Les femmes qui ont compté pour Rob

 

Merci à Anita Leurent pour ses notes  

Clichés de Jacques Desbarbieux et Jacques Ferla

© Amis de la Villa Cavrois


Jean-Pierre May (à gauche) est à l'initiative de cette soirée qui avait du être maintes fois reportée en raison de la pandémie.


Jean-Pierre May avec Maurice Culot


La soirée débute dans le hall-salon avec malheureusement une jauge réduite.



Maurice Culot avec Marie-Andrée Mourmant, la secrétaire de l'association des Amis de la Villa Cavrois



Paul-Hervé Parsy, président de l'Association des Amis de la Villa Cavrois, présente Maurice Culot et sa fille France de Griessen.

3 femmes ont marqué Robert Mallet Stevens

Mathilde, Suzanne et Georgette


Mais d'abord sa famille.

Robert Mallet Stevens a épousé 2 femmes : Alice Khan et Andrée Rose Léon.

Andrée était une femme rayonnante, qui aimait la broderie, appréciée de Kees Van Dongen à qui RMS confiera la réalisation de dessins de tissus.

Quelques mots sur les familles de RMS.

Les Stevens, une famille belge.

Le Grand père Arthur Stevens né en 1825, est marchand d'art, il navigue entre Bruxelles et Paris.

Fait découvrir Corot, l'école de Barbizon, Courbet . Il est le mécène de Millet.

Il enrichit les collections du roi Léopold.

En 1856, il épouse Mathilde Kindt (dont le père est sénateur bruxellois). Ils ont 2 filles : Jeanne et Juliette (la maman de RMS) qui épouse Maurice Mallet.

Notes complémentaires tirées de Camille Delaville, " Courrier de Paris / in Les Matinées Espagnoles ", juin 1883, p. 697.

"...L'épisode sanglant de la Commune n'a pas éclipsé le prestige de cette grande femme à la fois grasse et mince, mais dont la carnation rappelle un peu les figures de Rubens dans ses toiles modérées ; elle a les yeux bruns, les cheveux artificiellement dorés en faune, la bouche rieuse […] et de l'esprit à revendre ; c'est une personne littéralement étourdissante ; aussi est elle entourée avec enthousiasme, partout où elle va ".

1863 : Divorce.

A 2 frères : 

Joseph, un peintre animalier de chiens. Charles Baudelaire lui dédie " Les Bons Chiens ".

Alfred, peint la parisienne habillée en japonaise.(influence du Japon au milieu XIXème).

Mathilde et Arthur " Un des plus beaux couples de Paris " d'après Bonnard.



La généalogie de Robert Mallet-Stevens


Mathilde Kindt, la grand mère de Robert Mallet-Stevens, habillée en pantalon.


Quelques ouvrages de Mathilde Kindt publiés sous les pseudonymes de Mathilde Stev ou Jeanne Thilda.


Mathilde Kindt Stevens 

Elle tient un des salons les plus courus de Paris.

S'y réunissent Baudelaire, un ami du couple et dont Alfred Stevens favorisera la venue à Bruxelles, Flaubert, Gautier, Renan, Tourgueniev, Verlaine, Offenbach, Rimski-Korsakov, Dumas...

En 1858 (à 28 ans) écrit " Le roman du presbytère "  en feuilleton dans un quotidien bruxellois sous le pseudo : Mathilde Hamelinck

1859 : Impressions d'une femme au Salon, critique d'art sous le nom de Jeanne Thilda puis Mathilde Stevens

Critique à l'encontre du jury

Chaque semaine écrit dans le journal Gil Blas 

Féministe, comme George Sand, s'habille en pantalon, gilet et montre gousset. A l'époque, suite à l'ordonnance du 7 novembre 1800, une femme habillée ainsi peut être arrêtée par la police (ordonnance supprimée en 2013 !)

1883 : Décrite comme une grande femme et mince, à la Rubens, ayant de l'esprit, étourdissante " La géante "

Elle est le modèle de Mme Forestier dans " Bel-Ami " de Maupassant.

1886 : Décès à 53 ans. Sa tombe, commune avec plusieurs membres de la famille, dont RMS, porte le nom de Jeanne Thilda.

France de Griessen déclame un sonnet de Charles Baudelaire " La géante " extrait des Fleurs du Mal (1857)

Du temps que la Nature en sa verve puissante

Concevait chaque jour des enfants monstrueux,

J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,

Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.

 

J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme

Et grandir librement dans ses terribles jeux ;

Deviner si son cœur couve une sombre flamme

Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux ;

 

Parcourir à loisir ses magnifiques formes ;

Ramper sur le versant de ses genoux énormes,

Et parfois en été, quand les soleils malsains,

 

Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,

Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,

Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.


Sa fille Juliette (la maman de RMS), ne parlait jamais de sa mère qui considérait qu'elle avait une conduite légère et n'aimait pas non plus la fréquentation des artistes.

RMS influencé par le journalisme et par la poésie.

A écrit un texte dans la revue Schéhérazade en 1909, texte sur spleen déclenché par un pastel de Whistler.

Rob Mallet-Stevens " Whistler- Borodine- Rodenbach "

N°2 : 25 décembre 1909 - Directeurs : François Bernouard ; Jean Cocteau & André Paysan. Gérant : Louis de Sainte-Bénigne. Paris, 33, rue de Richelieu, A. Bascle, imprimeur, 247, rue Saint-Jacques. 36 p.

Vie évoquée par Claude Arthaud (épouse de François Hébert-Stevens, neveu de l'architecte et designer Robert Mallet-Stevens).

Juliette éprouverait peu d'affection pour son fils RMS.


Suzanne Stevens Stoclet

C'est la tante de RMS avec une différence d'âge de 18 ans. C'est la fille du 2ème mariage d'Arthur Stevens en 1871 avec Elisa Collart.



La conférence chantée déambulation se poursuit dans la salle à manger de parents.





Suzanne Stevens a rencontré Adolphe Stoclet (ingénieur et riche héritier, banque,  des chemins de fer ...) lors d'un bal en 1897. 

Ils vivent à Milan, puis  à Vienne où ils rencontrent J Hoffman élève d'Otto Wagner, Oskar Kokoschka, Gustav Klimt...

1903 : Plans pour une maison à Vienne par J Hoffman qui se fera finalement à Bruxelles avec construction du Palais Stoclet de 1905 à 1911.

Salle de musique avec concerts Jazz et Folk. 

Ce palais inspira Paul Poiret et ses créations pour Ateliers Martine.

RMS déjeune souvent là bas au milieu de meubles rares et orientaux, d'œuvres d'art (3 000 estampes japonaises).

Des personnalité sont invitées.

RMS sera nourri et inspiré par ce palais de la sécession viennoise tout en raffinement et élégance.

1922 : RMS publie une " Cité Moderne ". Il critiquera l'œuvre de Victor Horta en 1912, qu'il qualifiera " d'œuvre macaronique, même prétentieuse ".







Le beau couple Suzanne Stevens et Adolphe Stoclet.




Le Palais Stoclet à Bruxelles.


Les peintures de Klimt qui décorent le palais Stoclet, une ambiance qui a imprégné le jeune Robert Mallet-Stevens.





Hommage à la robe du couturier Paul Poiret, pour lequel RMS construira une villa.


France de Griessen interprète

un poème d'Odilon-Jean Périer 

(poète belge 1901-1928)

 

Je t'offre un verre d'eau glacée

N’y touche pas distraitement 

Il est le prix d’une pensée 

Sans ornement

Tous les plaisirs de l’amitié 

Combien cette eau me désaltère 

Je t’en propose une moitié 

La plus légère 

 

Regarde je suis pur et vide 

Comme le verre où tu as bu 

Il ne fait pas d’être limpide 

Une vertu 

 

Plus d’eau mais la lumière sage 

Donne à mon présent tout son prix 

Tel, un poète où Dieu s’engage 

Et reste pris








La déambulation se poursuit au dernier étage dans la salle de jeux des enfants, pour évoquer une troisième femme : Georgette Leblanc.

Georgette Leblanc



La sœur de Maurice Leblanc (le créateur d'Arsène Lupin), née à Rouen, fugue à 16 ans à Paris.

Elle se lance dans le théâtre, admiratrice de Sarah Bernardt.

A 22 ans un mariage " blanc ".

1895 : Rencontre le poète Maurice Maeterlynck et devient son égérie jusqu'en 1918.

Puis cantatrice, écrivain, comédienne.

1920 : Part aux Usa et rencontre bientôt le grand amour de sa vie, journaliste, féministe, lesbienne et éditrice, avec Jane Heap (1883-1964), de The Little Review (1914-1929).

1921 : Désargentées, elles vivent dans conditions misérables et connaissent la faim.

Lors d'un concert à New York, rencontre Otto Hermann Khan, riche amateur et défenseur des arts (cinéma...)

Lui aurait achèté un château en Normandie.

Participe en 1923 au tournage du film de Marcel Lherbier " L'Inhumaine ".

Récitera des poèmes d'Emile Verhaeren.

Meurt au Cannet en 1941, enterrée avec sa compagne.






France de Griessen chante Non Ho L'eta

Gigliola Cinquetti


Non ho l'età, non ho l'età

Per amarti, non ho l'età

Per uscire sola con te

E non avrei

Non avrei nulla da dirti

Perché tu sai

Molte più cose di me

Lascia che io viva

Un amore romantico

Nell'attesa

Che venga quel giorno

Ma ora no

Non ho l'età, non ho l'età

Per amarti, non ho l'età

Per uscire sola con te

Se tu vorrai

Se tu vorrai

Aspettarmi

Quel giorno avrai

Tutto il mio amore per te

Lascia che io viva

Un amore romantico

Nell'attesa

Che venga quel giorno

Ma ora no

Non ho l'età, non ho l'età

Per amarti, non ho l'età

Per uscire sola con te

Se tu vorrai

Se tu vorrai

Aspettarmi

Quel giorno avrai

Tutto il mio amore

Per te




France de Griessen interprète Je t'apporte ce soir, 
un poème d'Emile Verhaeren (1855 - 1916)

Je t'apporte, ce soir, comme offrande, ma joie 

D'avoir plongé mon corps dans l'or et dans la soie 

Du vent joyeux et franc et du soleil superbe ; 

Mes pieds sont clairs d'avoir marché parmi les herbes, 

Mes mains douces d'avoir touché le cœur des fleurs, 

Mes yeux brillants d'avoir soudain senti les pleurs 

Naître, sourdre et monter, autour de mes prunelles,

Devant la terre en fête et sa force éternelle.

 

L'espace entre ses bras de bougeante clarté,

Ivre et fervent et sanglotant, m'a emporté, 

Et j'ai passé je ne sais où, très loin, là-bas,

Avec des cris captifs que délivraient mes pas.

Je t'apporte la vie et la beauté des plaines ; 

Respire-les sur moi à franche et bonne haleine, 

Les origans ont caressé mes doigts, et l'air 

Et sa lumière et ses parfums sont dans ma chair.





Intervention à la guitare de France de Griessen.






Jean-Pierre May puis Paul-Hervé Parsy remercient les intervenants.