Les autres œuvres au musée des Beaux-Arts de Nancy

Le musée des Beaux-Arts de Nancy, outre sa superbe collection Daum, est très riche d'autres présentations, comme celles du département des peintures.

Le département des peintures

Claude Monet (1840-1926) 

Coucher de soleil à Etretat - Huile sur toile, 1883


La côte normande fut un des grands foyers de l’impressionnisme et le site rocheux d’Etretat a fourni à Claude Monet le prétexte à de nombreux tableaux réalisés sous des angles de vue différents. Ici, la falaise se découpe à contre-jour, masse sombre entre ciel et mer unis par les mêmes jeux de lumière du soleil couchant. Des touches fragmentées, presque horizontales, rapides et lumineuses, contribuent à rendre la fugitivité de l’instant.

 

Emile Friant (1863-1932 ) Les canotiers de la Meurthe, 1888

Émile Friant naît à Dieuze, alors dans le département de la Meurthe, le 16 avril 1863. Sa famille s'établit à Nancy devant l'invasion prussienne en 1870. Il fréquente brièvement l'école professionnelle de l'Est, avant d'être repéré très tôt par Théodore Devilly, directeur de l'École des Beaux-Arts de Nancy qu'il intègre. 

 

Émile Friant ne quitte Nancy pour Paris que pour exposer à la capitale les sujets lorrains qu'il peint, à la suite de Jules Bastien-Lepage, et les portraits d'une société constituée de proches collectionneurs, comme les frères Coquelin. Une bourse de voyage gagnée en 1886 lui permet de visiter de nombreux pays : la Hollande, l'Italie, Malte et Tunis.



Emile Friant (1863-1932) La Douleur, 1898

 

Émile Friant obtient plusieurs récompenses : le second prix de Rome de peinture en 1883 pour Œdipe maudissant son fils Polynice ; la médaille d'or à l'Exposition universelle de 1889 à Paris pour La Toussaint (voir le tableau ci-dessous) lui vaut la Légion d'honneur remise en décembre. Le cursus honorum des Beaux-Arts lui permet de devenir professeur de dessin à l'École des beaux-arts de Paris en 1906.

Devant une autre toile d'Emile Friant " La Toussaint " (1886- 1888). Ce tableau fut récompensé par une médaille d'or à l'Exposition Universelle de Paris en 1889 et valut la Légion d'Honneur à son auteur.


La composition du tableau " La Toussaint " d'Emile Friant est en 2 parties avec un groupe très dynamique à droite, face à la solitude du mendiant à gauche. On est proche du cinéma avec l'apparition d'un mouvement qui est accentué par la position du pied en déséquilibre de la fillette.

Un bouquet coloré impressionniste se détache au milieu des immenses zones noires.

Un cadrage très moderne avec ce personnage sortant du cadre pour pénétrer dans le tableau, ce qui donne une dynamique supplémentaire.

Mad Meg (née en 1976)

Feast of Fools, 2008-2010 - Plume Sergent Major et encre de Chine sur papier.


L'œuvre présente une réinterprétation de la Cène de Léonard de Vinci dans laquelle les apôtres sont remplacés par des hommes à têtes d'insectes personnifiant le pouvoir masculin dominant. Le titre de l'œuvre est repris d'une photographie de Joel-Peter Witkin, que l'artiste reproduit au centre de son dessin et qui donne un sens macabre et cruel à la scène à l'opposé de celle de Léonard. L'artiste, profondément engagée, propose dans son œuvre une critique grinçante des valeurs dominantes qui régissent le monde occidental.


Feast of Fools appartient à la série des Patriarches, débutée en 2004 et qui comporte 20 pièces à ce jour. Ce sont des personnages à tête d'insectes. Ils sont, comme le dit l'artiste « des insectes qui essaient de se faire passer pour des hommes ». Ils n'ont pas de nom et ne sont pas ce qu'ils font. Leurs attributs les caractérisent et symbolisent le pouvoir de l'argent, de la religion ou de la politique. C'est une vision de l'omnipotence d'un capitalisme déshumanisé et cannibale.




Amedeo Modigliani (1884-1920) Femme blonde, portrait de Germaine Survage - Huile sur toile, 1918

Germaine Survage est la femme de Léopold Survage, peintre, graveur et ami de Modigliani. Il réalise ce portrait à Nice au cours de l’été 1918, moins de deux ans avant sa mort.



František Kupka (1871-1957) L'eau ou la baigneuse, 1906-1909

Passionné de philosophie, de littérature et de spiritisme, le peintre d’origine tchèque František Kupka (1871-1957) s’installe à Paris en 1896. Il y mène une intense activité d’illustrateur avant de reprendre ses recherches picturales qui le mèneront de l’impressionnisme au cubisme, jusqu’à l’abstraction. 


Autour de 1906, alors qu’il emménage dans un nouvel atelier à Puteaux, les baigneuses lui fournissent le thème de plusieurs peintures et études. C’est l’année de la mort de Paul Cézanne qui, dans ses dernières œuvres, représenta des groupes de nus en pleine nature et contribua à nourrir l’inspiration arcadienne qui imprègne les débuts du fauvisme et du cubisme.


Le motif de la baigneuse : un prétexte ?


Si le genre n’est ni nouveau ni rare à l’époque, Kupka en livre ici une vision toute personnelle. En témoigne le titre qui éclipse la figure féminine au profit de l’élément liquide dans lequel elle est presque entièrement immergée ; ce seul fait est d’ailleurs en soi remarquable, puisque les baigneuses « peintes » évoluent traditionnellement sur la terre ferme. Kupka a d’ailleurs éliminé une seconde figure, représentée debout sur le bord dans les études préparatoires, pour centrer sa composition sur la nageuse et plus encore sur les ondes en cercles concentriques marquant la surface de l’eau autour et à partir de son corps.


Prélude à l’abstraction


Le peintre saisit ainsi les mouvements propres à l’eau, imprime à l’espace une dynamique d’expansion à la fois lente et puissante. Il produit un effet de rimes plastiques par la répétition du cercle, une forme à laquelle il a ensuite consacré certaines de ses compositions abstraites. La gamme chromatique obéit à cette même logique duelle : dominée par les verts et les jaunes, elle évoque la végétation ainsi que les jeux de la lumière sur et à travers l’eau, tout en participant à l’élaboration de rimes plastiques au sein d’une surface à la fois plane et profonde, unifiée et morcelée.



Henri Lebasque (1865-1937) Femme lisant, 1920

Joseph Henri Baptiste Lebasque dit Henri Lebasque, est issu d'une famille modeste, fils d'un père tonnelier, il commence ses études à l'école régionale des Beaux-Arts d'Angers avant de s'installer à Paris où il s'inscrit à l'Académie Colarossi en 1886. Il collabore avec Ferdinand Humbert aux fresques du Panthéon à Paris pendant six ans à partir de 1888. Il expose au salon de la Société des artistes français, au Salon des indépendants, et se lie avec Maximilien Luce et Paul Signac. Il expose au salon de la Société nationale des Beaux-Arts. Il rencontre des impressionnistes, notamment en 1894 Camille Pissarro à qui il rend visite jusqu'à sa mort en 1903, et qui aura une grande influence sur lui, et Auguste Renoir. Il voyage à Londres où il découvre les œuvres de Turner. Henri Lebasque est un des fondateurs du Salon d'automne.



Pablo Picasso (1881-1973) Homme et femme, 1971

Ce tableau de Pablo Picasso s’inscrit dans une série d’œuvres mettant en scène des couples. L’artiste explore un thème qui lui est cher et qui se retrouve dans toute son œuvre. Cependant, ici, il privilégie la complicité plutôt que l’érotisme.


Picasso s’est représenté à droite, les yeux grands ouverts. Derrière lui, se tient sa dernière femme : Jacqueline Roque. Elle place ses deux mains sous les épaules de son époux, comme pour le soutenir. L’homme et la femme ne semblent faire qu’un : leurs visages appartiennent au même corps, les yeux se trouvent sur la même ligne, et les cheveux de Jacqueline se mêlent à la barbe du peintre. Les visages ne se regardent pas : ils sont l’un contre l’autre, sous le même chapeau.


Pablo Picasso a 90 ans quand il réalise cette œuvre. Arrivé au terme de sa vie, il peint avec empressement et nervosité, dans une pâte à la fois lisse et rugueuse. Il semble laisser ressurgir ses interrogations sur le destin et la mort.



La vie heureuse (1902) huile sur toile de Victor Prouvé, dans un cadre de Roger Vallin. Panneau décoratif provenant de l'hôtel Chevalier avenue de Messine à Paris.



La joie de vivre (1904) huile sur toile de Victor Prouvé, dans un cadre de Roger Vallin. Panneau décoratif provenant de l'hôtel Chevalier avenue de Messine à Paris.

Victor Prouvé, artiste resté modeste et qui s’employa à la démocratisation de l’art, dont la notoriété – le contraire est plus courant - a été éclipsée par celle de son fils. On connaît davantage Jean (voir ci-dessous), l’architecte et designer, mort à Nancy en 1984, que Victor, peintre, sculpteur, graveur, un des fondateurs en 1901 de l’Ecole de Nancy, directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de cette ville. Il est décédé en 1943 à Sétif en Algérie.

 

La salle Jean Prouvé




Cité Universitaire Monbois (1930 - 1932) de Jean Prouvé - Photographie reproduite sur le mur : Chambre modèle avec les prototypes, photographie originale présentée au concours, 1930


Le programme du concours


En 1930, les Ateliers Jean Prouvé participent à l'appel d'offre pour l'aménagement des chambres de la nouvelle Cité universitaire Monbois à Nancy, réalisée par l'architecte Jean Bourgon. Le programme prévoit la fourniture d'un lit avec chevet, un bureau avec une chaise, une étagère et un fauteuil, pour une chambre de 9 m2. Les pièces doivent être peu onéreuses, résistantes et d'un nettoyage facile.


C'est l'occasion pour Jean Prouvé de réaliser sa première grande commande de mobilier collectif, produit pour une soixantaine de chambres. Inauguré le 6 novembre 1932, son succès confirme l'orientation des ateliers dans la production mobilière en série.



Les Ateliers Jean Prouvé


Depuis 1924, l'atelier « J. Prouvé, ferronnerie d'art, serrurerie » est établi aux 33-35 rue du Général Custine à Nancy, dans un local limité à 250 m2 répartis sur deux niveaux. C'est probablement dans cet atelier que sont réalisés les prototypes présentés lors du concours pour l'ameublement de la Cité universitaire.


Rapidement, le nombre et la nature des commandes nécessitent de trouver des espaces plus grands et excentrés de la ville. En 1931 sont ouverts les « Ateliers Jean Prouvé » au 50 rue des Jardiniers, dans un quartier industriel.


C'est ici que sont produits en 1932 les meubles destinés à la Cité universitaire, comptant au total 55 chaises, 60 étagères, 60 tables, 54 lits et une série de fauteuils. Grâce à de vastes locaux de plus de 1 600 m2, Jean Prouvé peut mettre en pratique sa devise consistant à « construire un meuble comme une maison », avec le renfort de nouveaux ouvriers et apprentis, qu'il nomme indistinctement ses « compagnons », ainsi que celui d'équipements plus modernes.




Et bien d'autres créations


Yayoi Kusama - Matsumoto (Japon), 1929. Pièce avec une infinité de miroirs et de lucioles sur l'eau, 2000 (Miroirs, ampoules et eau). Dépôt du Centre national des arts plastiques, 2001


 

Avec Yayoi Kusama, le pois, comme celui qui orne les cravates, les robes ou les papiers peints, se démultiplie, prolifère, étend un réseau à l'infini et finit par recouvrir toute la surface de l'univers. Depuis toujours, elle aime s'identifier à Alice. Des univers impossibles, entraperçus parmi les reflets, le vertige de tomber indéfiniment et de ne plus savoir où l'on est ... Pourquoi ne pas jeter un regard de l'autre côté du miroir ?



Raymond Duchamp-Villon (Pierre-Maurice-Raymond Duchamp, dit) Damville, 1876 - Cannes, 1918

Le Cheval Majeur, 1914 - Acier inoxydable brossé.


Ce « cheval-machine » est l'unique version réalisée en acier conformément au désir de Duchamp-Villon. Le plâtre original, aujourd'hui conservé au Musée des Beaux-Arts de Grenoble, a permis l'exécution de plusieurs répliques posthumes en divers matériaux, dont celle-ci, agrandissement commandé en 1966 par son frère, Marcel Duchamp. Cet hybride mécanique monumental symbolise la force de l'avant-garde et sa foi dans un monde neuf réinventé par la machine.


Raymond Duchamp-Villon écrit : « La puissance de la machine s’impose et nous ne concevons plus guère les vivants sans elle ». Avec son anatomie stylisée, comme en pleine métamorphose, Le Cheval majeur traduit la fusion de la force vitale et de la force mécanique : la puissance nerveuse d’un cheval au galop et un train en marche. S’inspirant de la volonté cubiste de multiplier les points de vue sur un même objet, l’artiste puise aussi chez les futuristes la passion pour la vitesse, le dynamisme des formes et le progrès.




Retour au déplacement à Nancy