1986-1999, 14 ANS DE LANGUE DE BOIS
Dès les débuts de son existence l'Association de Sauvegarde de la Villa Cavrois a interpellé les responsables et décideurs concernés par le sort de ce monument historique. Chaque année l'association diffusait une revue de presse rassemblant les articles parus sur le sujet. La lecture de ce document intitulé 1986-1999, 14 ans de langue de bois, se passe de commentaire.
Jacques Chirac, alors premier Ministre et maire de Paris. Avant-propos de « Rob Mallet-Stevens, Architecture, Mobilier, Décoration », Action artistique de Paris, Philippe Sers éditeur, Paris 1986 :
« Aux sources de l'architecture française contemporaine se dresse Mallet-Stevens, injustement tombé dans l'oubli. Représentatif du Mouvement moderne des années 1920-1930, il s'affiche international contre les régionalistes, artiste complet donc architecte d'intérieur et d'extérieur, créateur de mobilier, d'objet d'art et de décor de cinéma (...) A une époque où l'œuvre de Mallet-Stevens reprend tout son sens, je suis particulièrement heureux que la ville de Paris lui rende le juste hommage d'une exposition… ».
Jean Cavrois dans la Voix du Nord du jeudi 13 juin 1986 :
« En 1986, je me suis rapproché des collectivités locales. Le prix de vente n'était pas élevé. Ces messieurs m'ont informé qu'ils n'étaient pas preneurs de cette maison ».
Jean Paul Detroy, journaliste dans la Voix du Nord des dimanche 15 et lundi 16 février 1987 :
« La Villa Cavrois à Croix : sauvée ».
Délibération du Conseil Général du Nord de juin 1989 dans la Voix du Nord des dimanche 25 et lundi 26 novembre 1990 :
« Acquisition et l'aménagement de la Villa Mallet-Stevens, ainsi que le jardin qui la borde, en lieu d'expositions d'art contemporain ».
Francis Debeunne, Maire de Croix dans Nord Éclair du samedi 25 août 1990 :
« Il n'est pas question de détruire le bâtiment. Un permis de démolir est délivré par le maire. Voilà qui enlève déjà une menace sérieuse : le naufrage ne semble pas inéluctable. Tout est encore réparable ».
Jean Yves Méreau, journaliste dans la Voix du Nord du samedi 17 novembre 1990 :
« La Villa Cavrois sur la voie de la résurrection ».
Jean Pierre Willot dans Nord Éclair des dimanche 25 et lundi 26 novembre 1990 :
« Nous avons toujours voulu préserver et restaurer la villa ».
Francis Ampe, Directeur de l'Agence de Développement et d'Urbanisme dans Nord Éclair des dimanche 25 et lundi 26 novembre 1990 :
« Notre objectif et le souhait du président Pierre Mauroy, c'est de nous installer au cœur de la métropole dans site de qualité et dans un lieu interpartenarial. Si cela peut contribuer à sauver un patrimoine immobilier dans un lieu central, tant mieux. Nous travaillons actuellement à cet objectif. C'est le seul monument de la métropole connu dans le monde entier : il figure dans toutes les études d'architecture ! Mallet-Stevens est un architecte célèbre, la maison Cavrois est un modèle. On achète actuellement un Chardin au musée de Lille : et pourtant Chardin n'est pas lié à l'histoire de la métropole. La villa de Croix, elle, l'est. C'est bien plus qu'une opportunité : c'est notre histoire ! C'est presque un scandale que personne, ni la commune, ni aucune institution n'ait pu jusqu'à présent la préserver même si beaucoup s'en préoccupent ».
Décret ministériel en date du 12 décembre 1990 :
« Est classée en totalité parmi les monuments historiques, pour être mise en état, la villa Cavrois… ainsi que son environnement immédiat (terrasse, piscine), la maison du gardien, les dégagements circulaires pour l'accès en automobile, l'emplacement de l'ancien miroir d'eau actuellement comblé et des allées l'encadrant figurant au cadastre... ».
Le Métro janvier 1991 :
« Villa Cavrois, le « paquebot » ne coulera pas ».
Bernard Derosier, Président du Conseil Général du Nord dans Nord Éclair le 29 janvier 1991 :
« J'ai vu le président de la Communauté Urbaine de Lille : ou c'est lui, ou, c'est nous ».
Bernard Derosier, Président du Conseil Général du Nord dans la Voix du Nord le samedi 2 février 1991 :
« Il reste de l'œuvre de Mallet-Stevens un témoignage fantastique, un chef d'œuvre de modernité reconnu à travers le monde, comme un moment héroïque et un morceau de bravoure de l'architecture du XXe siècle : la Villa Cavrois de Croix. Il nous appartient aujourd'hui de faire revivre cette villa, pour ce qu'elle incarne : la modernité et la complémentarité des arts. L'acquisition et le projet d'aménagement de cette villa sera l'un des témoignage de la vitalité créatrice et de l'identité nouvelle de notre département ».
Pierre Mauroy, Président de la Communauté Urbaine de Lille. Correspondance le 22 mars 1991 :
« J'ai demandé à l'agence de Développement et d'Urbanisme de la métropole d'examiner les possibilités de faire rentrer la villa Cavrois dans le patrimoine de la Communauté Urbaine, afin d'en assurer la sauvegarde et la réutilisation ».
Christian Dupavillon, Directeur du Patrimoine. Correspondance le 4 avril 1991 :
« J'ai le plaisir de vous faire savoir qu'un accord a pu être trouvé entre le propriétaire et les services déconcentrés du Ministère de la Culture placé sous l'autorité de M. le Préfet de région, pour financer une intervention minimum de sécurité et de sondage. Ces travaux d'un montant global de 262 000 F financés par l'État à 50 % comporteraient des opérations de mise hors d'eau, une campagne anti-effraction complète en murant l'ensemble des ouvertures ainsi qu'une série de sondage sur l'étanchéité du béton et des parements ».
Jacques Donnay, Président du Conseil Général du Nord dans la Voix du Nord du jeudi 3 juin 1993 : « Le Conseil Général n'est plus intéressé par l'acquisition de la Villa Cavrois ».
M.E.B. (?), journaliste dans la Croix magazine Nord/Pas-de-Calais du 4 juin 1993 :
« M. J. Donnay a tenu à souligner son intérêt pour la question ajoutant que le Conseil Général s'associerait sans aucun doute à une action collective des instances concernées auxquelles pourrait s'adjoindre un partenariat privé ».
Jacques Donnay, Président du Conseil Général du Nord dans la Voix du Nord des dimanche 6 et lundi 7 juin 1993 :
« Nous ne sommes pas engagés pour cet achat, que cela soit bien clair ».
Nord Matin du 17 juin 1993 :
« Villa Mallet-Stevens : la DRAC va protéger le monument ».
Etienne Poncelet, Architecte en Chef des Monuments Historiques dans la revue D'Architectures n°37 juillet/août 1993 :
« Avant même que des mesures de protection soient officielles j'avais déposé une étude préalable afin de mettre la maison en sécurité. Il s'agissait juste de travaux d'urgence en vue de préserver l'édifice de la ruine et du vandalisme. Une somme modeste aurait suffi, alors, pour la mettre en sécurité et mieux connaître son état. Sitôt après le classement ces travaux auraient permis de geler la situation en l'état de 1991 ».
Anne-Sophie de Bellegarde, cabinet du Ministre de la culture. Correspondance du 3 février 1995 : « Vous avez bien voulu faire parvenir au ministère de la Culture et de la Francophonie un courrier concernant la situation de la Villa Cavrois. J'ai l'honneur de vous faire connaître que cette question relève plus particulièrement des attributions du Directeur du Patrimoine, Ministère de la Culture 3, rue de Valois 75001 PARIS. Votre correspondance lui a donc été transmise pour examen. Ses services ne manqueront pas de vous tenir informer de la suite réservée à votre demande ».
Pierre Mauroy, Sénateur-Maire de Lille, ancien Premier Ministre. Correspondance du 13 mars 1995 : « Des initiatives, nombreuses, ont été prises ces dernières années pour tenter sauver la Villa Cavrois. Des partenaires privés, des collectivités publiques, dont la Communauté Urbaine de Lille, ont élaboré des projets dont aucun n'a pu malheureusement à ce jour trouver de débouché opérationnel, faute la plupart du temps de moyens financiers suffisants, de définition d'un usage suffisamment abouti, ou de pouvoir trouver un accord sur les conditions d'acquisition raisonnables de l'immeuble.
La mobilisation autour de ces projets a toutefois permis la mise en œuvre de mesures de sauvegarde qui concernent à la fois les aspects réglementaires au titre des documents d'urbanisme, des mesures de classement tant pour la villa que pour ses jardins. La Direction Régionale des Affaires Culturelles a par ailleurs réalisé d'importants travaux de pré-sauvetage tant en matière de protection contre l'intrusion pour éviter la poursuite du pillage, que d'étanchéité : protection des acrotères, reprise des écoulements d'eaux pluviales... La Communauté Urbaine de Lille ne peut s'investir directement dans un programme de sauvetage définitif de la Villa Cavrois puisque l'établissement public n'a pas compétence pour intervenir dans le champ culturel. Je reste toutefois vigilant sur l'émergence de projets que la Communauté Urbaine pourrait accompagner dans le cadre de ses compétences.
René Vandierendonck, maire de Roubaix dans Nord Éclair du 15 avril 1995 :
« Je suis scandalisé de l'état de délabrement dans lequel se trouve actuellement la villa Mallet-Stevens de Croix a déclaré vendredi midi le maire de Roubaix, Mr Vandierendonck, lors de l'assemblée générale de l'agence d'urbanisme. Ce faisant, il entendait inciter la communauté urbaine à affirmer une volonté politique et financière pour sauver cette œuvre architecturale (...) ».
Jacques Toubon, Ministre de la Culture et de la Francophonie. Réponse à une question écrite au Sénat, avril 1995 :
« Si aucune possibilité d'accord sur des bases acceptables n'est trouvé, le Ministère de la Culture et de la Francophonie engagera les procédures coercitives prévues par la loi pour assurer la sauvegarde du patrimoine historique national ».
Jacques Toubon, Ministre de la Culture et de la Francophonie. Correspondance du 24 avril 1995 :
« J'ai l'honneur de vous informer que depuis l'entrée en vigueur du décret de classement, mes services ont apporté une attention soutenue à cet édifice compte tenu de la carence totale du propriétaire. Il apparaît toutefois que les actions ponctuelles d'entretien dont la villa a fait l'objet sont aujourd'hui insuffisantes pour assurer sa conservation. C'est pourquoi, je suis bien décidé à mettre en œuvre toutes les procédures adéquates que contient la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques pour faire cesser cette situation d'incurie ».
Philippe Douste-Blazy, Ministre de la culture dans la Voix du Nord du jeudi 14 septembre 1995 :
« Je partage entièrement votre sentiment. Cet état d'abandon me préoccupe beaucoup, et je suis prêt à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sauvegarde de la villa : c'est un des témoins majeurs de l'architecture des années trente. La villa et son jardin ont été classés parmi les monuments historiques en 1990 par décret du Conseil d'État, afin de les sauvegarder du projet de démolition de son propriétaire. Depuis, l'absence totale d'entretien a conduit la direction du patrimoine à intervenir pour éviter notamment toute effraction. Les différentes propositions d'achat émanant par exemple de la communauté urbaine de Lille n'ont pu aboutir en raison du prix élevé demandé par le propriétaire.
Faute de solution garantissant la conservation de la villa Cavrois, je suis désormais déterminé à mettre en œuvre toutes les procédures contraignantes que prévoit la loi de 1913 sur les monuments historiques pour faire cesser cette situation d'incurie : j'envisage des travaux d'office voire une expropriation au profit d'une collectivité locale Ma détermination est sans faille. Tous ceux qui, comme moi, partagent mon amour de cette part précieuse de notre passé la comprendront, soutiendront, la feront connaître ».
Roger Barrié, directeur régional des affaires culturelles. Correspondance du 4 décembre 1995 :
« Vous évoquez, dans votre récent courrier, les mesures contraignantes qui sont à la disposition de l'État pour la sauvegarde de la villa Cavrois. Des mesures appropriées sont actuellement mises en œuvre, selon une procédure juridique délicate qui me contraint, aujourd'hui, à ne pas vous apporter d'informations précises et concrètes. Soyez assuré qu'il n'y a, en l'espèce, aucune tentative d'éluder votre question sur les modalités d'application de l'action menée par l'État, mais simplement la volonté de garantir au mieux cette action ».
Le Figaro, mi-janvier 1996 :
« Or, en septembre dernier, le ministre de la Culture, Philippe Douste Blazy, interrogé par un journal régional, déclarait : J'envisage des travaux d'office, voire une expropriation au profit d'une collectivité locale. Quatre mois ont passé. La Villa Cavrois continue de tomber en ruines. Est-il donc si difficile de mettre en œuvre les procédures prévues par la loi de 1913 ? ».
Nord Éclair, vendredi 8 mars 1996 :
« Dans un communiqué daté de jeudi, M. Bernard Derosier, député socialiste, rappelle qu'il a interrogé le ministre sur le devenir de la villa et qu'il avait fait prendre en 1989, lorsqu'il était président du Conseil général, la décision de faire acheter la villa par le Département. M. Derosier n'oublie pas d'indiquer, au passage, que ce projet a été abandonné après le changement de majorité en 1992. Il déclare encore : Aujourd'hui c'est à l'état de prendre les mesures qui s'imposent... le ministre Douste Blazy a confirmé l'engagement de cette procédure sans pour autant donner des précisions sur le calendrier... ».
Michel Carnois, Maire de Croix. Correspondance du 9 juin 1996 :
« Le 2 avril, vous aviez sollicité de ma part l'organisation d'un tour de table des partenaires potentiellement intéressés à l'avenir de la villa. Cette démarche m'était apparue prématurée, compte tenu de l'avancement du dossier piloté par l'État, en la personne du Directeur Régional des Affaires Culturelles, Monsieur Barrié. Je suis en mesure aujourd'hui de vous annoncer que cette réunion pourra être programmée après l'été et que Monsieur le Directeur Régional des Affaires culturelles et moi-même en seront vraisemblablement les co-invitants. En effet, nous serons d'ici là fixés sur les suites concrètes de la procédure diligentée par les services de l'État, celle-ci étant dès à présent opérationnelle. Je ne suis pas en mesure de vous apporter d'autres précisions pour le moment mais, je ne manquerai pas de vous recontacter en temps utile ».
Maryvonne de Saint Pulgent directeur du patrimoine au ministère de la Culture, entretien avec Pascale Charpentier, journaliste à France culture, le jeudi 12 septembre 1996 à 13h40 :
« MSP : Voilà... Qu'est-ce que nous faisons pour la Villa Cavrois ? Nous cherchons désespérément une solution qui passe, il faut le dire, par le changement de propriétaire, c'est à dire la reprise de cette maison par quelqu'un qui s'en rendra digne ...
PC : Donc vous allez exproprier. C'est ce que le Ministre avait dit l'an dernier.
MSP : Le Ministre s'était déclaré prêt à employer les moyens les plus extrêmes, c’est à dire les plus contraignants pour forcer la propriétaire à entretenir, ou à se saisir de cette villa. Ce processus est engagé. Vous me posez la question à un moment tout à fait crucial puisque c'est lundi dernier que la commission supérieure des Monuments Historiques a adopté à l'unanimité un programme de travaux qui sera exécuté d'office, si le propriétaire refuse de les faire de son propre chef, par l'État, aux frais avancés du contribuable, mais que si le propriétaire refuse de payer sa part (ce qui est très probable) donnera lieu à une procédure d'expropriation comme c'est prévu par la loi de 1913. Ce programme est un programme qui n'est pas du tout un programme complet de restauration parce que ce programme complet de restauration représentera une vingtaine de millions de Francs en tout. Mais un programme de près de trois millions de Francs qui consiste à la mise hors d'eau et la restauration des terrasses qui fuient de façon dramatique ».
Maryvonne de Saint Pulgent, directeur du patrimoine au ministère de la Culture. Correspondance du 14 novembre 1996 :
« J'ai l'honneur de vous informer que la Commission supérieure des monuments historiques (section Travaux) a, lors de sa séance du 09 septembre 1996, émis un avis favorable à la mise en demeure du propriétaire de réaliser les travaux indispensables à la conservation de la villa. Ceux-ci font actuellement l'objet d'une évaluation précise avant notification. Cette démarche traduit, s'il en était encore besoin, la volonté du Ministre de la Culture d'agir pour assurer la préservation de ce monument. Elle révèle par la même occasion la faillite du propriétaire à l'assurer. En considération de votre engagement de longue date en faveur de la villa Cavrois, je vous invite à orienter désormais votre action d'une manière qui prenne en compte la situation telle que je viens de l'évoquer ».
Nord Éclair du 16 janvier 1997. Communiqué repris dans La Croix (27 janvier) et Autrement Dit (31 janvier) :
« Selon M. Vanneste, le ministre de la culture lui aurait annoncé qu'une mise en demeure (de faire des travaux ?) allait être adressée au propriétaire actuel (une société privée) et qu'un devis précis et un programme des travaux avaient été établis. (...) Le députe propose d'y installer le Centre d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE), une idée qu'il a soumise à la Direction régionale des affaires culturelle... et au Conseil Général ».
Alain Seban, Conseiller du ministre de la Culture. Correspondance du 20 mars 1997 :
« La villa Cavrois qui a été classée parmi les monuments historiques par décret de 1990, a fait l'objet de plusieurs projets émanant de la communauté urbaine de Lille ou de promoteurs privés. Ceux-ci n'ont jamais abouti en raison des exigences du propriétaire qui n'acceptait de céder la villa que s'il était autorisé à lotir le jardin... la villa qui n'est ni habitée, ni gardiennée, se dégrade d'année en année malgré les travaux de strict entretien réalisés par l'État à ses frais. Si aucune possibilité d'accord sur des bases acceptables n'est trouvée, le ministère de la Culture engagera les procédures coercitives prévues par la loi pour assurer la sauvegarde du patrimoine historique national ».
Monsieur le Préfet, séance plénière du Conseil Régional des 26 et 27 juin 1997 :
« Le ministère de la Culture a pris une initiative heureuse et à la fois ferme en forme de mise en demeure du propriétaire en mars 1997 d'effectuer les travaux d'urgence selon un principe de partage des coûts de ces travaux de 50 % pour l'État et de 50 % pour le propriétaire en question. Le propriétaire, comme c'est son droit a évidemment contesté devant le Tribunal Administratif. D’ores et déjà les choses sont un peu engagées... puisque la maison du gardien a été restaurée sans subvention mais avec la surveillance de l'ABF. Pour 1998, on programme selon la même procédure le même montant de travaux, si bien que, en principe, sous l'appréciation des Tribunaux Administratifs, on pourrait avoir l'achèvement du sauvetage de cette villa ».
Madame Catherine Trautmann, ministre de la Culture. Journal Officiel du 11 août 1997, débats à l'assemblée nationale (information reprise par Le Moniteur du 17 octobre 1997) :
« Le ministère de la Culture et de la Communication est déterminé à inverser la tendance constatée depuis deux ans au désengagement progressif de l'État dans le domaine de la conservation du patrimoine, de sorte que celui-ci puisse bénéficier des moyens indispensables à la sauvegarde des monuments, maintien des entreprises et de l'emploi. Dans cette perspective, l'effort financier de l'État devra porter vers les monuments dont l'état le justifie quelle que soit la qualité, publique ou privée, de leur propriétaire ».
Michel Rebut-Sarda, conseiller technique du ministère de la Culture. Correspondance du 17 octobre 1997 :
« Par arrêté en date du 6 mars 1997, le ministre de la Culture a mis en demeure le propriétaire de la Villa Cavrois de réaliser les travaux indispensables à la sauvegarde de l'édifice en application de l'article 9.1 de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques. conformément aux dispositions de ce même article, le propriétaire a déféré cet arrêté devant la juridiction administrative, ce qui a eu pour effet de suspendre la procédure jusqu'au jugement du tribunal de Lille. Le ministère de la Culture a toutefois demandé, compte-tenu du caractère d'urgence attaché aux travaux, à ce qu'il plaise au tribunal de statuer le plus rapidement possible ».
La Croix Nord/Pas-de-Calais du 13 février 1998 :
« En 1996, le ministre de la culture Philippe Douste-Blazy déclarait qu'il envisageait des travaux d'office, voire l'expropriation du propriétaire ; le directeur du patrimoine au ministère de la Culture affirmait elle aussi que l'on allait s'attaquer à l'architecture extérieure ».
Michel Delebarre, candidat de la liste de la « gauche rassemblée » aux élections régionales du 15 mars 1998. Correspondance du 28 février 1998 :
« Vous avez bien voulu, et je vous en remercie, attirer mon attention sur la Villa Cavrois de Robert Mallet-Stevens. Il s'agit d'un dossier que je suis depuis plusieurs années. J'apprécie les efforts de votre association pour essayer de sauvegarder cette villa, classée au patrimoine des monuments historiques à la fin des années 1990. Je regrette d'ailleurs que rien n'ait été entrepris à cette date, notamment par la ville de Croix pour enrayer la dégradation d'une des belles réalisations architecturales du 20ème siècle. (...) Notre patrimoine historique et culturel est l'un des tous premiers en Europe. Tout doit être mis en œuvre pour le sauvegarder et le valoriser. Il s'agit d'un engagement, que la liste de la Gauche Rassemblée que j'ai l'honneur de conduire, a pris pour la période 1998-2004. C'est dans le cadre de cet objectif, en liaison avec tous les partenaires, et en premier lieu l'État, que je suis disposé pour ma part à examiner le devenir de la Villa Cavrois. La préparation du futur Contrat de Plan État-Région offre une bonne occasion de procéder à l'examen de ce dossier.
Je suis disposé pour ma part, en cas de succès le 15 mars, à provoquer une réunion avec tous les partenaires potentiels de ce projet de sauvegarde, laquelle vous serez bien entendu associés, pour faire le point et voir les solutions possibles ».
Colette Codaccioni, ancien ministre, conseiller général, candidate de la liste « l'équipe Vasseur » aux élections régionales du 15 mars 1998. Correspondance du mois de mars 1998 :
« Votre lettre du 27 février concernant la Villa Cavrois a retenu toute mon attention. Comme vous le savez peut-être, je n'ai jamais mesuré mon soutien à ce dossier au Conseil Général du Nord. De plus, au Conseil Régional, la position de mes amis du groupe UPF a toujours été depuis 1992 de rééquilibrer l'intervention de la Région en faveur du patrimoine régional, quelque peu oublié. Force est de reconnaitre qu'ils n'ont pas été entendus car le "patrimoine" reste un domaine peu soutenu par la Région Nord-Pas-de-Calais qui consacre 85 % de ses subventions culturelles au spectacle vivant.
La cause que vous détendez, la réhabilitation de la Villa Cavrois, est une noble cause, et je m'associe à votre combat.
Il me semble tout à fait regrettable que cette villa classée monument historique par l'État soit laissée quasiment à l'abandon. Je m'engage donc à soutenir le dossier de la Villa Cavrois auprès de la nouvelle assemblée Régionale qui sortira des urnes le 15 mars prochain ».
Marie-Christine Blandin, Présidente de Région, candidate de la liste « Écologie Solidarités Démocratie » aux élections régionales du 15 mars 1998. Correspondance du 4 mars 1998 :
« La Villa Cavrois représente, par son architecture et son histoire, un élément important du patrimoine contemporain dans notre région. Je suis résolument favorable à son maintien en déplorant les attitudes successives des propriétaires, riches et sans scrupules, et des collectivités locales directement intéressées trop passives et mal soutenues par l'État. Vous savez que le patrimoine ne rentre pas dans les compétences de la région et qu'il concerne le Ministère de la Culture et le Département du Nord. Nous sommes tout à fait disposés à contribuer à une réutilisation de la Villa qui assure sur le long terme sa restauration et son entretien ».
Jean-Louis Borloo, Député-Maire de Valenciennes. Correspondance du 11 mai 1998 :
« J'ai lu avec attention le courrier que vous m'avez adressé le 27 Février 1998 concernant la sauvegarde de la Villa Cavrois. Étant conscient du problème que vous soulevez, j'ai pris contact avec les services culturels du Conseil Régional qui, jusqu'à présent, n'ont pas été saisis d'une demande officielle.
C'est pourquoi je me permets de transmettre votre courrier à Monsieur Ivan Renar, Vice-Président de l'Exécutif Régional en charge de la Culture afin qu'il soit informé de votre action.
Nord Éclair du 16 septembre 1998 :
« Dernier épisode en date : le propriétaire du « paquebot », la SARL Kennedy Roussel, dont le gérant est Gilles Willot, a obtenu gain de cause devant le tribunal administratif face au ministère de la Culture. Il avait attaqué l'arrêté, qui, sur la base de la loi de 1913, lui enjoignait de faire des travaux de restauration (avec 50 % du coût pris en charge de l'État). Le tribunal a annulé l'arrêté estimant qu'il n'était pas suffisamment motivé. Cette décision remonte au mois de juin. Commentaire de M. Willot : Cela rappelle à tout le monde qu'il y a un propriétaire et qu'il peut être aussi constructif, pour preuve, la restauration de la maison du concierge... Il ajoute que le dialogue avec l'architecte des bâtiments de France et le directeur régional des affaires culturelles s'est, du coup, amélioré ».
Le Monde du 19 septembre 1998 :
« Gilles Willot déplore cette situation malheureuse : L'administration a refusé mes projets qui respectaient l'édifice Mallet-Stevens, et c'est à partir de 1990, c'est-à-dire quand la villa a été classée d'office par les Monuments Historiques, que le vandalisme s'est déchainé. Nous n'avions aucun moyen de la surveiller ».
Le Figaro des 19 et 20 septembre 1998 :
« Nous ne sommes pas la Croix-Rouge ! prévient Gilles Willot, l'un de ses membres (SARL Kennedy Roussel), la décision a été prise par les enfants Cavrois de diviser la villa. Mallet-Stevens ne se retournerait pas dans sa tombe si on y créait plusieurs appartements. A la demande de l'architecte en chef des Monuments Historiques, on a réhabilité la maison du gardien et nous y avons installé le siège de notre société. Je suis vendeur, mais personne n'est intéressé si la villa n'est pas divisible ».
Bernard Derosier, Président du Conseil Général du Département du Nord. Correspondance du 19 octobre 1998 :
« J'ai bien reçu votre carte attirant mon attention sur la nécessaire mobilisation des principaux acteurs politiques de la région pour mettre fin à la situation scandaleuse de la Villa Cavrois. Comme vous le savez, en d'autres temps et notamment en 1991, je m'étais employé à mettre en œuvre une action qui aurait consisté pour le Département du Nord et son Assemblée, le Conseil Général, à acheter l'immeuble afin de le remettre en état, puis d'en faire un lieu d'activité culturelle. L'alternance qui est intervenue en 1992 dans la majorité au Conseil Général, a amené mes successeurs à mettre fin à cette initiative.
A nouveau en charge des affaires départementales depuis le printemps dernier, j'ai considéré qu'il n'était plus raisonnable de reprendre ce dossier dans les mêmes conditions qu'en 1991. Néanmoins, je vais m'employer à obtenir des responsables politiques au niveau de l'État, de la Région et de la Métropole, qu'ils prennent en considération ce dossier.
Nord Éclair du 20 octobre 1998 :
« Villa-Cavrois à Croix : A une question de Jean-Michel Stiévenard (Villeneuve d'Ascq), le préfet a indiqué que la ministre Catherine Trautmann venait d'interjeter appel de la décision du tribunal administratif annulant la mise en demeure de faire réaliser des travaux. Il a suggéré que les collectivités locales intéressées par cette maison de 1932 classé « monument historique » s'entendent sur une réutilisation : pourquoi pas une vitrine de « Lille-2004 », capitale culturelle en Europe ? ».
Nord Éclair du 24 octobre 1998 :
« Un écho est venu de Jean-Michel Stiévenard, vice-président du conseil général ; il a écrit au préfet de région lui expliquant notamment : Monsieur le préfet, à moins de 450 jours de la fin du XXème siècle, il apparaît nécessaire de prendre une nouvelle initiative pour que cet élément de notre patrimoine commun puisse être conservé ».
Autrement dit du 13 novembre 1998 :
« Jean-Michel Stiévenard, vice-président du Conseil général du Nord à Alain Ohrel, préfet de région : Cette villa construite par l'architecte Mallet-Stevens en 1932 est emblématique au point qu'elle fait partie du patrimoine de l'humanité et de notre patrimoine collectif. Classée Monument Historique en 1991, elle fut pourtant abandonnée, pillée, vandalisée : une nouvelle initiative s'avère donc nécessaire ».
Pierre Mauroy, Sénateur-Maire de Lille, Ancien Premier Ministre. Correspondance du 30 novembre 1998 :
« Vous avez récemment de nouveau appelé mon attention sur le devenir de la villa Cavrois, élément essentiel de notre patrimoine local qui, depuis de nombreuses années, subit d'importantes dégradations. Sachez que c'est une situation que je déplore également. Malheureusement la Communauté Urbaine de Lille n'a ni les compétences, ni les moyens de remédier seule à cet état de fait, et il ne m'a donc pas été possible, jusqu'à présent, d'intervenir directement sur le devenir de cet immeuble. Au début des années 90, le Conseil Général du Nord était sur le point d'acquérir cet ensemble pour le restaurer, mais le changement de majorité politique qui s'est alors opéré a empêché l'aboutissement de ce projet. Aujourd'hui, et dans la perspective de l'année 2004 où Lille sera capitale européenne de la culture, je vous informe que les collectivités territoriales et les services de l'État s'intéressent à nouveau à ce dossier. Soyez certain que dans un tel contexte, la Communauté Urbaine apportera sa contribution dans la mesure de ses possibilités. Je tenais à vous le faire savoir et dans l'espoir que ce dossier trouvera une solution ».
Pierre Mauroy, Président de la Communauté Urbaine de Lille. Compte rendu d'intervention au conseil communautaire du 18 décembre 1998 :
« Il serait paradoxal de préparer « Lille 2004 » c'est à dire Lille Métropole, sans apporter de solution à la lente agonie de ce patrimoine remarquable. Je crois que cela se retournerait contre nous, que ce serait vraiment un anachronisme par rapport à tout ce que nous faisons pour assurer une image de Lille Métropole que de ne pas prendre en considération la situation désespérée de cette villa. (...) Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que le coût sera élevé ».
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication en réponse à une question de Mr Ivan Renar, sénateur. Minutes du débat budgétaire au sénat du 5 décembre 1998 :
« Monsieur le sénateur, je me préoccupe personnellement de cette question, puisque j'en avais été saisie directement ; lors de mon arrivée au ministère par l'association qui défend la protection de ce bâtiment. Nous avons engagé de façon très intensive les discussions. vous savez que cette maison appartient à un propriétaire privé qui ne veut pas la vendre et qui a laissé se dégrader ce bâtiment. (...) Pour l'instant, les collectivités locales se sont réunies, et je me suis engagée à tout faire pour sauver cette villa, qui fait partie des constructions les plus remarquables du patrimoine du XXe siècle.
Il s'agit vraiment d'un des points les plus sensibles. je ne peux pas vous dire aujourd'hui que j'ai trouvé la solution miraculeuse pour faire céder ce propriétaire, mais j'espère que nous y arriverons ».
La Voix du Nord du 15 décembre 1998 :
« La situation est complètement débloquée, confiait hier soir René Vandierendonck.
Le maire de Roubaix pilote pour la communauté urbaine le dossier Lille capitale culturelle en 2004, dont la villa restaurée pourrait être un label et une vitrine. La nouveauté dans le dossier, c'est que le propriétaire est vendeur, explique pour sa part le préfet.
Gilles Willot, le gérant de la SARL Kennedy-Roussel, qui a racheté le prestigieux immeuble en 1986 se félicite pour sa part du nouveau climat en assurant qu'il n'a jamais été hostile à une vente et qu'il est ouvert à différentes pistes, publiques ou privées ».
La Voix du Nord du 18 décembre 1998 :
« Michel Carnois, maire de Croix, conseil municipal : Le maire a ouvert la séance par une communication sur la Villa Cavrois, (...) Tous les partenaires étaient d'accord pour dire que cet immeuble est le témoin d'une époque et qu'il faut le sauver a déclaré Michel Carnois. (...) Je pousse un soupir de soulagement... Croix sera partie prenante, à sa place, modestement, dans ce sauvetage ».
Nord Éclair du 18 décembre 1998 :
« Malgré ce climat tendu, les choses évoluent favorablement, a estimé M. Carnois. Le propriétaire est vendeur, les bâtiments de France ont revu leurs contraintes à la baisse et lundi, à la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), à la demande du préfet, la Communauté urbaine, la région, le conseil régional, la ville de Croix, l'État, sont tombés d'accord pour la sauver...
(...) Le maire est cependant confiant et a annoncé que dans l'opération de sauvetage Croix serait modestement partie prenante ».
La Voix du Nord du 19 décembre 1998 :
« Pierre Mauroy l'a confirmé hier soir : La CUDL rachète la Villa Cavrois. La Voix du Nord en parlait dès mardi, Pierre Mauroy l'a confirmé officiellement hier soir : la communauté urbaine de Lille va racheter la Villa Cavrois de Croix (près de Roubaix). (...) En préparation de Lille 2004 capitale culturelle, il eût été quelque peu paradoxal que nous laissions cette villa encore très belle livrée à elle-même, dira le président de la CUDL. Cette situation se serait retournée contre nous ».
La Voix du Nord du 19 décembre 1998 :
« Attention a prévenu Pierre Mauroy : Nous sommes prêts à faire un geste, mais il ne s'agit pas d'avancer sans garanties, d'acheter les yeux fermés.
Une commission sera chargée d'établir le coût de la réhabilitation et la destination ».
Nord Éclair des 20 et 21 décembre 1998 :
« Et pour ce qui est de la rénovation, Pierre Mauroy annonce qu'il a obtenu des accords de principe sur la participation de l'État (à 50 %), du conseil régional et du conseil général du Nord ».
Le Monde du 29 décembre 1998 :
« La Communauté urbaine de Lille a racheté la Villa Cavrois (...) Lille étant supposée devenir capitale culturelle de l'Europe en 2004, Pierre Mauroy a déclaré qu'il eût été paradoxal que nous laissions cette villa encore très belle livrée à elle-même. Cette situation, a-t-il précisé, se serait retournée contre nous. La Communauté urbaine rachète la villa 4 millions de francs, prix fixé par les Domaines, avec les apports des villes de Lille, Croix et Roubaix. Son avenir n'est pas fixé pour autant, le maire se méfiant à juste titre des déconvenues entraînées par les structures culturelles, et leur préférant un instrument de coordination de la ville, qui, selon La Voix du Nord, pourrait devenir une vitrine de la métropole.
Dans tous les cas, l'opération sera coûteuse, entre les travaux de restauration et d'adaptation de la villa à ses futures fonctions ».
Libération du 31 décembre 1998 :
« Il eût été quelque peu paradoxal que nous laissions cette villa encore très belle livrée à elle-même. Cette situation se serait retournée contre nous, a ainsi déclaré Pierre Mauroy. (...) Le maire de Lille a néanmoins donné quelques indications : il souhaiterait en faire une vitrine de la métropole à vocation plus économique que culturelle ».
Pierre Mauroy, Président de la Communauté Urbaine de Lille dans le Figaro du vendredi 1er janvier 1999 :
« En préparant la ville comme capitale culturelle en 2004, il eut été paradoxal que nous laissions cette villa encore très belle livrée à elle-même. Cette situation se retournerait contre nous ».
Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier au 4 février 1999 :
« Après des années de tergiversations, la communauté urbaine de Lille vient d'acquérir pour quatre millions de francs la Villa Cavrois, à Croix (Nord), construite par Robert Mallet-Stevens entre 1929 et 1932 ».
Bernard Krieger, journaliste, dans Nord Éclair du 27 avril 1999 :
« Pierre Mauroy semble estimer maintenant que la restauration n'est plus possible, étant donné l'état de dégradation du monument historique. Mieux vaudrait la reconstruire selon lui. En tout cas, il veut tout remettre à plat ».
Gilles Willot dans la Voix du Nord du jeudi 29 avril 1999 :
« Il est vrai que la villa se détériore, vrai également que c'est un bien immobilisé, donc couteux. Je sais que mes interlocuteurs ont le même souci que moi de sortir de l'impasse mais j'ignore d'où vient le blocage ».
Services de la Communauté Urbaine de Lille dans le Figaro du dimanche 6 juin 1999 :
« La demeure n'a pas encore été achetée (...) les journalistes ont été un peu rapides ».