Des reflets dans les vitres des meubles armoires du bureau de Paul Cavrois posent question sur la nature de ces « glaces ». S'agissait-il de vitres transparentes ou de miroirs ?
Un cliché pris par Véra Cardot et Pierre Joly en 1976 montre nettement ce reflet où l’on distingue les cardes accrochés au mur, alors qu’une photographie prise dans le même angle en 2015 au moment de l’inauguration ne « reflète » rien. A remarquer que le dessus du bureau qui est protégé par une plaque de verre, et non d’un miroir, renvoie l’image de la bibliothèque.
Les photographies plus anciennes, effectuées au moment de la livraison de la Villa Cavrois en 1932, par Albin Salaün, montre également un reflet !
Suite à la restauration faite par les Ateliers de La Chapelle, comme a pu le confirmer Romain Gilbert, ce sont des vitres transparentes qui ont été apposées. Cela est d’ailleurs à l’origine d’une décoloration de certaines parties exposées à la lumière, notamment des tranches des tablettes.
Nous savons qu’à l’origine dans cette pièce, située au sud, les grandes baies vitrées pouvaient être occultées par des rideaux ou des persiennes, qui protégeaient du soleil en plus des voilages.
Toutefois d’autres clichés montrent que selon l’angle d’inclinaison on distingue des reflets dans ces vitres transparentes, comme ci-dessus avec des vues du parc et de personnages.
Les dessins de Pierre Barbe, qui a modifié cette pièce après le décès de Robert Mallet-Stevens, n’apportent malheureusement aucune précision sur la nature des verres.
Selon l’angle de prise de vue la transparence des vitres devient plus ou moins évidente, comme pour toute surface polie et brillante qui génère ce phénomène de réflexion (cf. les écrans de nos ordinateurs par exemple). Que conclure ?
A défaut d’avoir des preuves directes, suite à la destruction volontaire par l’architecte de ses archives, ni de témoignage, on peut essayer de découvrir l’intention de Robert Mallet-Stevens.
A moins d’une raison esthétique, pourquoi des ouvertures de cette dimension, la justification étant justement de ne rien dévoiler du contenu ?
Dans ce cas des miroirs prennent toute leur signification, d’autant que nous avons de très nombreux autres exemples de jeux de miroirs dans la Villa Cavrois (la chambre parentale, les chambres des jeunes hommes, les salles à manger des parents et des enfants, le boudoir, etc) et dans ce bureau même au-dessus de la cheminée.
On sait également qu’avant sa carrière d’architecte, Robert Mallet-Stevens a été décorateur de cinéma, un argument supplémentaire pour essayer de « percer sa vision » … et pourquoi pas celle d’un monde de l’illusion pourtant bien réel !
Un cliché pris à la libération, probablement en 1945 l'année du décès de Robert Mallet-Stevens, nous apporterait-il la lumière !
Cette photo du bureau de Paul Cavrois, réalisée après le saccage par les militaires, permet de découvrir l’intérieur des armoires bibliothèques et notamment la face arrière des portes.
Avril - Mai 2022 - D’après des « réflexions » d’Anita Leurent, Guy Selosse et Jacques Desbarbieux © Amis de la Villa Cavrois.