Cap Moderne

Le site du Cap moderne, situé à Roquebrune Cap Martin, géré par le Centre des Monuments Nationaux, comme la Villa Cavrois, comporte 4 structures : La Villa Eileen Gray, les 5 Unités de camping, le restaurant l'Etoile de Mer et le Cabanon de Le Corbusier.


La façade principale de la Villa E-1027 avec en arrière l'unité de camping et sur la droite le restaurant l'Etoile de Mer et le Cabanon de Le Corbusier cachés par les arbres.

Clichés de Jacques Ferla (mai 2019) et Jacques Desbarbieux (septembre 2022) © Amis de la Villa Cavrois

La Villa Eileen Gray


En 1924, Gray et Badovici commencent à travailler à la réalisation et à la décoration d’une maison de vacances moderne pour Jean Badovici, directeur de publication de 1923 à 1933 du magazine d’avant-garde architecturale L'Architecture vivante. Badovici encourage alors Gray à s'intéresser à l'architecture et l'y initie, ce d'autant plus que les travaux débutent en 1926, année où ils deviennent amants. La villa est ainsi baptisée E-1027, selon un code unissant les noms d'Eileen Gray et de Jean Badovici : E pour Eileen, 10, pour le J de Jean, comme 10ème lettre de l'alphabet, 2 pour le B de Badovici, 7 pour le G de Gray.




En partie sur pilotis, en forme de « L » et à toit plat, avec de longues baies vitrées et un escalier intérieur en spirale menant à la chambre d'hôtes, la villa E-1027 est à la fois ouverte et compacte. Alors que son aspect extérieur reprend les cinq points d'une architecture nouvelle énoncés par leur ami Le Corbusier, notamment à la Maison La Roche (1923-1925), cette réalisation est néanmoins l'occasion pour le couple d'architectes d'établir une critique de conceptions jugées trop froides de l'aménagement intérieur au détriment du confort et de l'intimité, ainsi qu'ils l'écrivent dans un manifeste intitulé De l’Éclectisme au doute, publié sous forme de dialogue dans un numéro spécial de L'Architecture vivante en 1929. 


La villa est à nouveau présentée en novembre 1930, dans le premier numéro de la revue L'Architecture d'aujourd'hui : « Quand on voit (...) ces intérieurs où tout semble répondre à un strict et froid calcul (...), on se demande si l'homme pourrait se satisfaire d'y demeurer. (...) Il fallait (...) chercher à créer une atmosphère intérieure en harmonie avec les raffinements de la vie intime moderne. » Et Eileen Gray d'ajouter : « chacun, même dans une maison de dimension réduite, doit pouvoir rester libre, indépendant. Il doit avoir l'impression d'être seul. » 


Des inscriptions teintées d'humour sont disséminées sur les murs de la villa : « Beau temps », « L’invitation au voyage », « Entrez lentement », « Défense de rire », « Sens interdit », « Chapeaux », « Oreillers », « Pyjamas », etc.



La Villa Eileen Gray est située en bord de mer à Roquebrune Cap Martin. C'est à cet endroit, à proximité de la plage du Buse que s'est noyé l'architecte urbaniste Charles-Edouard Jeanneret, plus connu sous le nom de Le Corbusier, le 25 août 1965, à l'âge de 77 ans. Sportif, il avait l'habitude de nager chaque jour entre les rochers au pied de la villa et la plage de galets.

Les extérieurs


Le paquebot. Avec son toit en terrasse, ses coloris blanc et bleu, l'architecture de cette villa balnéaire évoque l'univers marin. Les coursives, le belvédère en forme de cheminée de bateau, la bouée et les chaises longues nous rappellent le monde des transatlantiques.


La partie ouest de la villa avec l'escalier extérieur et le solarium


La partie est de la villa avec la chambre d'amis



Sous l'escalier à la jonction avec la terrasse le buste d' E Gray décédée à 98 ans


L'escalier extérieur avec son étonnante grille pivotante, destinée à empêcher le passage des chiens



La grille en position ouverte


Le solarium avec son plan incliné de carrelage noir, sa table centrale et ses bancs tournés vers le paysage montagneux.


Une petite terrasse à l'extrémité ouest de la Villa E-1027, avec son hamac. Un endroit de rêve abrité par une marquise en béton.


Le jardin minéral


La façade de la villa côté montagne, avec sa tourelle au sommet de l'escalier intérieur, à l'allure de vigie. Les restanques sont plantées de citronniers.



Le porche d'entrée


Une peinture Le Corbusier accueille le visiteur, une inscription à droite indique " Entez lentement ", on accède ainsi au couloir qui débouche sur la grande pièce. A gauche il est noté " sens interdit " en direction de la cuisine.



La cuisine


La cuisine qui est située au nord, à la gauche de l'entrée, possède de très nombreux rangements.


Le couloir d'entrée



Des inscriptions au pochoir sont présentes dans les différentes pièces de la villa. Certaines pour indiquer les emplacements des différentes choses, d'autres sont indicatives, comme celle-ci dans le couloir d'entrée " Défense de rire ".


La colonne pour les chapeaux dans le couloir d'entrée



Le Corbusier a décoré les murs blancs de la villa, entre 1938 et 1939, lors d'invitations de Jean Badovici. Des peintures qui ont été à l'origine d'un différend avec Eileen Gray. A gauche de l'entrée, le coin repas avec l'œuvre " Spirales géométriques ".


La grande pièce (séjour-salon)


Sur le panneau blanc dans la grande pièce une peinture de Le Corbusier a été présente quelques années.


Le fauteuil Transat en cuir rembourré et son appui-tête mobile s'inspire des chaises longues que l'on trouvait sur les ponts des paquebots qui traversaient l'Atlantique. Au sol, le tapis " Centimètre " s'inspire des échelles de tirant d'eau peintes sur le coques des navires (le chiffre 10 rend hommage à Jean Badovici) et le tapis " La Ronde " s'inspire des cercles de compas ou des bouées.


La carte marine possède un éclairage intégré, il s'agit de deux petits plans de la mer des Antilles, agrandis et redessinés par Eileen Gray. Les inscriptions évoquent " les voyages lointains en provoquant la songerie ". Invitation au voyage fait allusion au poème de Charles Baudelaire, Vas-y totor à la voiture de Gray et Beau temps évoque la météo utile au Capitaine de ce paquebot.


Cette grande pièce donne sur un immense balcon, elle se prolonge d'un côté vers un espace détente et la salle de bains et de l'autre vers le coin repas. Le fauteuil dit Bibendum, par analogie au personnage de la marque de pneumatiques Michelin, comporte des accoudoirs et un dossier formés de deux rouleaux superposés. A côté, un meuble de rangement à tiroirs pivotants. La cheminée, face au grand divan, intégrée au mur est placée en contre-jour pour offrir la vision simultanée du foyer et de la lumière naturelle.


Dans un angle de la grande pièce, le coin à musique avec la table roulante à gramophone et un rangement vertical pour les vinyles, constitué d'une haute colonne semi-cylindrique en celluloïd transparent avec 17 étagères.


Le lit double qui est plutôt un grand divan, car il n'y pas de moustiquaire, indispensable au Cap Martin.


La table circulaire, dite table E-1027, conçue par Eileen Gray, avec sur sa face supérieure un plateau en celluloïd renforcé en son centre par une tige, montre ici l'expérimentation de nouveaux matériaux. Un goujon métallique tenu par une chaînette permet d'adapter la hauteur souhaitée selon l'orifice choisi.

La grande terrasse


Avec sa marquise en toile, l'impression d'être sur un bateau est renforcée par les dimensions de la grande terrasse et de ses immenses baies vitrées.



Vue externe (ci-dessus) et vue interne (ci-dessous) du système original des volets qui occultent la grande pièce avec leurs jalousies coulissant sur 3 rails


Le coin détente
ou la niche au divan


Le coin détente entre la salle de bains et la grande pièce. Quand on se repose sur ce divan, on dispose d'une tête de lit avec un placard à oreillers, de prises, d'une lampe à lumière bleue et de coussins qui ressemblent à des sacs de marins. La lecture est possible grâce à un lutrin, à bras mobile. Un haut-parleur peut diffuser de la musique.


Les trappes pour la moustiquaire et les oreillers avec une serrure identique à celle utilisée sur les bateaux.


Les interrupteurs et prises de courant dévoilent leur intimité avec des caches transparents


Une cloison mobile et modulable, comme un paravent, permet d'isoler le coin détente du lit de la grande pièce. Ce paravent sur rails est composé de trois panneaux asymétriques.

La salle de bains mitoyenne de la grande pièce
dite la toilette complète




Le coin repas (salle à manger)


L'espace est délimité par un changement de couleur et de taille des carreaux au sol. A gauche la peinture de Le Corbusier, au fond sur la droite l'accès au bureau.


La table avec son allonge repose plats et son plateau recouvert de liège, pour éviter le bruit et les bris de vaisselle.


La partie droite de ce petit meuble se relève à l'horizontale pour former un petit bar en séparation d'avec le coin repas, en prenant appui sur une lampe colonne qui rappelle le enseignes de bistrot.


Autour de la table, la chaise de salle à manger spécialement conçue par Eileen Gray avec un piétement arrière et un dossier en arc de cercle, ainsi qu'une banquette fixée au mur ce qui lui donne une certaine légèreté avec l'absence de pieds arrière.


Le dégagement bar, permet le lien entre la cuisine et le coin repas. Le faible espace bénéficie d'aménagements : rangements à bouteilles éclairés, boîte à citrons et boîte à plateaux.


Le range plateaux



La signature de Le Corbusier sur cette peinture murale basée sur " Spirales géométriques animées " dans la salle à manger.


Vue depuis le coin repas vers la grande pièce. L'intimité était assurée par un paravent enroulante en bois peint.

Le boudoir-studio (ou bureau)


Une partie de la chambre principale laisse place à un bureau qui bénéficie d'une immense vue sur la Méditerranée et d'un ensoleillement constant que protège des persiennes.


La table à écrire à bords recourbés est inclinable, un lutrin orientable y est intégré.


Le trieur de courrier


La chaise conçue par Eileen Gray


L'éclairage est assuré par un diffuseur suspendu au plafond, placé très bas. Un vitrage dépoli côté studio diffuse une lumière douce propre à l'écriture, tandis qu'un vitrage imprimé offre une luminosité plus importante côté chambre.

La chambre principale


Le grand lit avec sa moustiquaire et son jeté de lit en peau de chèvre.



Une étagère pour " l'eau fraîche ", une autre pour " les choses légères ".


Le coin toilette de la chambre


Le bureau est séparé de ce coin toilette de la chambre principale par une coiffeuse. Réalisée en aluminium poli brillant, elle se confond très bien avec l'environnement. Se reflétant dans le miroir le tabouret à came, dont l'assise est inclinable.



Dans la chambre principale, la coiffeuse-paravent est une armoire de toilette qui sépare le coin lavabo du bureau. Un miroir rectangulaire multiplie les points de vue avec une partie mobile.



A gauche, le meuble à linges sous la fenêtre, délimite  le coin toilette avec la coiffeuse en aluminium.


" Pour les dents "

La salle de bains




Un rangement pour les peignoirs


Les WC


La chambre d'amis


Le célèbre miroir Satellite, conçu par Eileen Gray, possède un bras mobile qui porte un petit miroir rond.









La chambre d'enfant ou du personnel



Le restaurant L'Etoile de mer

En 1948, Thomas Rebutato, le chef de famille, plombier-chauffagiste de son état et grand amateur de pêche, réalise son rêve : posséder une parcelle de terre à proximité de la plage pour y installer un cabanon destiné à abriter son matériel et les ustensiles devant permettre de cuisiner sur place le produit de la pêche dominicale. 


Il acquiert de la famille Devissi un terrain d’environ 2 000 m2 surplombant les rochers, immédiatement à l’est de la plage du Buse. Afin de « rentabiliser » l’acquisition, il imagine alors d’implanter six constructions d’habitat minimum, permettant de passer les fins de semaine en bord de mer. Un architecte niçois établit un projet, les autorisations municipales sont obtenues, et les travaux sont engagés pour réaliser le prototype d’une habitation-type destiné à la commercialisation du programme.

 

À l’été 1949, peu de temps avant l’achèvement du prototype, Thomas « bazarde » son entreprise, abandonne le projet de réaliser et vendre les cinq autres unités, et décide d’ouvrir un petit « bistrot – casse-croûte », accessible, depuis le « sentier des douaniers » qui longe le littoral, aux nombreux promeneurs et aux baigneurs qui pique-niquent sur la plage du Buse. Il baptise le lieu « L’Étoile de mer – Chez Robert ».

 

Le destin frappe à la porte de la toute nouvelle enseigne : le premier client, occupant momentané de la toute proche « villa blanche » d’Eileen Gray et Jean Badovici, propose à Thomas d’y prendre pension pour les repas, pendant une semaine, avec toute son équipe ; il se présente, « Le Corbusier ». De ce jour de juillet 1949, est née l’amitié de Le Corbusier et de son épouse Yvonne Gallis pour la famille Rebutato. Ainsi commence l’histoire du site, dont L’Étoile de mer constitue le pivot : elle liaisonne la villa E-1027, isolée sur ce coin de côte depuis 1929, et le Cabanon Le Corbusier qui sera construit en 1952.



Thomas Rebutato a décoré le comptoir du bar du restaurant " L'étoile de mer ".



Le Corbusier réalise une peinture sur le mur de la chambre et une autre sur la façade. Thomas Rebutato y est représenté en pêcheur d'oursins.


Le Corbusier a inscrit : " A l'Etoile de mer règne l'amitié ", ainsi que " Robert Saint-André des oursins ".


L'empreinte de la main de Le Corbusier


Les empreintes des pieds de Le Corbusier et de Thomas Rebutato.



La chambre avec une peinture de Le Corbusier


La terrasse du restaurant " L'Etoile de mer " avec sa pergola et sa vigne.


Les Unités de camping

Un concept né d'une amitié !


En 1956, en échange de la parcelle de terrain du Cabanon, Le Corbusier fit construire pour Thomas Rebutato, cinq Unités de camping, conçues comme un prototype d’habitat de loisir. L’intérieur de ces Unités de camping reprend certains principes du Cabanon. 


Construites par le charpentier Charles Barberis et réunies dans une structure sur pilotis, les Unités de camping illustrent les recherches de Le Corbusier sur un habitat de loisirs modulaire économique, adapté au tourisme balnéaire de masse. Chacune peut loger deux personnes dans 8 m², et une baie en forme de « T » couché, inspirée de l’idée moderne de fenêtre allongée, cadre le paysage face à la mer.


Avant le Cabanon, Le Corbusier avait étudié les projets de résidences de vacances ROB et ROQ, dont l’un pour son ami, Thomas Rebutato.





On accède par l'arrière aux Unités de camping, grâce à des escaliers extérieurs.



La moustiquaire sur le côté


La fenêtre avec un miroir



Le porte manteaux


Le coin sanitaire



La cellule comporte deux couchages



Le plafond coloré, assemblé de plusieurs panneaux.


Le Modulor, peint à l'extérieur.

Le Cabanon et l'atelier de Le Corbusier

Le Cabanon est l’archétype de la cellule minimum, fondée sur une approche ergonomique et fonctionnaliste.

 

Situé sur le sentier du bord de mer, c’est une petite construction en bois recouverte d’un toit à un pan. Tout tient dans une cellule carrée de 3,66 x 3,66 mètres et de 2,26 mètres de hauteur, mesures empruntées au Modulor. L’intérieur, entièrement réalisé en bois, est éclairé par deux fenêtres de 70 centimètres de côté. Dans une surface de 15 m², Le Corbusier dispose d’un coin-repos, d’un coin-travail, d’un coin-toilettes et d’un lavabo. Le mobilier se réduit à un couchage, une table, et quelques rangements. Tous les panneaux en bois et le mobilier ont été préfabriqués en Corse, puis assemblés sur place.

 

Le Corbusier peint le sol en jaune et un panneau en vert, et agrémente l’entrée d’une peinture murale, seul luxe avec la vue sur la baie de cette « cabine de bateau ».

 

Le Cabanon représente l’aboutissement d’une recherche sur la notion de cellule minimum qui se situe au cœur des préoccupations des architectes modernes du XXème siècle et renoue avec le mythe de la cabane primitive. Élevé au rang d’œuvre d’art, reproduite et exposée depuis dans les musées du monde entier, il fait paradoxalement écho aux initiatives d’auto-construction ou d’habitat vernaculaire qui se multiplient à l’échelle de la planète.

 

C’est pour cela qu’il se présente comme un invariant universel qui cristallise une idée ayant un impact dans le monde entier.

 

Malgré, ou précisément en raison de sa modestie, le Cabanon est devenu une icône de l’architecture moderne.



Avec son manteau en croûte de bois de pin, le Cabanon de Le Corbusier ressemble aux cabanes de pêcheurs. Il a été monté sur place comme un jeu de construction avec une structure et des éléments en bois fabriqués en Corse par le menuisier Barberis.


" J'ai un château sur la Côte d'Azur, qui a 3,66 mètres par 3,66 mètres. C'est pour ma femme, c'est extravagant de confort et de gentillesse ".


La douche au pied de l'arbousier


L'arbousier


Une peinture de Le Corbusier sur la partie gauche du couloir d'entrée du Cabanon porte une première date 1952, qui sera barrée lors d'une retouche le 31 juillet 1956. On distingue, dans le dessin, une porte qui donnait accès dans la chambre contiguë de l'Etoile de mer. Dans l'épaisseur de la cloison, un coffre-fort secret où Yvonne pouvait ranger ses bijoux. Les trous au fond correspondent aux aérations des WC.


L'intérieur du Cabanon, avec à gauche le couchage d'Yvonne et dans l'angle à côté l'espace où Le Corbusier dépliait son matelas. A droite le coin sanitaire et au centre la table en bois trapézoïdale avec les casiers qui servaient de siège, ou d'escabeau.


Au fond l'armoire de Charlotte Perriand, devant le couloir d'entrée. A droite les toilettes, avec en avant plan le lit d'Yvonne surmontant 3 tiroirs. Le plafond comporte de nombreux rangements, on pouvait y accéder à l'aide des casiers. On retrouve une fenêtre miroir comme dans l'unité de camping.


Le lit d'Yvonne est équipé d'un repose-tête en bois, derrière un rideau rouge cache les toilettes.


Cette cabane de chantier, située à l'opposé du Cabanon, servait d'atelier à Le Corbusier.



L'intérieur de l'atelier de Le Corbusier.


La vue depuis le Cabanon


Le Cabanon de Le Corbusier fait partie des 150 maisons à découvrir avant de disparaître ! Il figure page 143 de l'ouvrage " 150 Houses you need to visit before you die "

Pour aller plus loin


Renaissance d'une maison en bord de mer. Une publication des Editions du Patrimoine du Centre des Monuments Nationaux.

Renaissance d'une maison en bord de mer

Tel un navire jeté sur la côte par la tempête, la maison E 1027, construite en 1929 par Eileen Gray, légendaire designer irlandaise, avec et pour l'architecte Jean Badovici, n'était plus, soixante-dix ans plus tard, qu'une épave dévastée.


Depuis 2014, la conjonction exceptionnelle des savoirs d'une pléiade d'architectes et d'historiens, et la collaboration harmonieuse des collectivités publiques et de l'initiative privée l'ont remise à flot. Elle apparaît désormais dans la beauté de ses lignes retrouvées, vaisseau blanc entouré de citronniers, avec sa marquise en toile bleue en guise de voile.


Jusqu'ici connus par les planches noir et blanc des albums de l'époque, ses intérieurs associant d'ingénieux meubles intégrés à une collection de sièges, de lampes et de miroirs devenus emblématiques ont été minutieusement restaurés.


Au cœur de l'ouvrage, la découverte de la maison ressuscitée et de chacun des objets qu'elle abrite est menée pas à pas grâce à l'étincelant reportage photographique de Manuel Bougot. Cette exploration s'accompagne de récits historiques sur la création et les mésaventures de la maison, de ses créateurs et de ses habitants. Un entretien inédit avec Eileen Gray et les témoignages des artisans de sa redécouverte forment un contrepoint à ces analyses, que prolonge la présentation par ses protagonistes de cette campagne de restauration exemplaire.


Biographie des auteurs et des intervenants

Renaud Barrès est architecte et historien. Il consacre son diplôme à E 1027, puis en prépare la restauration sur place de 1999 à 2005. Il est intervenu dans des colloques et des expositions sur Eileen Gray, notamment au Centre Pompidou en 2013 et 2017 et, en 2020, au Bard Graduate Center à New York.

Il est aujourd'hui directeur du Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement de l'Hérault. Il achèvera en 2022 une thèse sur E 1027.

 

Bernard Bauchet est architecte. En 1988, il a créé une agence spécialisée dans la restauration de bâtiments du Mouvement moderne.

Il est intervenu notamment sur la Maison de verre, la Maison du Brésil, l'appartement de Le Corbusier, l'hôtel Reifenberg et l'immeuble de la rue Méchain de Mallet-Stevens, le Centre Jeanne-Hachette, l'église du Raincy et la Maison Van Doesburg.

Il est membre du comité des experts auprès de la Fondation Le Corbusier.

Professeur émérite à l'Open University (Royaume-Uni),

 

Tim Benton est spécialiste de l'architecture moderne. Il a publié de nombreux écrits sur le site de Cap Moderne et la maison E 1027, dont Cap Moderne. Eileen Gray et Le Corbusier, la modernité en bord de mer (2020) et « E 1027 and the Drôle de Guerre » (AA Files, 2017).

Il a aussi été co-commissaire de « E 1027. Restauration de la maison en bord de mer » (2016) et « Ici règne l'amitié » (2019).

 

Jean-Louis Cohen, Architecte et historien, est professeur à l'Institute of Fine Arts de New York University. Il a assuré le commissariat de nombreuses expositions et publié plus de quarante ouvrages, parmi lesquels Construire un nouveau Nouveau Monde (2020), Frank Gehry. Catalogue Raisonné of the Drawings (2020), L'Architecture au XXème siècle en France (2014), Le Corbusier : an Atlas of Modern Landscapes (2013) et Architecture en uniforme (2011).


Philippe Deliau, paysagiste, crée depuis 2003 au sein de l'agence Alep des lieux où les parcours suggèrent un récit, comme le parc Sant-Vicens à Perpignan. Il a réhabilité le site de l'ancienne dynamiterie Nobel à Paulilles et le jardin de Christian Dior à La Colle Noire, puis travaillé avec Frank Gehry aux espaces extérieurs de la Fondation Louis Vuitton.

Il a découvert E 1027 en 1998 et en a défini à partir de 2010 les travaux de requalification.

 

Claudia Devaux est architecte, associée de l'agence Devaux & Devaux Architectes, qui développe une pratique alliant interventions sur le patrimoine existant et projets de constructions neuves, en particulier dans le domaine culturel. Elle a travaillé pendant cinq ans à Berlin sur des projets de restauration du patrimoine moderne, en particulier sur le Bauhaus de Dessau. Le patrimoine du XXème siècle est au cœur des préoccupations de l'agence

 

François Goven est architecte, conservateur général du patrimoine honoraire. Ses responsabilités au sein du ministère de la Culture - conservateur régional en PACA, sous-directeur, puis inspecteur général des monuments historiques - l'ont amené à intervenir à partir de 1998 dans le processus de reconnaissance et de sauvetage de E 1027 - protection, acquisition et restauration. Il a contribué depuis 2014 aux travaux du comité scientifique de Cap Moderne.

 

Arthur Rüegg est architecte et professeur émérite à l'École polytechnique de Zurich. Il est l'auteur de nombreuses publications, parmi lesquelles Le Corbusier. Polychromie architecturale (1997-2016) et Le Corbusier. Mobilier et intérieurs, 1905-1965 (2012).

Il a également été commissaire d'expositions sur l'architecture moderne en Suisse ainsi que sur la construction, la couleur et l'aménagement intérieur des édifices modernes.


Un Cap Moderne



lllustré de documents d’archives et de photographies inédites de François Delebecque et écrit par Christine Desmoulins, ce livre raconte la passionnante aventure humaine et architecturale dont ce site a été le cadre, des années 1920 à l’aube des années 1960. Les nombreux rabats à soulever pour découvrir photographies et textes offrent un parcours de lecture ludique reflétant la diversité des habitats et des jardins, enclos dans ce petit bout de terre paradisiaque agrippé aux rochers.