Préambule
Huit sièges entreposés dans la chambre jaune dans l'attente
de la mise en place de l'exposition.
De gauche à droite : Miss Blanche, 1989, Shiro Kuramata, Ed. Kokuyo, Fauteuil Wassily, B3, 1925-1927, Marcel Breuer, Ed. Kroll, Fauteuil Richard III, 1982, Philippe Starck, Ed. Valeri, Chaise DSW, 1848, Charles et Ray Eames, Ed. Vitra, Chaise Panton, 1959, Verner Panton, Ed. Vitra, Chaise Tour Eiffel DKR, 1951, Charles Eames, Ed. Vitra, Chaise Solid C2, 2004, Patrick Jouin, Ed. MGX by Materialise et Fauteuil Tulip, 1956, Eero Saarinen, Ed. Kroll.
De gauche à droite : Miss Blanche, 1989, Shiro Kuramata, Ed. Kokuyo, Fauteuil Wassily, B3, 1925-1927, Marcel Breuer, Ed. Kroll, Fauteuil Richard III, 1982, Philippe Starck, Ed. Valeri, Chaise DSW, 1848, Charles et Ray Eames, Ed. Vitra, Chaise Panton, 1959, Verner Panton, Ed. Vitra, Chaise Tour Eiffel DKR, 1951, Charles Eames, Ed. Vitra, Chaise Solid C2, 2004, Patrick Jouin, Ed. MGX by Materialise et Fauteuil Tulip, 1956, Eero Saarinen, Ed. Kroll.
On devine à l’extrême gauche le fauteuil Louis Ghost, 2001,
Philippe Starck, Ed. Kartell et à l’extrême droite le siège Teorema, 1969,
Claude Courtecuisse. Ed. Cattaneo.
La chaise appartient à l'immense réseau des objets
figuratifs d’une civilisation, elle en est le meilleur miroir. Les designers
lui ont gardé son aspect fonctionnel tout en lui associant des perceptions
tactiles, visuelles, sensuelles, artistiques et poétiques. Le siège peut
acquérir un statut de « pseudo meuble », de sculpture minimaliste, d’objet
d’art ou de Ready Made dans la lignée de Duchamp.
Castiglioni, designer italien, récupère et réemploie des
sièges de tracteur (Tabouret Mezzadro 1957) de bicyclette (SiègeSella 1957). La
chaise propose plus qu’une fonction, un manifeste, à la fois discours critique
et humoristique sur la forme plastique, sur la production de l’époque et
questionnement sur nos comportements.
Le piétement en tubes métalliques fait référence directe à
ceux utilisés par Nemo ou Eames, alors que Pesce privilégie la résine, Panton
le plastique et le moulage et Gilardi le polyurèthane pour des assises molles,
plus tactiles.
La chaise de Gilardi se teinte de surréalisme devenant galet
de plage, champ de choux (Tappeti Natura 1968). Ces fragments de nature
provoquent un certain malaise physique quand la situation de s’y asseoir se
présente.
La fonctionnalité et les conventions cèdent ici le pas à la
création pure et ne répondent plus à la vocation du siège, à ses fonctions et à
l’ergonomie. Les chaises sont de vrais trompe-l’œil piégeant nos sensations car
les galets sont mous, les choux se redressent au moindre contact.
Nemo présente Marino e Marini, cet intitulé est celui de
duettistes célèbres qui chantaient et dansaient le Cha Cha Cha (1965/66) ; ces
deux chaises indissociables illustrent le mouvement. Sièges dansants mis en
scène face à face comme un couple de danseurs exécutant des pas compliqués, ils
concrétisent l’instant arrêté, le va et vient visuel.
La fonctionnalité subsiste : simplicité, efficacité, confort
Léger, pour Kahönen, le siège utilise des matériaux issus de
la voile ce qui lui donne une grande facilité de manipulation, il s’ouvre et se
ferme et se transporte dans un sac. Hommage à la technologie, aérienne et
transparente, la chaise surnommée Tour Eiffel (1958) de C. Eames a une
structure en fils d’acier soudés.
La chaise Plia (1969) pliante, empilable de Piretti ajoute à
la fonction d’assise la préoccupation de l’espace et du rangement ; elle peut
s’accrocher au mur et devenir élément de décoration.
La chaise longue d’Archizoom s’associe au confort de la
position allongée, au farniente, aux loisirs, hélas la toile est si tendue
qu’elle ne peut recevoir le corps et il est évident que l’usager perturbé par
la proposition hésitera à s’asseoir.
Le discours est contestataire, revendiqué comme tel par ce
groupe de designers italiens, il entre dans la problématique de l’exercice du
pouvoir, de la position hiérarchique, du siège de l’autorité.
Le rôle social de la chaise
Philippe Starck fait la relecture de l’histoire et de la forme
plastique associées aux sièges ; celles des clubs de 1950 sont reprises dans
Richard III (1981) fauteuil réalisé pour un président de la république et à
double titre siége de pouvoir.
Ettore Sottsass vise moins haut bien que Tapis volant (1975)
réponde aux aspirations de s’élever, de voyager. Sans pour autant offrir au
siége la magnificence d’un conte oriental, les matériaux, constitués de bric et
de broc, jouent sur le mélange des styles et la culture de masse. Critique du
fonctionnalisme et d’une société de consommation, le concepteur choisit une
esthétique du mauvais goût, le tape à l’œil, le kitsch.
Rapport au corps privilégié
La chaise a une relation spécifique avec le corps qui ne la
subit plus avec le Sacco italien (1968), au contraire il en détermine sa ligne.
Surnommé la poire, à cause de sa forme, comme un tas de sable ou un cocon dans
lequel se lover, il s’adapte à tous les besoins, à tous les gabarits ; au ras
du sol, décontracté et convivial, il n’affiche aucune prétention historique ou
ergonomique.
L’osmose parfaite entre le corps et la chaise est réalisée
dans Djinn , les canapés de O. Mourgue, connus par le film de S. Kubrick 2001
Odyssée de l’espace, le corps est suspendu grâce à un jeu de courbes,
d’arrondis et d’ondulations permis par l’usage de la mousse injectée.
Panton part d’une feuille dépliée en zigzag, dérivée du
rocking-chair, la forme, à la fois convexe et concave, a la flexibilité et la
maturité de la ligne ondulante et engendre des balancements. La netteté du
dessin et la souplesse apportent au produit des qualités esthétiques et de
confort inédites.
Des chaises ou des sculptures : un statut ambigu
G. Pesce repousse la conception technologique et
standardisée du design, cherche à donner à l’objet une charge signifiante que
le modèle standard a tué. En individualisant l’objet, la série des chaises
Dalila (1980) ont toutes une particularité reliée à l’humain et l’utilisation
d’un moule en plâtre avant la réalisation évoque directement la sculpture.
F. Bauchet s’éloigne aussi du concept du Bauhaus " la
forme répond à la fonction "; il dessine, construit en associant entre eux
des parallélépipèdes massifs et colorés dans une sorte de montage archaïque et
monumental : Selletteà P. F. (1986) est un pupitre et aussi une chaise dédiée à
P. Favier, une des multiples dédicaces que ses meubles comportent afin de les
personnaliser.
Capitello (1965) présente une forme connue de l’histoire de
l’art, un chapiteau ionique en mousse de polyuréthane, archétype et vestige de
l’architecture classique. Sculpture ou siège sa fonction est indéterminée.
Du simple modèle de chaise pratique et fonctionnelle à la
structure esthétique et artistique chargée d’histoire, les designers contemporains
ont rivalisé d’inventions ; les nouveaux matériaux ont participé à cette
émancipation de l’objet usuel.
La collection du FRAC Nord Pas de Calais en est la
magnifique démonstration et reste à ce jour la plus riche et la plus
complète. Rendez vous sur le site pour voir toute la collection. Liliane Collignon.
La liste des sièges exposés
1) Siège Mezzadro, 1957, Pier Giacomo et
Achille Castiglioni, Ed. Zannata.
S'inspirant des ready-made de Marcel Duchamp, Achille et
Pier Giacomo Castiglioni transforment un siège de tracteur en un tabouret
d'intérieur qu'ils nomment Mezzadro (métayer), comme pour en rappeler
l'origine. Depuis son apparition au début du siècle, cette assise a déjà été
exploitée par d'autres designers, notamment par Benjamin Baldwin avec
sa Tractor Seat Chair vers 1953. Mais c'est Mezzadro qui
reste, aujourd'hui encore, l'un des grands classiques du design. L'assise, en
acier verni de couleurs vives (orange, rouge, jaune, blanc ou noir), repose sur
une lame souple en acier plat chromé. Ce pied, qui n'est pas sans évoquer les
amortisseurs des anciens sièges de tracteurs, est stabilisé par une traverse en
hêtre massif naturel. Celle-ci, dont la forme s'inspire d'un joug d'attelage,
sert aussi de repose-pied. Le système de fixation se résume à un simple écrou
papillon.
Présenté dans une première version à la Xe Triennale de
Milan en 1954, ce siège apparaît dans sa version définitive lors de
l'exposition " Couleurs et formes dans la maison
d'aujourd'hui " à la Villa Olmo à Côme en 1957. Jugé trop radical, il
n'est produit en série qu'à partir de 1971 par Zanotta, qui le réédite en 1983.
2) Siège Allunaggio, 1966, Pier Giacomo et
Achille Castiglioni, Ed Zanotta.
Atterrissage lunaire est une chaise conçue par Pier Giacomo
et Achille Castiglioni pour Zanotta en 1966. Caractérisée par des formes et
des composants simples et essentiels qui rendent l'objet léger et discret. Le
siège en alliage d'aluminium est suspendu sur trois pattes grêles en acier se
terminant par de petits pieds pour écraser la partie la plus faible possible de
l'herbe et lui donner un aspect ludique comme une grosse araignée qui hante le
jardin.
3) Chaise Trice Chair, 1987, Hannu
Kähönen, Ed. Moform.
Les Finlandais sont, véritablement, une nation du design,
perpétuant en ce domaine un long héritage, solidement ancré dans leur
existence. La promotion du design finlandais a vu le jour, au plan
international, dès 1875 ; le succès de ses icônes des années 1950 et 1960 a
échu en héritage aux générations cadettes de jeunes designers, plus
innovateurs, qui travaillent pour des marques de réputation internationale.
Designer industriel, nommé professeur d’art par le Conseil
des arts de Finlande, Hannu Kähönen est le fondateur et le PDG de Creadesign
Kähönen. Connu pour sa versatilité qui va du design stratégique à l’identité
d’entreprise et au design du produit, il s’est vu décerner par Design Forum de
Finlande, en 2009, le Prix du design Kaj Franck.
Parmi les travaux de Kähönen citons les verrous et les clés
Abloy, les bâtons de ski Exel et les trams et autobus à plancher bas
d’Helsinki. Kähönen appliquent volontiers cette approche « design pour tous »,
qui intègre l’accessibilité et les considérations environnementales au
processus du design. Comment garantir aux seniors qu’ils pourront vivre chez
eux le plus longtemps possible ? Quel sorte d’équipement est nécessaire aux
services de soin à domicile ? Le design de haute qualité contribue à la
sécurité des usagers et à leur bien-être.
4) Love me tender, 2000-2001, Didier Fuiza
Faustino. Ed. super-ette.
La chaise " Love me tender " est une édition limitée en acier inoxydable brossé
pour la société de meubles super-ette. Les tentatives de renverser l'idée de la conception,
provoquant ses faiblesses à travers des détails agressifs. netteté, la douceur
et la fluidité caractérisent la création. La notion de conflit s'exprime par la dichotomie entre
le titre et l'esthétique de la chaise.
Didier Faustino décrit son concept : " Un meuble et un foyer pour interrogatoire, « Love Me Tender »
vise à rendre le corps nouvellement conscient de ses gestes les plus
ordinaires. Un squelette d'une chaise dont les défauts apparents sont au
cœur de sa conception. Le corps prend possession d'un espace sur lequel il
laisse sa marque. La vie devient un minuscule mais très réelle attaque, un
moyen de signalisation son territoire ".
5) Chaise Panton, 1959, Verner Panton, Ed.
Vitra.
La Panton Chair est un classique de l’histoire du mobilier.
Conçue en 1960 par Verner Panton, un Danois vivant en Suisse, la chaise a été développée pour la production
en série en collaboration avec Vitra (1967). Elle fut la première chaise en
plastique moulée d’une seule pièce. Depuis sa commercialisation, elle a connu
plusieurs étapes de production. Il n’a été possible de la produire,
conformément à sa conception originale, que depuis 1999 - en matière plastique
durable, teintée dans la masse, avec une finition mate.
La structure en porte-à-faux alliée à une forme adaptée au
corps et à un matériau souple confèrent à la chaise un grand confort d’assise.
Elle s’utilise seule ou en groupe, à l’intérieur comme à l’extérieur. La Panton
Chair a obtenu de nombreux prix de design internationaux, et fait aujourd’hui
partie des collections permanentes de musées célèbres. Sa forme expressive en a
fait l’une des icônes du design du XXe siècle.
6) Fauteuil Sacco, 1968, Piero Gatti,
Cesare Paolini, Franco Teodoro, Ed. Zannata.
Piero Gatti, Cesare Paolini et Franco Teodoro, s'inspirant
des matelas garnis de paille en usage à la campagne, cherchent à concevoir en
1968 un siège à partir d'une enveloppe transparente remplie d'un matériel
inerte qui moulerait le corps, quelle qu'en soit sa position, assise ou
allongée. Ils aboutissent à un " non-siège " en forme de tas qui fait
fi des conventions. Sacco se veut anatomique, léger, mobile, multiforme et
multifonctionnel. Après avoir pensé à le remplir d'eau, ce qui le rendait trop
lourd, puis de petites balles de ping-pong, ils optent finalement pour une
douzaine de millions de billes de polystyrène dont le poids total ne dépasse
pas 3,5 kg. La forme en poire de l'enveloppe permet aux billes, sous le poids
d'une personne assise, de se répandre dans la partie supérieure, qui peut alors
servir de dossier et d'appui-tête. Mais Sacco peut tout aussi bien se
transformer en pouf, voire en une sorte de chaise longue.
Le PVC transparent de
l'enveloppe du prototype se révélant peu résistant, l'entreprise Zanotta qui
l'édite lui préfère le cuir ou le Telafitta, tissu enduit de PVC, décliné dans
une dizaine de couleurs vives. La première version manufacturée est présentée
en janvier 1969 à la Foire de Paris. La version définitive utilise des billes
en polystyrène expansé à haute densité pour éviter qu'elles ne s'écrasent. Ces
billes peuvent être changées grâce à une ouverture avec fermeture à glissière
ménagée à la base du sac.
Phénomène de mode symbole d'une génération à la recherche
d'un nouveau mode de vie, libre et nomade, Sacco recueille un immense succès.
Il est l'un des rares objets de " non design " à être édité en grande
série et à donner lieu à de multiples imitations. Il obtient le Compasso d'oro
en 1970, est présenté en 1972 au MoMA de New York dans l'exposition " Italy
: The New Domestic Landscape " et reçoit le prix de la Biennale de
Ljubljana en 1973. Encore édité aujourd'hui, il demeure l'exemple le plus
radical de remise en cause du modèle classique de siège.
7) Tapis volant, 1975, Ettore Sottsass,
Ed. Bedding Brevetti.
Ettore Sottsass, né en 1917 à Innsbruck en
Autriche, est considéré comme l'un des chefs de file du design.
A partir de 1968, il s'affirme, après de longues années de recherche,
comme l'instigateur du mouvement du "design-radical", en dénonçant la
production anarchique et la consommation à outrance. De nombreux créateurs et
architectes, comme Andrea Branzi et Alessandro Mendini, se rassemblent autour d'Ettore
Sottsass qui remplit le rôle de centralisateur, voire de "gourou", de
cette nouvelle tendance.
1972 est l'année d'un projet utopique, "La planète
comme fête", série de dessins d'un monde consacré au temps libre où les
objets urbains deviennent lieux de méditation et d'extase. La même année, a
lieu à New York, au Metropolitan Museum of Art, l'exposition " Italy : the new domestic landscape ". Ettore
Sottsass y propose un micro-environnement qui remet véritablement en question le
mode d'habiter.
8) Siège Sassi, 1968, Piero Gilardi, Ed.
Gufare.
3 éléments pierre dont un grand Sedilsasso faisant fonction de siège - Polyuréthane expansé et peint.
Il obtient une très grande réputation avec les Tapis nature1 dès 1965 : il s'agit d'œuvres réalisées en mousse de polyuréthane, qui reproduisent, de manière extrêmement réaliste des fragments de milieu naturel. Le but est ludique, mais aussi une forme de dénonciation envers un style de vie que, avec le temps, devient de plus en plus artificiel.
Les Tapis furent exposés à Milan, Paris, Bruxelles et New York, pendant que Gilardi se rapprochait du mouvement de l'Arte Povera, du Land art, en participant aux expositions de 1967-1968.
9) Chaise Tour Eiffel DKR, 1951, Charles
Eames, Ed. Vitra.
10) Louis Ghost, 2001, Philippe Starck, Ed.
Kartell.
La chaise Louis Ghost de Philippe Starck est le plus grand
succès de Kartell, celle-ci depuis 2002 à été vendu à plus de 1.5 million d'exemplaires.
Elle est entièrement composée de
polycarbonate. Elle a été spécialement conçue pour être une chaise d’intérieur
comme d’extérieur. C’est pourquoi l’utilisation de ce matériau fut propice à
sa fabrication, car le polycarbonate est un plastique résistant aux éraflures,
aux chocs et aux agents atmosphériques. L’utilisation du polycarbonate permet
d’obtenir une variété de couleurs en transparence mais aussi en opacité telle la
série des chaises blanches et noires.
11) Fauteuil Tulip, 1956, Eero Saarinen,
Ed. Knoll.
La Tulip Chair a été dessinée par le designer finlandais
Eero Saarinen en 1956 pour la société new-yorkaise Knoll.
Originellement créée pour correspondre à la table à manger
créée par Saarinen, cette chaise est d'un style moderne, fabriquée avec des
matériaux expérimentaux à son époque, tels que la fibre de verre et
l'aluminium.
« J'ai voulu créer [...] une chaise d'une pièce » déclare
Saarinen. Cette chaise est en effet conçue de façon que le pied (en aluminium)
se transforme progressivement en l'assise (en fibre de verre). Cette création
partage une approche similaire à certains des bâtiments de Saarinen où les
éléments architecturaux (colonnes, poutres, voûtes, auvents) sont fusionnés en
un ensemble unique (terminal TWA de l'aéroport international John-F.-Kennedy).
Elle est déclinée en de nombreuses variantes, tant par les
coloris de l'assise ou de la forme des accoudoirs.
Cet objet est considéré aujourd'hui comme un des objets
phare du design industriel. Un exemplaire de cette chaise fait partie des
collections permanentes du Musée Vitra bâlois et du MoMA. Son designer a reçu
le Museum of Modern Art Award en 1969 pour sa création.
12) Chaise rouge et bleu, 1918-1923, Gerrit
Thomas Rietveld, Ed. Casino.
La chaise Rouge et bleue est une chaise dessinée par Gerrit
Rietveld en 1918-1923. Cet objet constitue une des premières explorations du
mouvement artistique De Stijl dans les trois dimensions.
La première version, la « chaise à latte », conçue
initialement avec une finition en bois naturel n’était pas peinte et comportait
deux planches sous les accoudoirs. Rietveld lui donna par la suite ses couleurs
vers 1923, après avoir rejoint officiellement le mouvement De Stijl et
rencontré Piet Mondrian. La chaise « Rouge et bleue » est alors laquée avec
cette palette de couleurs primaires incluant le jaune ou additionnée de noir,
blanc et gris, si spécifiques à ce mouvement. Un exemplaire est conservé au MoMA.
D’autres versions existent, dans d'autres colorations. Paul Citroen en
possédait un exemplaire de couleur noire avec des extrémités blanches.
13) Fauteuil Wassily, B3, 1925-1927, Marcel
Breuer, Ed. Knoll.
La chaise Wassily, aussi connue sous le nom de chaise modèle
B3, a été conçue par Marcel Breuer en 1925-27, alors qu'il était à la tête de
l'atelier d'ébénisterie du Bauhaus, à Dessau, en Allemagne. Breuer, comme
beaucoup de ses confrères est un architecte et designer de mobilier. Il fut un
moderniste influent. Il eut un grand intérêt pour les constructions modulables
et les formes simples.
Malgré la croyance populaire, la chaise n'a pas été conçue
pour le peintre Wassily Kandinsky, qui était, au même moment, membre du corps
professoral du Bauhaus. Cependant, on sait que Kandinsky a admiré la chaise
terminée, et que Breuer en a fabriqué une pour l'atelier de Kandinsky.
C'est en fait quelques décennies plus tard, que la chaise a
pris le nom de " Wassily " : au moment où, elle a été ré-éditée par le
fabricant italien Gavina qui avait entendu cette anecdote sur Kandinsky.
Cette chaise était révolutionnaire dans l'utilisation des
matériaux (acier courbé tubulaire et toile) et les méthodes de fabrication. Il
est dit que Breuer fut inspiré par le guidon de son vélo pour l'utilisation des
tubes en acier pour construire la chaise.
La chaise a été produite en série à partir des années 1960,
et est devenue au fil du temps un grand classique du design moderne. C'est
d'abord Honet qui disposa de la licence de 1925 à 1962, puis, Gavina jusqu'en
1968. Depuis 1968, les droits sont détenus par Knoll.
14) Superleggera 699, 1951-1957, Gio Ponti,
Ed. Cassina.
Gio Ponti qui décrit cette chaise comme " normale " cherche
à conserver les choses à un strict minimum. L'intérêt de Ponti
pour les formes classiques trouve son expression dans la chaise, comme il le
fait pour ses bâtiments. Ponti a emprunté le concept de " Superleggera "
(super-léger) d'une série de chaises simples et traditionnelles qui ont
été produites depuis le XIXe siècle dans une usine près du village de pêcheurs
ligure de Chiavari. Leur construction légère et à bas prix les rendant extrêmement populaire, surtout dans l'après-guerre, où les meubles étaient par nécessité simple.
Dans ses
premiers dessins de 1949, il a modifié la forme de base de la chaise Chiavari
avec un coude ergonomique au niveau du dossier et il a effilé les pieds vers le bas. Il
a ensuite conçu le " Leggera " pour Cassina en 1951, ce qui a réduit
la structure de la chaise Chiavari seulement à l’absolu nécessité. Bien que le
modèle ait rencontré un grand succès auprès des consommateurs, Ponti chercha encore une plus grande perfection et conçu le " Superleggera " pour
Cassina en 1957, en utilisant le bois de frêne et une assisse de canne ou de cellophane de couleur. Pont transforma les coupes rondes de bois à une section triangulaire avec des
bords seulement 18 mm de long, avec un système ingénieux de connecteurs dans lequel les entretoises individuelles sont insérées fermement à
l'intérieur d'une autre. Le résultat est une chaise stable pesant simplement 1,7
kg. Pour mettre cette réalisation à l'épreuve, Ponti a jeté la chaise du quatrième étage
d'un immeuble dans la rue, où elle rebondit comme une balle sans se rompre.
15) Butterfly,1954, Sori Yanagi, Ed.Vitra.
Le tabouret " Butterly " allie des formes orientales à la
technique de cintrage du contre-plaqué. Conçue par Charles et Ray Eames, la
silhouette incurvée des deux coques d'assise évoque les ailes d'un papillon.
16) Chaise DSW, 1848, Charles et Ray Eames,
Ed. Vitra.
« Rendre le meilleur accessible au plus grand nombre »,
c'est ainsi que Charles et Ray Eames décrivirent l'un de leurs objectifs
primordiaux en tant que créateurs de mobilier. Parmi leurs créations, aucune
autre ne leur a permis de s'approcher autant de cet idéal que les Plastic Chairs.
L’idée de créer une coque d’assise d'une seule pièce, adaptée à l’anatomie
humaine préoccupa le couple de designers pendant de nombreuses années. Après
que les expériences avec du contreplaqué et de la tôle d'aluminium n'aient pas
abouti à des résultats satisfaisants dans les années 1940, ils découvrirent la
résine de polyester renforcée de fibre de verre au cours de leur recherche de
matériaux alternatifs.
Les Eames reconnurent et exploitèrent pleinement les
avantages de ce matériau : malléabilité, solidité, toucher agréable et aptitude
à la transformation industrielle. Ce matériau, totalement inconnu à l’époque
dans l’industrie du meuble, permit de développer des coques et de les parfaire
jusqu’à la production en série. Après leur première présentation au concours «
Low cost furniture design » organisé par le Museum of Modern Art en 1948, le
Plastic Armchair (coque A) et le Plastic Side Chair (coque S) ont été lancés
sur le marché en 1950, en tant que premiers sièges en plastique produits en série.
17) Masters, 2009, Philippe Starck, Ed.
Kartell.
Sorti en 2009, le fauteuil Masters de Philippe Starck a déjà
atteint le statut d'icône du design. Gagnant des prestigieux prix Good Design
Award 2010 et Red Dot Award 2013, Masters est un véritable best-seller
international.
Ce fauteuil à l'allure futuriste rend hommage aux icônes qui
ont marqué l'histoire du design. Dans un entrelacement de lignes sinueuses et
dynamiques, le dossier évoque les silhouettes de trois classiques du design
contemporain : la Tulip Armchair d'Eero Saarinen, la Eiffel Chair de Charles
Eames et la Series 7 d'Arne Jacobsen... Cette « synthèse stylistique » hybride
et attrayante se caractérise par un superbe jeu de pleins et de vides.
Fabriquée en polypropylène, cette assise ultra originale est aussi ample et
confortable. Masters est une chaise empilable très facile à vivre, d'un prix facilement accessible.
18) Série 7 model 3107, 1955, Arne
Jacobsen, Ed. Fritz Hansen.
Crée en 1955 par le célèbre designer et architecte Arne
Jacobsen, cette chaise en placage bois, appelée chaise série 7 ou 3107 est
devenu emblématique du design danois.
La chaise Série 7 est une évolution de la chaise Fourmi du
même designer, avec un resserrement moins prononcé du dossier associé à un
piètement en acier pour davantage de confort et de stabilité. La forme
ergonomique de la chaise, avec son assise recourbée vers l’intérieur, a été
conçue pour être parfaitement adaptée au
corps humain.
Le designer a notamment su parfaitement exploiter les
possibilités engendrées par les techniques de laminage initialement mises au
point par Søren C Hansen petit-fils du fondateur Fritz Hansen, dans les années
20 et 30. Il a en outre réussi la prouesse d’obtenir trois courbes différentes
dans une seule pièce de contreplaqué moulée sous pression pour obtenir la forme
désormais iconique de la chaise.
19) La Chaise, 1948, Charles et Ray Eames,
Ed. Vitra.
Charles et Ray Eames créèrent le fauteuil La Chaise dans le
cadre d’un concours du Museum of Modern Art de New York. Son nom s’inspire de
la sculpture « Floating Figure » du sculpteur Gaston Lachaise, dont la forme
volumineuse présente des affinités évidentes avec le fauteuil des Eames. Ce
meuble aux dimensions généreuses, qui est devenu depuis longtemps une icône du
design organique, permet de multiples positions assises et allongées.
20) Siège Teorema, 1969, Claude
Courtecuisse. Ed. Cattaneo
Siège téoréma, 1969 Réalisé en trois exemplaires pour l'exposition
du SAD (Salon des Artistes Décorateurs) en 1969 Portrait de l'acteur
anglais Terence Stamp, extrait du film de Pier Paolo Pasolini «Theoreme» L'exposition
du SAD présentait trois versions du siège en bleu, orange et rouge carmin.
Le siège bleu a disparu, détérioré à la suite d'une exposition, le siège orange est dans les collections du musée de la Piscine à Roubaix depuis 2006 et a été accidenté. Enfin la plus belle version, selon l'artiste, est celle que nous présentons. Cette dernière version a été exposée en 2001 à l'occasion de l'exposition «Années Pop» au centre Pompidou. La version de référence, le siège Mercurio a été éditée en 1968 par la firme italienne Cattanéo et diffusée par Sédia Steiner en France.
Composée de deux coquilles, siège et piètement, en A.B.S. ou en Méthacrylate transparent, elle a été fabriquée avec la même technique de thermoformage, que la chaise Monobloc Soléa. Dans le cadre de cette manifestation, le parti pris scénographique a exposé une version sérigraphiée avec comme sujet, le portrait de l'acteur anglais Terence Stamp, extrait du film de Pier Paolo Pasolini : « Théorème ». Il apparaît intéressant de noter l'aspect technique de son impression, qui a nécessité un travail élaboré de son dessin. Le visage imprimé sur la feuille, à plat transparente, a imposé un rétrécissement calculé de ses proportions afin de retrouver, par l'étirement thermoformé de la volumétrie définitive, l'apparence juste de l'acteur. Il convient de restituer le choix du sujet thématique, dans l'époque de ces années 1965 - 1973, très actives en quête de remise en question des valeurs établies.
Si le design italien avait une grande autorité dans ce contexte très innovant, le cinéma transalpin rayonnait également, à travers des films majeurs, de grands réalisateurs, comme Fellini, Visconti, Antonioni, et bien sur Pasolini. Le scénario du film « Théorème », semblable à une parabole biblique, conte l'arrivée dun visiteur (Terence Stamp), annoncé par un ange postier, qui vient « traverser » tour à tour les membres d'une famille de la grande bourgeoisie milanaise.
Par la relation intime quil établit avec chacun, il les révèle à leur nature profonde en les conduisant à se libérer de leurs conventions familiales, affectives, sociales, professionnelles ... (ici le mot « traverser », pour qui connaît le film, dans la procédure dincarnation physique pasolinienne, prend sens au figuré mais peut être plus encore (plus en corps), au sens propre..... !) Le choix de ce héros, comme ornementation symbolique du siège, tentait, dans le contexte de cette époque, d'identifier à la fois une admiration pour le cinéma, pour ce film, pour son auteur, mais aussi pour la mouvance provocante des idées, des productions et des mutations comportementales, à l'image de celles que les différents courants de créations, dans le champ du design, tentaient d'imposer.
Dans cette perspective de travail l'espace d'exposition au S.A.D. présentait trois versions de Téoréma : en bleu orange et rouge carminé. Des spots, aux faisceaux lumineux très dirigés, orientés sur les sièges, projetaient, comme des diapositives, les portraits agrandis, sur les murs écrans du stand. Au delà de l'effet spectaculaire promotionnel, l'objet siège Téoréma, dans son immatérialité transparente et ornementée agissait, sur son environnement en s'élargissant, par le jeu des ombres portées, au delà de sa simple réalité fonctionnelle.
En modifiant son espace proche il annonçait cette mutation que le design développera plus tard : l'inscription de l'objet dans un scénario et une mobilité évolutive à l'égard de l'espace et du temps. Autour de cette réflexion, enrichie par le recul du temps et la capacité d'une relecture analytique et critique, pourrait-on confronter, en toute modestie, simplement pour le jeu des correspondances et le plaisir des idées, le siège Téoréma à celui, d'une poétique raffinée, « Miss blanche » de Shiro Kuramata réalisé en 1989.
Cette création emblématique de la démarche de son auteur, procède dans l'autre sens en une symétrie inversée, en attirant et en fixant, comme un arrêt sur image, les roses cueillies d'un jardin paradisiaque. En les déplaçant, de leur environnement lointain, il les sacralise en les incrustant et les stratifiant, dans la résine transparente de la volumétrie de son siège. Par cet accomplissement maîtrisé, il confirme et démontre, avec profondeur et élégance, ce qui précédemment a été avancé, à savoir : la dimension narrative et scénarisée, que le design, dans les années qui suivront, intégrera progressivement, dans son rapport à la fonction et à l'usage. Claude Courtecuisse Lille, 31 décembre 2007.
Le siège bleu a disparu, détérioré à la suite d'une exposition, le siège orange est dans les collections du musée de la Piscine à Roubaix depuis 2006 et a été accidenté. Enfin la plus belle version, selon l'artiste, est celle que nous présentons. Cette dernière version a été exposée en 2001 à l'occasion de l'exposition «Années Pop» au centre Pompidou. La version de référence, le siège Mercurio a été éditée en 1968 par la firme italienne Cattanéo et diffusée par Sédia Steiner en France.
Composée de deux coquilles, siège et piètement, en A.B.S. ou en Méthacrylate transparent, elle a été fabriquée avec la même technique de thermoformage, que la chaise Monobloc Soléa. Dans le cadre de cette manifestation, le parti pris scénographique a exposé une version sérigraphiée avec comme sujet, le portrait de l'acteur anglais Terence Stamp, extrait du film de Pier Paolo Pasolini : « Théorème ». Il apparaît intéressant de noter l'aspect technique de son impression, qui a nécessité un travail élaboré de son dessin. Le visage imprimé sur la feuille, à plat transparente, a imposé un rétrécissement calculé de ses proportions afin de retrouver, par l'étirement thermoformé de la volumétrie définitive, l'apparence juste de l'acteur. Il convient de restituer le choix du sujet thématique, dans l'époque de ces années 1965 - 1973, très actives en quête de remise en question des valeurs établies.
Si le design italien avait une grande autorité dans ce contexte très innovant, le cinéma transalpin rayonnait également, à travers des films majeurs, de grands réalisateurs, comme Fellini, Visconti, Antonioni, et bien sur Pasolini. Le scénario du film « Théorème », semblable à une parabole biblique, conte l'arrivée dun visiteur (Terence Stamp), annoncé par un ange postier, qui vient « traverser » tour à tour les membres d'une famille de la grande bourgeoisie milanaise.
Par la relation intime quil établit avec chacun, il les révèle à leur nature profonde en les conduisant à se libérer de leurs conventions familiales, affectives, sociales, professionnelles ... (ici le mot « traverser », pour qui connaît le film, dans la procédure dincarnation physique pasolinienne, prend sens au figuré mais peut être plus encore (plus en corps), au sens propre..... !) Le choix de ce héros, comme ornementation symbolique du siège, tentait, dans le contexte de cette époque, d'identifier à la fois une admiration pour le cinéma, pour ce film, pour son auteur, mais aussi pour la mouvance provocante des idées, des productions et des mutations comportementales, à l'image de celles que les différents courants de créations, dans le champ du design, tentaient d'imposer.
Dans cette perspective de travail l'espace d'exposition au S.A.D. présentait trois versions de Téoréma : en bleu orange et rouge carminé. Des spots, aux faisceaux lumineux très dirigés, orientés sur les sièges, projetaient, comme des diapositives, les portraits agrandis, sur les murs écrans du stand. Au delà de l'effet spectaculaire promotionnel, l'objet siège Téoréma, dans son immatérialité transparente et ornementée agissait, sur son environnement en s'élargissant, par le jeu des ombres portées, au delà de sa simple réalité fonctionnelle.
En modifiant son espace proche il annonçait cette mutation que le design développera plus tard : l'inscription de l'objet dans un scénario et une mobilité évolutive à l'égard de l'espace et du temps. Autour de cette réflexion, enrichie par le recul du temps et la capacité d'une relecture analytique et critique, pourrait-on confronter, en toute modestie, simplement pour le jeu des correspondances et le plaisir des idées, le siège Téoréma à celui, d'une poétique raffinée, « Miss blanche » de Shiro Kuramata réalisé en 1989.
Cette création emblématique de la démarche de son auteur, procède dans l'autre sens en une symétrie inversée, en attirant et en fixant, comme un arrêt sur image, les roses cueillies d'un jardin paradisiaque. En les déplaçant, de leur environnement lointain, il les sacralise en les incrustant et les stratifiant, dans la résine transparente de la volumétrie de son siège. Par cet accomplissement maîtrisé, il confirme et démontre, avec profondeur et élégance, ce qui précédemment a été avancé, à savoir : la dimension narrative et scénarisée, que le design, dans les années qui suivront, intégrera progressivement, dans son rapport à la fonction et à l'usage. Claude Courtecuisse Lille, 31 décembre 2007.
21) UP5, UP6, Donna, 1969, Gaetano Pesce,
Ed. B&B Italia.
Dessinée en 1969, la série UP a constitué, dès sa création,
l’une des expressions les plus retentissantes du design. Sept modèles
d’assises, aux dimensions diverses. Parmi elles, la UP 5 UP 6 est la plus célèbre,
devenue une véritable icône et conçue comme une métaphore de la femme qui a
toujours été à la fois prisonnière et victime des préjugés du monde masculin.
Les revêtements sont réalisés en tissu élastique noir, rouge, jaune, violet,
gris ou beige et orange rayé.
22) Chaise Universale, 4860, 1965-1967, Joe
Colombo, Ed. Kartell.
Ces chaises, éditées par Kartell à la fin des années 60, ont
été parmi les premières chaises moulées au monde ! Féru d'innovation
technologique, Joe Colombo cherche à mettre au point dès 1965 une chaise en
plastique moulée d'une seule pièce, matériau qu'il a déjà expérimenté en 1962
avec la création du luminaire " Acrilica " pour lequel il recevra le " Compassa
d 'Oro ".
Encouragé par la performance de Marco Zanuso et Richard
Sapper qui ont créé, dès 1964, leur chaise pour enfant " 4999 " en
plastique moulé, Joe Colombo consacrera toutefois deux années à la mise au
point du moule de la chaise " universelle " dans lequel le plastique
sera injecté. Cette chaise n'aurait pu voir le jour sans la rencontre fertile
de Joe Colombo avec Giulio Castelli, fondateur de Kartell, qui, comme lui,
croit aux nouvelles possibilités offertes par les matières plastiques.
Ce dernier éditera d'ailleurs ce modèle dès 1967. Le nouveau
processus de fabrication de cette chaise élargit en outre considérablement la
palette des coloris exploitables. Nouvelle liberté dont Joe Colombo n'hésite
pas à faire usage : l'orange, le rouge, le vert explosent.
L'aspect éclatant des couleurs est rendu possible grâce à
l'utilisation du PVC qui donne une apparence brillante à la matière et
renforce, par là-même, la dimension dynamique et moderne de la chaise. Empilable,
elle est également modulable en chaise enfant ou chaise de bar grâce à ses
pieds interchangeables, lesquels n'ont pu être moulés avec l'assise et
demeurent indépendants de la coque.
23) Fauteuil Richard III, 1982, Philippe
Starck, Ed. Valeri.
Philippe Starck (né en 1949) est un designer français à la renommée internationale. Le Mobilier National lui
commande dès 1981 la décoration des appartements privés du Palais de l’Elysée et à cette occasion il crée le fauteuil Richard III, nom faisant malicieusement allusion au roi d’Angleterre qui a inspiré Shakespeare.
Le fauteuil club est connu pour son assise large, son dossier incliné, ses accotoirs à enroulement galbé, son rembourrage généreux et le garnissage de cuir. Revisitant une forme du XXème siècle bien connue, ce fauteuil ménage un effet de surprise puisqu’une structure creuse, simple coque épurée de plastique moulé, se cache derrière les formes généreuses.
Développant la notion de « design démocratique », Starck repense également les objets du quotidien : une brosse à dents pour Fluocaril, la bouteille Vittel ou plus récemment le boîtier de la Freebox.
24) Chaise Solid C2, 2004, Patrick Jouin,
Ed. MGX by Materialise.
L’œuvre a été créée en 2004 par le designer français, en
collaboration avec l’entreprise spécialisée dans les créations digitales MGX by
Materialise.
Patrick Jouin est l’un des protagonistes majeurs du design
contemporain de la scène française et internationale. En 2004, il a découvert
la technique de l’impression 3D, qu’il a élevée à son paroxysme, avec la
création de la Solid C2 chair.
25) Miss Blanche, 1989, Shiro Kuramata, Ed.
Kokuyo.
Cette chaise donne forme à un rêve. S’asseoir en apesanteur
sur un parterre de roses ! Plexi transparent incrusté de roses, la chaise Miss
Blanche est le label Kuramata, designer japonais décédé en 1991, à l’âge de 56
ans. Ses créations transparentes en acrylique, en verre et en fil d’ acier –
des instants quasi abstraits – sont aussi recherchées par les spécialistes que
peu connues du grand public.
Là où on attendrait une ligne, une masse ou un élément d’équilibrage, celui-ci fait défaut et cette absence éveille un sentiment inattendu
de plaisir. C’est un des jeux préférés des artistes japonais. Shiro Kuramata
(1934-1991) est de ces designers japonais influents qui, au cours des années
1970 et 1980, expérimentent différents matériaux pour créer des meubles ouverts
et transparents.
En 1972, il obtient le Mainichi Design Award dont il devient
le conseiller en 1975. En 1981, il reçoit le Prix culturel japonais du Design.
L’ironie de la fonction et de la forme est un thème
récurrent dans l’œuvre de Kuramata, toujours à la recherche de matériaux
innovants qui n’avaient jamais été utilisés auparavant. Il confère une
apparence liquide aux formes solides, leur donnant une inspiration poétique et
culturelle.
La simplicité, il en tenait la clé, tout comme l’architecte
Tadao Ando qui écrit : « Kuramata a donné forme à ses rêves au travers de sa
sensibilité. Il croyait que la vie et la création équivalaient à “ la poursuite
des plaisirs les plus élémentaires ”. Ses créations ont façonné le quotidien des
gens et sa philosophie de questionnement continuel de la nature du design sert
actuellement de directive pour la prochaine génération. »
28) Chaise tubulaire, 1932, Robert Mallet
-Stevens. Ed Habitat.
Dessinées en 1927 et fabriquées l’année suivante, ces
chaises sont iconiques du mobilier moderniste : structure en acier tubulaire et
assises en bois. En 1978, Andrée Putman crée l’agence Ecart dont la division
édition — Ecart/Trace — réédite des classiques oubliés ou des pièces rares des
années 30 et 40.
La chaise éditée par Habitat pour son cinquantenaire reprend le modèle de la Villa Cavrois en
diverses couleurs et une variation : trois barres sur le dossier au lieu de
deux. Elle devient l’un des emblèmes du CAPC, musée d’art contemporain de
Bordeaux, en 1984, lors de son réaménagement par Valode & Pistre et
l’agence Ecart. Chaise probablement dessinée pour le casino de Saint-Jean-
de-Luz.
29) Ed Archer, 1981, Philippe Starck. Ed.
Driade.
Chaise avec coque en tube d'acier avec des éléments élastiques.
Pied postérieur en fusion d'aluminium poli. Revêtement fixe en cuir noir ou
bulgare.