présente de somptueux vitraux signés Jacques Gruber. Parmi les grandes ouvertures du rez-de-chaussée, cinq vitraux créés en 1909 : Le Verre, La Chimie, La Sidérurgie, La papeterie et L’agriculture.



Un vitrail de la chambre de commerce

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