Un livre, un titre :
Adolf Loos par August Sarnitz (Taschen éditeur)
Nos adhérents qui ont pu faire en 2018 le voyage que nous avions organisé en Autriche et en République tchèque ont pu rencontrer l’œuvre d’Adolf Loos à Vienne et à Prague.
Cet architecte né à Brno (actuellement République tchèque) mais à l’époque de sa naissance en 1870 en Autriche-Hongrie, eut une influence considérable sur le mouvement moderne en architecture.
S’il se situe clairement dans la suite d’Otto Wagner qui en 1895 lance véritablement le mouvement moderne, il marquera nettement sa différence à partir du début du XXe siècle avec les architectes de la Sécession Viennoise comme Joseph Hoffmann et fut un défenseur précoce et passionné du modernisme. Dans sa chasse à l’ornementation extérieure (son livre célèbre fut intitulé l’ornement est un crime) il valorise les surfaces lisses qui elles ne se démodent pas avec le temps contrairement à l’ornementation. C’est ce concept qui va finir par l’emporter à la fin des années 1920 et va tant illustré le style moderne international à travers les œuvres de Mies van der Rohe, Le Corbusier et Mallet-Stevens.
Adolphe Loos, outre les surfaces lisses, fut le promoteur d’une architecture intérieure d’une extraordinaire variété. Il fut le promoteur d’une utilisation en trois dimensions des espaces intérieurs, le Raumplan, en fonction de l’utilité des différentes pièces. Une chambre à coucher n’a pas dans ce cas la même hauteur sous le plafond que le salon. Il fut un formidable décorateur. Ses constructions très sobres à l’extérieur, furent pourvues à l’intérieur de matériaux souvent somptueux de haute qualité offrant des lignes nettes.
Les visiteurs de 2018 de notre association ont pu ainsi voir à Vienne plusieurs chefs-d’œuvre de Adolphe Loos, comme le Café Muséum, l’immeuble commercial Goldman et Salatsch révolutionnaire construit en 1909 sur la Michaeler Platz qui fit scandale dans la ville baroque de Vienne par sa sobriété, voir son austérité extérieure contrastant avec la grande richesse intérieure.
Ils ont pu voir également dans la même ville les maisons construites à l’initiative de la municipalité par Adolphe Loos pour les cités ouvrières de Vienne après la première guerre mondiale et qui furent tout à fait fidèles aux principes évoqués ci-dessus.
Le Café Muséum de Vienne
La Looshaus à Vienne, la maison de couture Goldman & Salatch
Ils ont pu visiter également à Prague un autre chef-d’œuvre de cet architecte précurseur : la Villa Müller construite en 1930, contemporaine de la Villa Cavrois et de la Villa Tuggendhat à Brno, et de la Villa Savoye de Le Corbusier à Poissy.
La Villa Müller à Prague
La Villa Müller est le grand chef-d’œuvre d’Adolphe Loos : mobilisation de matériaux sélectionnés d’une grande beauté pour l’intérieur, utilisation du Raumplan avec des escaliers intérieurs et une terrasse supérieure très vaste contrastante avec les surfaces lisses extérieures du bâtiment.
Adolphe Loos mourut en 1933 après avoir ainsi considérablement influencé le style moderne. Ce fut un génial précurseur. Les visiteurs de la Villa Cavrois ne peuvent qu’être frappés par la proximité entre ses œuvres et celles de Robert Mallet-Stevens. Il vécut à Paris entre 1925 et 1929. Peut-être rencontra-t-il Mallet-Stevens qui sans aucun doute avait dû voir la maison qu’il construisit pour l’écrivain dadaïste Tristan Sarah à Paris dans le 18e arrondissement.
Villa Tristan Tzara d'Adolf Loos à Paris
Richard Austerlitz