L'exposition du matin '" Le Chic " au Mobilier National / Les Gobelins

Le Mobilier national à la Galerie des Gobelins présente l’exposition « Le chic ! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960″. 

Le parcours permet de suivre le développement des arts décoratifs sur la période de 1930 à 1960, avec près de 200 œuvres issues des collections du Mobilier national, et d’admirer la reconstitution de grands ensembles mobiliers tels que l’aménagement de l’hôtel Kinsky ou encore l’appartement des souverains au château de Rambouillet.

Au rez-de-chaussée


INTRODUCTION


Les bouleversements consécutifs au premier conflit mondial entraînent l'émergence d'une société en quête de changements et de modernité.


Conscient de cette évolution, le Mobilier national parie alors sur une nouvelle génération d'ensembliers et de maîtres d'art proches de la Société des artistes décorateurs (SAD). C'est ainsi qu'André Arbus, Jules Leleu, Jean Pascaud, Suzanne Guiguichon, André Devèche, Gilbert Poillerat, Colette Gueden, Marc du Plantier, Janette Laverrière ou Raphaël Raffel sont appelés à écrire l'histoire de l'institution dans ces trois décennies du XX° siècle (1930-1960).


Chacun de ces décorateurs convoque avec brio, dans des formes nouvelles et audacieuses, l'art et la maîtrise des ébénistes, des menuisiers, des lustriers, des passementiers, mais aussi des gainiers, des tapissiers et des liciers qui font l'essence même du luxe à la française. Garant de ce patrimoine, le Mobilier national met ici à l'honneur le savoir-faire français.


C'est en véritable expert de la transgression avec son style « chic et décalé », empreint de références au théâtre et à la mode, que Vincent Darré a été invité par le Mobilier national à mettre en scène ces ensembles extraordinaires et ces grands noms de la décoration.



BUREAU ROGNON

Georges de Bardyère

Loupe d'amboine, ivoire (1933)

GME 7238


FAUTEUIL DE BUREAU

Georges de Bardyère

Loupe d'amboine, brocatelle rose (1933)

GMT 10782


LAMPE DE BUREAU

Jacques-Émile Ruhlmann

Métal chromé (1929)

GML 4619


VASE LUMINEUX RUHLMANN N°2

Jacques-Emile Ruhlmann (modèle), Jean Beaumont (décor)

Manufacture de Sèvres Porcelaine (1930)

GML 9576



L'ART DÉCO ENTRE AUMOBILIER NATIONAL


Guillaume Janneau, administrateur du Mobilier national, demande l'acquisition à partir de 1935 des premières pièces dites « Art déco ». Le mobilier du « premier Art déco » (1918-1925), encore plaisant avec ses décors de fleurs traités dans un goût anguleux, est délaissé par le Mobilier national. Celui-ci préfère des meubles d'un nouveau chic avec des formes simplifiées, plus géométriques, des lignes plus strictes et des décors sobres mettant à l'honneur des essences de bois tropicales ou locales, à l'image de ce bureau en loupe d'amboine.



AMBASSADES ET MINISTÈRES 

AU SERVICE DU RAYONNEMENT CULTUREL FRANÇAIS


Dans les années 1930, les ameublements des ministères sont le reflet d'un certain traditionalisme, avec une large place laissée au mobilier des XVII° et XVIII° siècles. Cependant, quelques lieux de pouvoir tels que le Palais de l'Elysée ou l'hôtel du ministère de l'Agriculture, rue de Varenne, sont partiellement redécorés dans une veine « classique-chic » qui s'harmonise avec les œuvres du passé.


Dans les ambassades, de grands programmes décoratifs exaltent la France et ses richesses comme l'illustre le projet de Gustave Jaulmes pour Washington. De vastes chantiers de construction et d'aménagement sont lancés tout au long de la période comme à Belgrade, Ankara et Ottawa dans les années 1930, puis à Helsinki, Sarrebruck et Prétoria dans les années 1950, afin d'affirmer la place de la France sur la scène internationale. Un soin particulier est apporté aux espaces de réception - salon, salle à manger et cabinet de travail de l'ambassadeur - qui servent tant de vitrines aux savoir-faire français et aux créations nouvelles de l'époque que de supports à la diplomatie et aux valeurs patriotiques.




PROJET POUR L'AMBASSADE DE FRANCE À WASHINGTON


Le 29 octobre 1929, alors que la série des quatre tapisseries des Fleuves de France est déjà en cours de tissage, Gustave Taulmes est amené à concevoir un ensemble plus vaste pour un salon d'apparat. Celui-ci est destiné à l'ambassade de France à Washington. Conçu comme une véritable propagande, le mobilier est réalisé sur le thème des Fleurs de France tandis que le tapis monumental arbore les symboles patriotiques.



LE MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE


Les commandes de l'État offrent aux décorateurs l'opportunité de concevoir des meubles résolument luxueux par l'emploi de matériaux nobles comme la laque, le galuchat ou le parchemin. Les bronzes dorés servant d'ornements, traites en véritables sculptures, reprennent dès lors une place prépondérante dans la conception du mobilier. André Arbus livre un ensemble pour l'hôtel de Villeroy et partage le décor de l'antichambre avec Charlotte Perriand, auteur de plusieurs photomontages.


Le ministre Georges Monnet et son épouse Germaine sont des figures clés dans la modernisation du ministère.



LA LÉGATION DE FRANCE À BELGRADE


Le chantier de construction de la légation est l'occasion pour la France de présenter les plus grands noms de la décoration française. L'ameublement du salon de réception est confié à Jules Leleu qui ordonne les fauteuils autour de tables et guéridons, caractéristiques de sa production. Pierre Devèche livre le mobilier de la salle à manger avec des fauteuils couverts de maroquin havane et des plafonniers d'une extrême nouveauté dus à Jeanne Dinet-Rollince et Paule Devèche-Bouvret.



1937
L'EXPOSITION INTERNATIONALE DES ARTS ET DES TECHNIQUES
APPLIQUES A LA VIE MODERNE

En 1937, Paris accueille l'Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne qui réunit quarante-quatre nations. Trente-et-un millions de visiteurs se pressent pour admirer les trois cents palais et pavillons spécialement érigés de la pointe de Pile-aux-Cygnes à la place de la Concorde en passant par le Trocadéro, le Champ-de-Mars et l'esplanade des Invalides.


L'Exposition offre à la France l'opportunité de soutenir et de valoriser son industrie du luxe par la promotion, entre autres, de la haute-couture, de la joaillerie et de l'art des décorateurs qui occupent une place prépondérante.


Présents dans plusieurs pavillons, les décorateurs travaillent de concert afin d'illustrer tant leur propre style que les considérations esthétiques du moment.


Chaque courant décoratif est représenté, du plus actuel au plus avant-gardiste, avec l'opposition naissante entre UAM (Union des Artistes Modernes) et SAD (Société des Artistes Décorateurs). La presse joue le rôle attendu de critique en livrant par ses témoignages ce que la décoration offre alors de plus réussi et de plus moderne.




PAUL FOLLOT (1877-1942)


Le décorateur puise dans un répertoire de formes modernes liées aux domaines de l'automobile, des chemins de fer, de l'aviation et des paquebots. Le bureau qu'il présente à l'Exposition de 1937 évoque les lignes d'une carrosserie de voiture, son fauteuil s'inspire des aménagements intérieurs des berlines.


BUREAU

Paul Follot

Acajou de Cuba, maroquin et métal blanc chromé (1937)

GME 8943

 

FAUTEUIL DE BUREAU

Paul Follot

Acajou de Cuba, métal blanc chromé et cuir (1937)

GMT 13292

 

GUÉRIDON

Paul Follot

Acajou de Cuba, verre, métal blanc chromé (1937)

GMIE8944



ÉTIENNE-HENRI MARTIN (1905-1997)


« Le fumoir de É.-H. Martin, édité par Soubrier, marie agréablement les rouges sombres, les laques d'or, les beiges. C'est une décoration à la fois opulente et légère ; on fait un sort au petit bar qui ressemble à un autel et à l'armoire à liqueurs qui ressemble à un tabernacle : c'est pousser un peu loin le culte de la bouteille. » Mobilier et décoration, 1937


BUFFET BAS

Étienne-Henri Martin / Soubrier (éditeur)

Bois laqué noir (1937)

GM5 9084/5

 

FAUTEUIL

Étienne-Henri Martin / Soubrier (éditeur)

Bois laqué noir et feutre (1937)

GME 9084/1

 

LA NATATION, LA PÈCHE, LE CANOTAGE

ENSEMBLE DE TAPISSERIES DE BASSE-LICE

Charles Martin

Manufacture de Beauvais

Laine

1932-1933

BEALVA3 1512773 Va



JULES LELEU (1883-1961)


« On ne peut terminer cet examen rapide des créations de Leleu sans parler d'un procédé dont il fait grand usage et qui est fort nouveau, je veux dire la glace décorée. Employée comme dessus de table ou pour les portes de bahuts, de bibliothèques, de dessertes, elle éclaire, égaie et colore les meubles, permet de leur conserver une fortune dépouillée, austère même, sans qu'il s'en dégage une impression de sévérité. » Art et décoration, 1937


TABLE DE SALLE À MANGER

Jules Leleu (bois) et Anatole Kasskoff (décors)

Loupe de noyer, métal argenté, verre gravé à l'acide et peint (1937)

GHE 9414






ETIENNE KOHLMANN (1903-1988)

 

La salle a manger occupe une place primordiale dans l'art des décorateurs qui dessinent des ensembles comprenant tables, chaises, consoles, dessertes et de grandes enfilades qui donnent toute la mesure à ces pièces de réception. Kohlmann propose ainsi ce meuble à quatre portes au volume imposant simplement animé en partie basse par une « jupe » aux lignes sinueuses. Le décor, axe sur le jeu des matériaux, est rehaussé par quatre poignées qui dissimulent astucieusement les entrées de serrure.



ETIENNE KOHLMANN (1903-1988)

Meuble à 4 portes



Les Luminaires

Sont exposés une série de luminaires de l'Exposition des Arts et Techniques de 1937 à Paris, jamais montré depuis.

A la conquête de la lumière

 

L'Exposition de 1937 offre une place prépondérante aux innovations liées à l'électricité. Véritable conquête technique, ce nouveau vecteur de l'énergie est mis en scène au Pavillon de l'Électricité et de la Lumière, où le phare d'Ouessant, d'une portée de 80 km, semble éclairer le monde. Dans le domaine de la décoration, la lumière électrique n'est plus seulement réservée aux lampes, appliques et lampadaires mais peut être astucieusement intégrée à une vitrine ou servir à Illuminer une table pour un effet spectaculaire.


Perzel, Renon, Sabino, P. Genet & L. Michon sont autant de fabricants qui réinventent l'éclairage domestique. Les lignes sont pures et la lumière rationalisée. Comme une constante, les créateurs démultiplient les sources d'éclairage et jouent des effets lumineux. Les décorateurs réfléchissent la lumière par le prisme des matières. Le verre, qu'il soit dépoli, opalin, taillé ou traité à l'acide, aide à la fois à dissimuler la source électrique et à diffuser la lumière de façon uniforme. Quant au métal, traité en mat ou brillant, il sert à réfléchir autant qu'à souligner les formes modernes, conçues dans une quête assumée de la ligne parfaite.




TABLE LUMINEUSE

Marcel Bergue

Alliage ferreux et alliage cuivreux dorés, cuivrés et peints, verre et contreplaqué avec finition en érable moucheté (1937)

GML 5490




PAIRE D'APPLIQUES

Baguès

Cuivre verni et verre opalin

1937

GML 5463/1 et 2




LUSTRE

Galey frères

Cuivre doré et émaillé, verre (1937)

GML 5476/1

 

PAIRE D'APPLIQUES

Galey frères

Cuivre doré et émaillé, verre (1937)

GML 5476/2 et 3



PLAFONNIER

Renon

Laiton patiné, doré et émaillé, verre (1937)

GML 5487/3

 

PAIRE D'APPLIQUES

Renon

Laiton patiné, doré et émaillé, verre (1937)

GML 5487/1 et 2




TORCHERE

Philippe Genet et Lucien Michon

Acier, laiton patiné et verre (1937)

GML 5497


Philippe Genet (1882-?) et Lucien Michon (1887-1963)

« L'art de l'éclairage constitue, sans doute, le département des arts appliqués où s'élaborent les solutions les plus ingénieuses et les plus neuves. Genet et Michon peuvent être comptés parmi les décorateurs qui ont apporté les plus heureuses données dans cette question du luminaire. »

Mobilier et décoration, 1937




PAIRE D'APPLIQUES
Louis Gigou
Bronze patiné, métal chromé, verre, miroir (1937)



PLAFONNIER CARRÉ

Jean Perzel

Métal chromé et verre opalin rose (1930)

GML 5485/4







VASE LUMINEUX

Georges Béal

Métal argenté poli (1937)

GML 5464


A l'étage


SOUTENIR LES ARTISTES DÉCORATEURS

UN LUXE DE PRÉCAUTION EN TEMPS DE GUERRE


Pressentant la guerre, les Manufactures nationales sont transférées dès 1939 à Aubusson, tandis que le Mobilier national déménage ses collections les plus précieuses loin de Paris. Le déplacement du gouvernement à Vichy entraîne la fermeture de l'Élysée et des ministères.


L'administration du Garde-meuble navigue alors entre zone libre et zone sous occupation allemande.


Le choc de la guerre et le bouleversement politique qui en résulte n'empêchent pas, toutefois, l'acquisition d'un mobilier extrêmement raffiné. La crise économique engage l'Etat dans une politique de soutien à l'industrie du luxe. Le mobilier reste en effet au premier plan des richesses nationales. Des crédits sont alors débloqués pour l'acquisition - à prix avantageux - de quelques-unes des pièces « signature » des décorateurs alors en vogue tels Eugène Printz, Maxime Old et Jacques Adnet.


En parallèle à ces achats de prestige, les frères Devèche promeuvent les valeurs de la propagande du régime de Vichy. Les restrictions sur les bois exotiques, difficilement importables, et sur le métal, alors réservé à l'armement, conditionnent les nouvelles lignes de mobilier. Austérité des décors, retour aux bois indigènes et aux meubles massifs témoignent d'un nouveau style de vie tourné vers une ruralité sublimée.











Meuble en galuchat


Vidéo sur la restauration du meuble en galuchat






LA RENAISSANCE DE RAMBOUILLET

UN CHÂTEAU DÉDIÉ À LA MODERNITÉ


Plusieurs artistes-décorateurs, dont André Arbus, Suzanne Guiguichon, Genès Babut et Pierre Lucas sont appelés en 1946 à œuvrer sur le chantier de restauration du château de Rambouillet, haut lieu de la diplomatie française. Les espaces destinés aux hôtes de marque, tels le salon des marbres ou les chambres situées dans la tour François Ier, selon les nouvelles considérations décoratives sont aménagés.


La figure d'André Arbus - qui jouit alors d'une grande notoriété - joue un rôle capital dans cette démarche de renouveau des arts décoratifs français d'après-guerre. Réel ensemblier, il orchestre la décoration comme un tout cohérent, où chaque objet se répond et se complète dans une parfaite harmonie.


Respectueux de l'identité historique du château, Arbus aménage la chambre de la tour François Ier sur le thème de la Renaissance: la sphère armillaire réalisée par Poillerat évoque les travaux de Galilée, le meuble à estampes rappelle le goût, au XVIème siècle, pour les collections de gravures, tandis que le meuble à deux corps de Jean-Charles Moreux reprend un vocabulaire formel et ornemental typiquement renaissant.


D'une grande érudition, le décorateur use et abuse de ces références au passé qu'il modernise et interprète de façon audacieuse et tout à fait originale pour un château résolument ancré dans son temps.







L'ÉLYSÉE AURIOL

LE CHOC DE LA MODERNITÉ


L'arrivée de Vincent Auriol, le 16 janvier 1947, à la présidence de la IVème République inaugure un vaste chantier de rénovation du palais de l'Elysée. L'enjeu est d'y introduire la modernité tout en conservant la théâtralité nécessaire à la représentation du pouvoir politique. Le couple présidentiel, grand amateur d'art et de décoration contemporaine, investit les lieux et signe pendant sept ans une nouvelle page de l'histoire esthétique de l'Élysée.


Dans les espaces officiels, dits « d'apparat », une communion entre les décors historiques et les pièces modernes s'opère.


Les ensembles mobiliers hérités des aménagements du XVIIIème siècle au Second Empire sont conservés comme symbole d'une France puissante, mais complétés par quelques meubles correspondant au nouveau style de vie. Les meubles modernes dialoguent avec les anciens, s'inspirent des motifs des boiseries ou des tapis pour finalement s'effacer dans le décorum.


C'est dans les espaces privés que l'irruption de la modernité est la plus sensible. Plusieurs projets sont envisagés pour les quatre pièces du premier étage destinées aux appartements privés du Président. Réservés à un public restreint, ces espaces vont subir de plus amples transformations. Les boiseries historiques sont dissimulées par de larges panneaux de bois plaqué permettant de mettre en lumière des pièces majeures de la production contemporaine.


Des grands salons d'apparat aux sphères les plus privées, telle la salle de bains présidentielle, on ne peut que souligner l'élégance et le luxe accordés aux décors où rien n'échappe à la modernité souhaitée par le couple Auriol.






LE PAVILLON DE CHASSE DE MARLY

ENTRE LUXE, CALME ET VOLUPTÉ


Le pavillon de Marly, situé non loin de Paris, s'inscrit dans la grande entreprise de restauration et de valorisation des résidences présidentielles qui s'opère à la fin des années 1940. La salle à manger est alors conçue dans un style « campagne-chic » en adéquation avec le lieu.


Jacques Fillacier, artiste-cartonnier, réalise en 1945 les modèles pour trois tapisseries et une série de douze garnitures de chaises avant même de connaître la structure destinée à les accueillir. Cet ensemble, tissé à Beauvais de 1946 à 1948, est imaginé sur le thème de la moisson, idéal pour la campagne, avec la représentation de paysans aux champs entourés de blé, d'orge et d'avoine, le tout mis en majesté par l'emploi d'un fond rouge puissant rehaussé de noir.


C'est en 1949 que Gilbert Poillerat est appelé à créer un décor total comprenant chaises, table, console, lustre et appliques réalisés en métal patiné et partiellement doré.


Il opte pour un style néoclassique actualisé empreint de références aux demeures pompéiennes et aux productions mobilières des XVII° et XVIII° siècles. Si le choix du métal répond à un esprit de robustesse, le ferronnier d'art pousse la technicité à son paroxysme en proposant des chaises et des luminaires aux structures fines, presque précieuses, qui viennent contraster avec l'imposante table centrale. L'emploi parcimonieux de la dorure - toujours légèrement patinée - ainsi que la sobriété des formes contribuent parfaitement à l'esprit de luxe attendu pour cette résidence.


Retiré de Marly dès 1955, cet ensemble demeure l'un des plus beaux de cette période aujourd'hui conservé.



1950 CHIC ET PRATIQUE

DE LA DÉCORATION AU DESIGN


La révolution sociale qui s'opère dans les années 1950, liée à l'essor de la société de consommation, voit l'émergence du businessman. Avec lui, les bureaux se réinventent et deviennent un espace de la vie quotidienne. L'élan d'après-guerre pour les grands ensembles traditionnels se tarit peu à peu au profit de meubles plus confortables, interchangeables et surtout plus avant-gardistes, à l'image du mobilier de Marc du Plantier.


La période reste néanmoins marquée par l'ambivalence entre une vision traditionnelle et une inflexion vers le design alors en plein essor. Se côtoient ainsi des décorateurs comme Suzanne Guiguichon ou Edgar (une erreur s’est glissée dans le panneau il s’agit en fait de Jacques) Quinet, tournés vers une clientèle classique, et d'autres comme Janette Laverrière, dont le mobilier s'adresse à cette nouvelle société plus encline à la mode.


La montée en puissance de l'Union des artistes modernes (UAM) avec Jean Prouvé, Le Corbusier et Charlotte Perriand bouscule le monde des décorateurs qui, comme Raphaël Raffel, flirte désormais avec le design. Les formes se simplifient, les lignes sont plus graphiques, les meubles deviennent plus sculpturaux, et l'aspect utilitaire conditionne à présent l'esthétique du mobilier.


Le décorateur laisse place peu à peu au designer. Le chic doit désormais rimer avec pratique.